La mortalité néonatale est en hausse : le Sénat et Marion Canalès se penchent sur la question

Depuis quelques années, la mortalité néonatale progresse en France. Une mission d'information, avec pour Vice-présidente la sénatrice du Puy-de-Dôme Marion Canalès, a été lancée par le Sénat pour tenter de résoudre le problème.

Le 9 octobre 2023, la Société française de néonatalogie (SFN) publiait un rapport inquiétant : en dix ans, la France est passée de la troisième à la vingtième position en Europe en termes de mortalité néonatale.

Quelques mois plus tard, le 6 mars 2024, une mission d’information nommée « l’avenir de la santé périnatale et son organisation territoriale » est créée au Sénat, à l’initiative du groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Et c’est la sénatrice du Puy-de-Dôme Marion Canalès qui a été élue Vice-présidente. « C’est un enjeu qui est à la croisée de plusieurs chemins », affirme Marion Canalès. Le premier ? « Celui des déserts médicaux. »

De plus en plus d’accouchements par des pompiers

Ce n’est pas nouveau, ni un secret, mais la situation de l’Hôpital public français se dégrade sur tout le territoire. Les articles faisant état de fermeture de services d’urgence la nuit, ou celles, définitives, de maternités, se sont multipliés ces derniers mois. Sans surprise, d’autres papiers commencent à foisonner. Eux pour relater le parcours de mamans obligées d’accoucher dans leur voiture ou chez elle. « La sénatrice du Calvados Corinne Féret m’a dit que depuis le début de l’année, les pompiers ont réalisé 14 ou 15 accouchements, rapporte Marion Canalès. Ce n’est pas leur métier. »

La raison de ces accouchements inopinés n’est, elle non plus, pas un mystère. Moins il y a de maternités, plus le trajet est long. Et plus il est fréquent de ne pas réussir à s’y rendre avant le moment fatidique. « Elles sont de plus en plus éloignées des lieux de vie, abonde Marion Canalès avant de continuer. Mais quand il y a des fermetures, c’est parce que les conditions pour que les soins prodigués soient de bonne qualité ne sont pas réunies. » De quoi expliquer les raisons de cette hausse de la mortalité néonatale ? Dans son rapport, la SNF pointe également du doigt le manque de personnel suffisamment qualifié, mais aussi de lits en réanimation néonatale. Surtout, l’organisation fait état d’une grande disparité selon les territoires. Le sud-est de la France est bien moins pourvu dans ce domaine que le reste du territoire.

Un accès aux services de base

Le voilà donc l’enjeu : garantir un accès à des services de base dans tous les territoires français. Et c’est à cette problématique que va s’atteler la mission d’information. Elle tentera de comprendre, via des auditions notamment, les tenants et les aboutissants de cette situation. « Il y a par exemple une question à laquelle je voudrais répondre. Si cette augmentation de la mortalité infantile n’est pas liée aux progrès de la médecine. Cela permet la naissance de plus en plus de très grand prématurés », lance Marion Canalès.

En juillet, un rapport « consultable par tout le monde » sera rendu. Il pourra ensuite servir de base à une proposition de loi. « Ça a d’autant plus de force quand c’est une transpartisane », explique la sénatrice. Ce qui est le cas pour cette mission d’information.

Des initiatives et des innovations

Seront également mises en lumière « les initiatives et les innovations » pour améliorer la situation. La sénatrice prend pour exemple Opti’soins. « C’est un camion qui intervient dans les zones rurales de l’ex-Auvergne pour ne pas avoir à faire une heure et demie de route pour un rendez-vous. » Le dispositif s’adresse aux femmes enceintes, évidemment, mais pas que. « Il y a aussi un soutien psychologique par exemple, parce que ça peut être angoissant d’avoir un enfant », détaille Marion Canalès.

La sénatrice du Puy-de-Dôme aimerait également profiter de l’occasion pour sensibiliser sur un autre sujet que la mortalité néonatale, plus large. La santé des femmes en général, et notamment au travail. « Il y a de moins en moins d’accidents du travail chez les hommes, et de plus en plus chez les femmes. C’est parce que l’encadrement n’est pas toujours assez bon dans les métiers plutôt exercés par les femmes », regrette-elle.

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