Luttes, solidarités et liens informels: retours sur les 7 ans de Mediacoop

Le mois de juin 2022 fut l'occasion pour Mediacoop de fêter ses sept années d'existence à travers plusieurs événements. Avec toujours, en tête, l'échange, la lutte et le lien.

À travers ces trois dates, l’objectif était de pouvoir se retrouver et penser ensemble au croisement de nos luttes respectives. On a parlé luttes syndicales, antifascisme, précarités étudiantes, environnement et antiracisme.

Sans aller à parler prétentieusement de « convergence » – la convergence ne se décrète pas, elle se construit, selon Dider Eribon – l’idée était toujours de pouvoir permettre à chacune et chacun de parler de ses combats, et d’écouter les autres en parler. Et, pourquoi pas, de voir ce qu’il était possible de faire ensemble.

Ce fut aussi autant d’occasions pour Mediacoop d’en savoir plus sur lui-même, en tant que média qui a décidé de donner la parole à ceux que nous n’avons pas l’habitude d’entendre.

Des luttes éparses, un contexte difficile et des liens à créer

Nous étions nombreuxSES ce soir-là autour de la table, installée à l’extérieur de la Maison du Peuple. La table ronde du 16 juin voulait permettre un échange sur la notion d’engagement et ses différentes formes en fonction des luttes concernées. Autrement dit, on voulait pour rassembler des luttes différentes (syndicalisme, antiracisme, étudiantes, environnementales…) pour qu’elles partagent leurs réalités, les spécificités de leurs engagements et de leurs moyens de lutte.

Nous avons eu le plaisir d’échanger avec le collectif Nous Aussi 63, qui lutte particulièrement contre les discriminations racistes et islamophobes. Mais aussi le Collectif de Lutte Contre les Extrêmes Droites du Puy-de-Dôme (LCED 63). Les deux regroupent plusieurs associations ou collectifs qui ont décidé de s’organiser pour faire face à la montée des violences racistes et fascistes. Puis, l’UNEF Auvergne nous a parlé de la situation alarmante des étudiantEs en Auvergne et de leurs revendications face à la précarité grandissante dans une institution attaquée de toutes parts par le Gouvernement.

Le collectif Nous Toutes a mis en avant l’absence de moyens investis par l’État pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles intrafamiliales. De son côté, Action Non Violente 63 nous parlait des problématiques environnementales, de justice sociale et de la promotion d’alternatives au quotidien sur une multitude de sujets différents.

Finalement, Solidaires Puy de Dôme / Auvergne et la CGT 63 ont partagé leurs combats en termes de revendications professionnelles et de coordination des corps de métier; les deux visant à une transformation de la société sur la thématique du progrès social.

L’importance de l’informel et de l’espace public

Le lundi 20 juin, c’était la soirée de rencontre avec les lecteurs et lectrices de Mediacoop. Profitant de la grande terrasse du café des Beaux-Arts, nous avons eu le plaisir de parler de tout et de rien, de choses sérieuses et d’autres moins, de sujets clivants et de la canicule – et non pas du « beau temps ».

C’était l’occasion de se rappeler de l’importance des espaces et des moments où l’informel a toute sa place. Et celle-ci est complémentaire aux instants plus professionnels, les deux étant nécessaires aux échanges et à la création de lien de toute nature.

Le pouvoir associatif et citoyen

Lors de la dernière soirée de ce mois d’anniversaire, au café Les Augustes, avec d’autres associations du territoire, nous avons abordé la question des solidarités, en termes de liens, d’activités et d’actions.

Nous avons pu en savoir plus sur les activités de l’Association France Palestine Solidarité, qui fait un travail d’information locale, de liens concrets avec la société palestinienne, d’appels aux éluEs et participe de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a mis en avant le fait de se positionner contre toutes les discriminations et pour l’égalité en général. Ce qui se concrétise localement par leur présence en support et soutien dans une grande partie du tissu associatif local.

Réseau Éducation Sans Frontières – RESF 63 en est un bon exemple en tant que réseau fédérant de nombreux acteurs associatifs en son sein sur les problématiques des familles d’étrangers en situation irrégulière et des demandeurs d’asile ainsi que la scolarisation des enfants.

On y retrouve aussi la Cimade 63, qui organise des permanences d’aide juridique aux personnes migrantes, des cours de français, des actions de sensibilisation, et tant d’autres choses pour les personnes concernées. Et finalement, le Droit au Logement 63 (DAL) nous a raconté son combat pour des logements décents et contre les expulsions, autant pour les locataires que les personnes sans logements.

L’association LieU’topie, excusée, n’était malheureusement pas présente lors de la soirée.

Quelques éléments de bilan du quinquennat

On a demandé à toutes les associations et collectifs de faire un bref bilan de leurs activités et combat sous le quinquennat le gouvernement Macron. Et, même si la situation était difficile sous le mandat Hollande, il ressort de ces discussions que cela s’est vraiment aggravé avec Macron pour l’ensemble de ces différentes luttes. « On passe de très mauvais, à abominable, explique un des intervenantes. Avec la suppression des emplois-aidés, des parcours emploi-compétences et le contrat d’engagement républicain, qui permet au préfet la fermeture arbitraire d’une association qui ne lui plaît pas ».

Un autre intervenant explique que « le quinquennat a été une tuerie pour le droit des étrangers. C’était déjà dur sous Hollande, mais là, c’est largement pire, avec une volonté de briser toute résistance et toute solidarité ». « Il y a une attaque générale contre les associations et tout ce qui relève de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour démolir le tissu associatif et rendre marchandisable ce qui peut l’être », complète un autre intervenant.

Réinvestir et réinventer les luttes ?

De manière générale, on a pu constater une difficulté à mobiliser autour de ces luttes, que ce soit en termes d’engagements bénévoles ou de soutien militant. Une grande partie des associations que nous avons rencontrées sont en manque de nouvelles énergies. A cela s’ajoute un contexte de crise économique, sanitaire et sociale qui aggrave la précarité déjà présente de ces structures. Finalement, dans un contexte de fascisation de la société et de lois liberticides, il ressort de ces échanges un contexte indifférent ou hostile à ces préoccupations, que ce soit de la part de citoyenNEs, d’éluEs ou de l’Etat.

Reste que tout n’est pas négatif et que les liens de solidarité et d’entraides sont là. La question est peut-être plus de comprendre qu’ils ont peut-être changé de forme. Que pour les plus jeunes, ceux-ci ne passent peut-être plus par les biais associatifs, par les partis politiques ou les institutions. La prochaine question majeure à se poser se peut-être de se demander comment faire se rencontrer ces différents mondes qui, sans forcément le savoir, ont des combats en commun.

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