Ils sont trois à monter ce projet. Laura, responsable de la Goguette, restaurant et tiers-lieu. Arthur, fondateur de Cyclôme, un service de livraison à vélo. Et Frédéric, chef du restaurant Les Grandes Tables. « Raboule » signifie « ramène » mais vient aussi du terme « raboula », patois occitan qui veut dire « repas communautaire ». Son but : démocratiser l’utilisation de la consigne pour les plats à emporter plutôt que de créer des déchets.
L’origine du projet
L’idée du projet est arrivée durant le second confinement. « La vente à emporter a explosé. A la Goguette, on a demandé aux gens de venir avec leur tupperware et ça a super bien marché ! » raconte Laura. « Puis j’ai appelé Arthur pour les livraisons et Fred a apporté son expérience dans l’alimentation. »
Les trois fondateurs répondent aussi à plusieurs besoins, dont celui législatif. « En 2023, les restaurants n’auront plus le droit d’utiliser des emballages jetables. Notre service serait donc une solution. » explique Arthur. « On a voulu inclure les restaurateurs dans la gouvernance de l’association pour créer des consignes à leur image et faire un service au prix juste. Une trentaine de restaurateurs ont choisi trois modèles de récipients différents. »
Rendre l’utilisation de la consigne facile
L’objectif est de supprimer le côté « contrainte » de la consigne. « Le ‘mangeur’ paye son plat. S’il a un un compte Raboule crédité, il peut demander une consigne. Il permet alors une autorisation bancaire. Il ne sera débité que s’il ne rend pas la consigne. Ça évite de lui rajouter des frais à son plat et ça rassure le restaurateur. » explique Arthur. « Notre application met à jour le nombre de consignes en possession du restaurateur et du consommateur. Ce dernier peut ramener sa consigne propre pour reconsommer, ou sale,et cela à n’importe quel restaurateur du réseau. On peut aussi donner son contenant sale au livreur à notre prochaine commande. »
Pour la gestion des stocks de contenants sales et propres, c’est Cyclôme qui s’en charge. « Le livreur va ramener les contenants propres aux restaurateurs et les contenants sales chez le partenaire extérieur qui s’occupera du lavage. »
Les dimensions économiques, écologiques et sociales
La vente à emporter représente 180 millions de tonnes de déchets chaque année en France. « Un contenant peut être lavé 2 500 fois. Un emballage jetable pèse 30 grammes. Avec environ 3 500 consignes pour 2021, on économiserait 4,8 tonnes de déchets en six mois ! » expose Laura.
Au niveau économique, c’est aussi avantageux pour les restaurateurs. « Ils en ont marre d’acheter des palettes entières de futurs déchets. » débute Arthur. « Et le fait d’avoir un service à prix fixe, ça leur revient moins cher que de stocker des emballages. »
Le fait d’impliquer les restaurateurs dans le projet les a rapprochés. « Avant, ils étaient en concurrence. Là ils réalisent qu’ils ont les même problématiques, qu’ils peuvent être une force sociale et politique pour trouver ensemble une solution. » L’association compte aussi permettre l’utilisation de l’e-doume pour ‘acheter’ les consignes et ainsi développer le réseau.
Si le projet vous intéresse, les trois fondateurs recherchent urgemment des bénévoles, éventuellement futurs salariés pour continuer à développer ce projet, « qui se trouve à un carrefour d’enjeux territoriaux, écologiques et économiques » conclut Arthur.