Mon Copilote : la plateforme de mobilité par la solidarité

Depuis 2017, la plateforme Mon Copilote existe sur Clermont-Ferrand et d’autres villes de France. L’entreprise milite pour l’inclusion des personnes à mobilité réduite au sein de la société en proposant un service d’accompagnement basé sur la solidarité. Ces dernières postent un trajet qu’elles souhaitent effectuer et un copilote volontaire leur propose de les aider à se rendre où elles veulent, en respectant leurs besoins et difficultés. Crée par Anne Keiser, la plateforme a aussi pour objectif de créer du lien social et de s’intégrer dans une économie sociale et solidaire.

Le projet Mon Copilote commence avec Anne Keisser, une jeune femme dont la sœur en situation de handicap vit au havre. Anne fait donc régulièrement des allers-retours pour aller voir sa sœur ou la ramener sur Paris. Son compagnon lui donne alors l’idée de créer une plateforme comme Blablacar mais pour les personnes en situation de handicap, et permettre ainsi une mobilité plus simple et efficace pour tous. Au départ, l’entreprise, lancée en 2016 sur Paris, se nomme « Handivalise », car elle vise à développer les déplacements longs avec uniquement des personnes ayant un handicap. Son but est donc surtout de permettre à ces personnes de partir en week-end, en vacances, de rejoindre leurs familles ou des amis. Puis « Handivalise » devient « Mon Copilote » en 2018, car le service de la plateforme s’élargit, non seulement aux trajets courts mais à toute personne ayant une mobilité réduite, comme les personnes âgées.

Mon Copilote permet alors de trouver des trajets quotidiens courts, comme pour aller chez le médecin, à d’autres activités ou voir leurs amis/famille dans leur zone géographique proche. Le principe est que le pilote, qui est la personne à mobilité réduite, fait une demande de trajet sur la plateforme et se trouve un copilote pour l’accompagner dans ses trajets, en précisant quels sont ses besoins, ses difficultés. Le pilote rembourse son accompagnateur volontaire pour le trajet effectué par n’importe quel moyen de transport, même à pied. Il y a les copilotes volontaires, qui donnent de leur temps ou prennent des personnes sur leurs propres trajets, mais aussi les copilotes SOS, payés par l’entreprise si aucun accompagnateur volontaire n’est disponible. Les frais de trajet sont donc partagés entre le pilote et l’entreprise.
Si la plateforme détient son siège social à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, le concept se développe dans d’autres zones géographiques de France comme celles du département de l’Essonne, de la ville de Pau, de Sénart mais aussi de Clermont-Ferrand à partir de 2017. Pour se faire connaître, Céline Paour, chargée du développement local de l’entreprise à Clermont-Ferrand, explique leur stratégie de communication : « On travaille beaucoup avec les CCAS (Centre Communal d’Action Sociale), des Ehpads et des associations pour les personnes handicapées. On travaille aussi avec des structures accueillant les personnes en situation de handicap qui ont un emploi et des foyers où ils peuvent loger. On a donc souvent un premier lien avec les éducateurs, qui vont faire les démarches administratives. Comme ça, aucun problème avec la fracture numérique. On a aussi le téléphone pour les gens qui n’ont pas internet et une personne sera chargée de mettre en relation copilote et pilote. Nos clients restent quand même des personnes avec un degré de handicap qui leur permet d’être autonome, qui ne nécessite pas une personne au quotidien pour les aider. On ne pourrait pas offrir ce service à des gens complètement dépendants puisque les copilotes, qui accompagnent nos pilotes en mobilité réduite, sont des personnes lambda, non formées professionnellement au handicap. »

Mais si Mon Copilote sert à aider des personnes isolées et en difficulté pour se déplacer, la plateforme sert aussi à créer du lien social, à les inclure dans la société. Aujourd’hui, dix-huit pour cent de la population a un handicap, soit douze millions de français. L’entreprise déplore le nombre de barrières existantes dans la société qui empêchent l’inclusion de ces personnes. Pour elle, ce n’est pas à elles de s’adapter à la société mais à la société de s’adapter aux personnes en situation de handicap et fragiles.
Pour cela, des formations sont organisées une fois tous les deux mois pour les copilotes. Au travers d’ateliers de trois heures, des copilotes aguerris conseillent et font des exemples pratiques aux futurs nouveaux accompagnateurs. Ce sont des temps d’échange, par groupe de cinq ou six, pour comprendre comment on doit s’occuper au mieux d’une personne à mobilité réduite. A Clermont-Ferrand, ces ateliers se font dans les bureaux de Mon Copilote, au sein du centre de coworking Equinoxe, à Chamalières. Mais avec la crise sanitaire, une formule en visio est en développement. Le guide du copilote, disponible sur leur site, permet aussi de se sensibiliser et de s’éduquer au handicap. Dans ce guide, de nombreux conseils sont donnés pour adapter son comportement à la personne qu’on accompagne tout en respectant sa dignité et ses besoins. Des liens sont disponibles pour en savoir plus ainsi qu’un numéro pour joindre Mon Copilote en cas de problème ou questionnements.
Pour créer encore plus de lien social entre pilote et copilote, établir une confiance et permettre une société inclusive, des moments de rencontre sont organisés autour « de moments particuliers comme des repas de Noël ou des activités culturelles, c’est très varié. » présente Céline. « Les pilotes qui se rendent aux temps conviviaux postent leur trajet sur la plateforme. Pour ces événements le trajet est gratuit et pris en charge par notre structure. Les pilotes et copilotes y viennent donc ensemble.« 
Des assemblées générales et des groupes de travail composés de copilotes permettent aussi à la plateforme de s’améliorer et de se fixer de nouveaux objectifs : « Lors de la dernière Assemblée Générale annuelle un groupe de travail composé d’une dizaine d’accompagnateurs a travaillé sur la mise en place d’un système d’alerte sur la plateforme. Ce système devra permettre d’envoyer des sms lorsqu’un trajet est publié en lien avec les disponibilités du Copilote. » conclu Céline. Les prochains objectifs de l’entreprise sont de créer des formations de sensibilisation au handicap, adaptées à diverses entreprises, qui inciteront à recruter des personnes handicapées. De l’éducation pour plus d’inclusion. Ce serait aussi un service payant pour que Mon Copilote puisse se financer.

Pour que la plateforme continue de fonctionner, en particulier durant cette crise sanitaire, elle cherche en permanence de nouveaux copilotes pour accompagner les personnes ayant besoin d’aide pour se déplacer : « Beaucoup de personnes sont seules d’où l’intérêt de trouver de nouveaux copilotes. On a eu une grosse baisse de trajets quotidiens depuis le début de la crise, même si le taux de trajet demandés/réalisés est bon. On garde le lien avec les pilotes grâce au téléphone pour qu’elles ne se sentent pas trop isolées, pour prendre des nouvelles. » termine Céline, avant de rappeler que MonCopilote participe aussi au forum des personnes handicapées qui cherchent du travail, le forum Handisup. Il se déroule du 27 novembre au 04 décembre, en ligne, et l’entreprise participant à l’économie sociale et solidaire aura donc un stand pour présenter sa plateforme.

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