Les vœux du maire pour 2021 : Bras liés ou manque de volonté politique ?

Jeudi 28 janvier, le maire de Clermont-Ferrand a accueilli la presse afin de présenter ses vœux pour 2021. Face à la situation sanitaire, Olivier Bianchi souhaite une réplique sociale, économique et politique. Sauf que ces répliques qui demandent beaucoup d'investissement budgétaires seront régulées par le PPI (Plan Pluriannuel d'Investissement), décidé par la métropole.

Olivier Bianchi n’a pas fait de promesses durant ses vœux pour l’année 2021. Il a constaté les problèmes liés à la crise actuelle, ne les a pas niés, mais n’a pas non plus apporté de véritables solutions. Dans un des salons de l’Hôtel de Ville, où les chaises avaient été disposées de manière à respecter la distanciation sociale, le maire s’est surtout inquiété de la suite de la crise et des conséquences qui allaient en découler.
Lorsqu’il prend la parole, Olivier Bianchi a tout de suite donné le mot d’ordre : « Cette crise va durer plus d’un année, voir même plusieurs années ». Il constate alors que la précarité est grandissante, que les inégalités s’accroissent. « Des dépenses sont venues s’ajouter avec le confinement, que ce soit pour les étudiants, pour les familles qui avaient accès à des repas à la cantine à prix réduits. Il y a aussi l’isolement qui a affecté beaucoup de personnes, notamment les personnes en situation de handicap. » Pour le maire, il va falloir faire preuve d’empathie les uns envers les autres, et continuer à se soutenir dans la crise. Au niveau économique, il programme de « rencontrer les acteurs pour réagir par la suite. Que ce soit pour les commerces, bars, restaurants, boîtes de nuit, la culture, il va falloir réfléchir fortement à des mesures économiques viables plutôt qu’à des aides immédiates. » Quant à la réplique politique, elle part d’un constat qu’il trouve préoccupant : « Les populismes se sont nourris de la crise. » Pour lui, les inégalités qui se sont creusées et le fait que les plus démunis n’ont plus rien à perdre ont engendré une explosion des théories complotistes. « Je suis très inquiet de ce qui se prépare, du relativisme de certains, j’ai peur de l’instrumentalisation des populations. On ne fait pas de pari sur la terre brûlée. On ne sort pas d’une crise sans cicatrices ».
Autre constat important fait par le représentant de la ville de Clermont-Ferrand : « On a délité l’appareil d’État ces 40 dernières années et nous sommes tous responsables, à droite comme à gauche. Il faut arrêter les mantras sur les coûts de fonctionnement pour la vaccination, sur la dépense publique, sur les impôts. » Il conclut donc son introduction sur le fait que 2021 sera une année charnière dans un contexte où la crise sanitaire va durer et que les choix politiques devront se tourner vers la sécurisation des territoires pour aider les populations en réinvestissant les dépenses publiques.

Viennent ensuite les questions des journalistes, en manque de curiosité et analyse : « Est-ce dur de faire de la politique aujourd’hui? », à quoi a répondu le maire que oui, bien sûr, mais c’est aussi ça, s’engager. La plupart sont revenus sur ses propos d’introduction en demandant des précisions, notamment sur la suite des évènements durant la Covid.
Une journaliste questionne ainsi Olivier Bianchi sur le devenir des bars et restaurants mais dont la réponse fut sur l’économie en général : « Durant le second confinement, nous avons posé un million d’aides directes sur la tables. Elles ont été bouffées en 15 jours. Ces aides ne résolvent pas le problème donc il faut préparer la relance. Je n’ai pas de solutions pour le moment mais on a fait ce constat et on a établi un groupe de travail sur la question. Je vais aussi rencontrer le CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie), le Medef mais aussi les organisations syndicales ». La consultation sera la grande réponse du maire pour 2021. Il précise toute de même que l’exonération des charges ne sera pas une option, représentant 30 à 40% de son budget pour développer le territoire et aider la population. « Non, je n’exonérerai pas Carrefour ou Auchan. »
Idem pour le stationnement. Gratuit lors des 1er et second confinement, il se demande s’il ne reviendrait pas dessus pour renflouer les caisses de la mairie. « J’ai découvert durant le second confinement que j’étais le seul maire d’une grande ville à avoir maintenu la gratuité du stationnement. Bon, j’assume. Puis on me dit qu’on rouvre les magasins le samedi donc les commerces demandent un retour du paiement des places de parking, pour permettre la circulation des clients. Je remets donc le paiement en place et un déversement de haine de la population m’est tombé dessus. » N’ayant pas trop apprécié et la mairie étant financièrement serrée, il pense laisser le stationnement payant en cas de troisième confinement.

