« Nous devons refaire du 8 mars une journée d’action politique » : les féministes clermontoises construisent la grève

Vendredi, la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes rendra hommage à la bataille des femmes pour leur droit. Les féministes de tous les pays porteront haut leurs revendications. À Clermont-Ferrand, le collectif « 8 mars toute l’année » appelle à la grève.

La date est importante, pour les féministes du monde entier : le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, tombe ce vendredi. Sur tous les continents, les femmes s’organisent pour faire entendre leurs revendications, ce jour-là encore plus que les autres. Et la France ne fait pas exception. Le patriarcat s’y porte à merveille, comme l’a montré l’actualité récente avec les révélations sur la Ligue du LOL (groupe de harceleurs formé en grande partie de journalistes parisiens) et la polémique sur le hijab de course (finalement retiré du catalogue de Décathlon).

À Clermont-Ferrand, un rassemblement est appelé devant la préfecture à 15 h 40 par le collectif « 8 mars toute l’année », qui regroupe associations, syndicats et partis politiques. « C’est l’heure à laquelle les femmes arrêtent d’être payées pour leur travail, si on applique les écarts de salaire à une journée standard », explique Martine Donio, syndicaliste à Solidaires. Des différences sur les fiches de paie qui montrent les multiples discriminations que subissent les femmes au travail : plus de temps partiels imposés, de contrats précaires, moins de promotions, des professions genrées moins bien rémunérées… « Malgré tout ça, il reste 9 % d’écarts de salaire qui sont complètement inexpliqués », relève Geneviève Llombart, du Planning familial. Face à cela, les féministes dénoncent l’hypocrisie des gouvernements successifs. « Des lois sont passées, mais rien n’est fait pour les faire appliquer », rappelle Monique Donio. « 59 % des entreprises de plus de 50 salariés ne respectent pas les lois sur l’égalité, et seulement 0,2 % ont été sanctionnées. » Alice Vigouroux, représentante de l’association Queer, abonde. « On aura sans doute des annonces, c’est commun à tous les gouvernements de faire de la communication là-dessus. Mais on ne s’attend pas à des actions concrètes. » Au-delà des inégalités au travail, c’est bien l’ensemble du système d’oppression patriarcal que le collectif dénonce et combat. La domination des hommes dans l’espace public, les institutions politiques, le système médical et les foyers n’est pas oubliée. « On culpabilise les femmes, on leur reproche de ne pas parler, mais on entretient les conditions qui les empêchent de parler », insiste Leïla Chetih, militante à Osez le féminisme. « Derrière, on compte sur les associations de femmes pour faire le travail, mais dans beaucoup de cas on remet en cause leurs subventions. »

Pour se faire entendre, le collectif compte bien construire la grève des femmes, et des préavis ont été déposés par les syndicats. Une action encore peu massive dans l’hexagone, mais qui est largement suivie dans de nombreux pays, en particulier en Espagne. Les militantes ne se font pas d’illusion : le travail sera long avant qu’elles ne réussissent à généraliser la grève du 8 mars. « On encourage les femmes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas cesser le travail à diversifier les modes d’action », appellent les militantes. « On peut porter un brassard, installer une affiche dans son bureau, recenser le sexisme ordinaire qu’on constate dans la journée, boycotter les magasins qui mercantilisent l’événement… Tout est possible. Il faut refaire du 8 mars un moment d’action politique. »

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