Prostitution : Où en est-on en France ?

Alors que le débat fait constamment rage entre les associations féministes abolitionnistes et les défenseur.e.s des Travailleuses Du Sexe, nous avons décidé de faire un point sur la situation en France.

Le 27 juillet dernier, la Cour Européenne des Droites de l’Homme rejette une requête de 261Travailleuses Du Sexe (261). Elles contestent la loi prostitution de 2016 en France, pénalisant les clients.

La fédération Parapluie Rouge, regroupant les associations de défense des TDS, exprime alors son désir de poursuivre pour obtenir gain de cause devant la Grande Chambre.

Pour les Parapluies Rouges, « la pénalisation expose à plus de clandestinité, plus de violences. » Selon la structure, une enquête de 2017 prouve qu’on retrouve 8 fois plus de prévalence de VIH dans les pays criminalisant le travail sexuel, en Europe.

Loi d’avril 2016

En effet, la loi de 2016 votée en France n’interdit pas la prostitution, le racolage public n’est plus interdit, les travailleuses du sexe ne sont plus inquiétées.

Cependant, « l’achat de services sexuels » l’est. cela signifie que le client risque une peine de 1500 euros.

De plus, la loi interdit l’exhibition sexuelle et toute forme de proxénétisme.

Cette loi tend à rendre la personne prostituée victime et non plus délinquante comme c’était le cas avant 2016.

Strass, association pour la défense des droits des travailleuses du sexe

Malgré tout, les associations de défense des travailleuses du sexe s’indignent de la loi. Parmi elles, le STRASS (Syndicat du TRAvail Sexuel). Cette association a été créée aux Assises Européennes de la prostitution à Paris, en 2009. Elle tend à lutter pour la reconnaissance de toute forme de travail sexuel, mais contre sa prohibition. La structure désire que soit instaurée la protection sociale et la retraite pour les TDS. Elle lutte contre le travail forcé, la servitude, et l’esclavage ainsi que contre l’exploitation des enfants.

De plus, l’association désire la dépénalisation des clients.

L’association qui se veut syndicaliste tend à mettre en place des droits aux TDS, considérant leur activité comme une profession à part entière, refusant que la prostitution soit vue comme violence sexuelle.

Enfin, Le STRASS lutte contre la réglementation mise en place. En effet, les prostituées sont soumises à des visites médicales régulières et doivent être inscrites sur un fichier sanitaire et sociale. Pour l’association, ce réglementarisme représente « le contrôle de l’Etat ».

La question des violences sexuelles

L’association qui entend défendre le droit des TDS se retrouve confrontée aux associations féministes, notamment celles qui luttent contre les violences sexuelles et sexistes. (VSS).

En effet, l’Observatoire National des Violences faites aux femmes a sorti son rapport et les chiffres de l’année 2023, en mai 2024. Il en ressort que 9 victimes sur 10 de prostitution hors cadre familiales sont mineures. 94 % des TDS sont des femmes.

On estime que 40 mille personnes seraient en situation de prostitution en France en 2023. 85 % seraient des femmes, 53% seraient françaises et parmi ces dernières, 60 % seraient mineures. 74% ont moins de 40 ans.

Toujours selon l’observatoire, 51 % des TDS ont déjà subi des violences physiques, 64 % des violences psychologiques, et 38 % un viol.

Capitalisme du corps

Dans ce cadre, les associations féministes se positionne pour l’abolition de la prostitution, estimant qu’il s’agit d’un lieu de violences sexuelles. Elles dénoncent les logiques du marché capitaliste sur les activités humaines. Osez le Féminisme dans une tribune datant de 2020 cite même Marx, qui disait « la prostitution est une activité qui n’es pas porteuse d’émancipation mais une activité seulement destructrice de l’individu. »

Le STRASS est aussi critiqué pour avoir signé la charte Global Network of Sex Work Project, lobby mondial de la prostitution qui réunit prostituées, intermédiaires et managers.

Débat sociétal

Ainsi, la question de la prostitution reste un débat compliqué sur le plan social, politique et éthique. Pour la CGT, « le sexe est du domaine de l’inaliénabilité, tout ne se vend pas. » Tandis que pour le STRASS, la prostitution doit être reconnue comme profession afin justement d’éviter les violences auxquelles elle doit faire face, en mettant en place un vrai statut pour les Travailleurs Du Sexe.

Image de couverture, libre de droit. (Pixabay.com)

Contactée par mail, l’association STRASS n’a pas répondu à nos sollicitations pour l’écriture de cet article.

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2 réflexions sur “Prostitution : Où en est-on en France ?”

  1. On peut remplacer le mot prostitution par le mot travail et alors on redescendrait un peu de son nuage.
    « la prostitution est une activité qui n’est pas porteuse d’émancipation mais une activité seulement destructrice de l’individu. »
    Version modifiée ;
    « le travail est une activité qui n’est pas porteuse d’émancipation mais une activité seulement destructrice de l’individu. »
    Le corps est bien cet objet mis à la disposition d’autrui pour en tirer un profit, un capital, une plus value.
    la prostitution est « une activité par laquelle le prestataire satisfait à titre onéreux une demande du bénéficiaire, sans produire ou céder des biens matériels et qui constitue une prestation de service rémunérée qui relève de la notion d’activité économique » dit la Cour de Justice de la Communauté Européenne en novembre 2001.
    Beaucoup de salariées femmes travaillent et se font exploiter par leurs employeurs ; dans le commerce, le nettoyage, etc. Elles vendent leur force de travail mais sans pouvoir en fixer le prix elles mêmes. Des salaires smicardisés à vie et des horaires sans aucun répit. Donc merci pour cet article qui fait réfléchir et qui m’amène à plutôt à partager les avis et le point de vue de Parapluie Rouge.

  2. Ainsi donc, lorsque l’homme ou la femme dit  » j’aime « , que cela signifie-t-il la plupart du temps…?

    Que quelque chose en lui fait mine de donner dans le secret espoir et le souverain besoin de recevoir quelque récompenses… , c’est à dire une nourriture à sa
    conception de la vie.

    Voilà…, ce qu’est L’amour émotions : la suggestion d’un
    marchandage….

    Tant le courant directeur des relations humaines soufflera dans cette direction, La prostitution restera chevillé à son âme….

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