Olivier Bianchi préconise d’ailleurs le retour d’un réel confinement, « pour être débarrassé une fois pour toutes » explique-t-il. « Il vaut mieux qu’on mette en place un confinement durant l’hiver quand la nuit tombe à 18h plutôt que de faire mourir les restaurants en mai ou de nous confiner cet été. Il faut espérer que l’activité reprenne pleinement en juin/juillet et retrouver une relation collective. » Pour le maire, les États qui ont été les plus laxistes sur les mesures sanitaires sont aussi ceux qui ont eu le plus de morts. Il se dit d’ailleurs très agacé que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, ne lui réponde pas. « C’est le troisième courrier que je lui envoie. Il faudrait qu’il cherche à me recevoir ou bien qu’il me dise qu’il ne m’aime pas ! Le préfet tente de faire la liaison et je l’en remercie. Peut-être qu’il a peur que je le remplace à son poste » plaisante-t-il.
La campagne de vaccination est donc aussi un sujet qui a été longuement abordé et qui fait partie des préoccupations de la mairie : « Nous recevons 15 000 doses par mois sur le territoire que nous redistribuons dès lors qu’on les reçoit. Il est urgent qu’on reçoive d’autres doses, on a des écoles qui ferment, le variant se propage, l’état des Ehpad est catastrophique ». Une autre journaliste demande alors si les écoles devront établir des test PCR à leur entrée. Olivier Bianchi répond alors que c’est l’ARS (Agence Régionale de Santé) qui décidera de cette mesure et que ce n’est pas de son ressort. Il indique aussi avoir employé 38 vacataires en plus pour remplacer les professeurs, qui sont le plus souvent les cas contact de l’école. Mais si un troisième confinement était annoncé, il préconise alors l’ouverte de centres de loisirs. « Parce que certains parents ne peuvent pas faire autrement et pour garder un lien social ». Il exprime aussi le fait qu’il ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne fait pas appel à l’armée ou aux grandes ONG comme la Croix-Rouge ou Médecins sans Frontières pour aider au processus de vaccination.

Quant aux changements éventuels du programme dûs à la crise, le représentant des clermontois s’est voulu tout de suite rassurant : « Il n’y aura pas d’augmentation d’impôt. Ce projet est maintenu. » Pour tout de suite annoncer que d’autres taxes pourraient augmenter : « Je m’interroge par contre sur l’eau, je ne vous le cache pas. » Il explique alors que cela dépendra essentiellement du PPI (Plan Pluriannuel d’Investissement) établi avec la métropole : « Ma position personnelle c’est de maintenir l’investissement qu’on a fixé. Par exemple les 280 millions pour les lignes de transports. Mais il faut trouver le juste équilibre, maintenir assez d’investissements pour faire avancer le territoire, notamment au niveau de la transition écologique. Les projets économiques locaux et l’écologie auront leur projets maintenus au détriment de la culture et du sport. Tous les secteurs devront faire des efforts ». Ces déclarations seront donc à vérifier après les discussions que le maire aura avec la métropole. Mais pour lui, aucun projet ne devra être annulé, ils seront reportés dans le pire des cas. « Nous communiquerons en juillet sur les projets qui auraient été abandonnés quand tous les maires auront été consultés. Pour l’instant je n’en sais rien. Mais par exemple, pour les piste cyclables qui devaient être terminées en 2020, elles le seront en 2021. »
Pour Olivier Bianchi, le tout est de faire preuve de bon sens, de moins d’égoïsme et de plus de solidarité. « Nous sommes mis à l’épreuve. Nous devons nous soutenir les uns les autres, être solidaires. Les anti-vaccins et les anti-libertés sont des populistes. Il faut arrêter de comparer l’interdiction de manger au restaurant avec une opération nazie. » Quant aux élections régionales et départementales, il exprime qu’il ne s’y intéresse pas mais qu’une union de la gauche est indispensable. « Il faut réinventer la gauche. Ça ne m’étonne pas que Macron soit la nouvelle droite. Le problème, c’est qu’il n’y a plus de leadership à gauche donc tous les partis pensent pouvoir être les premiers. Je ne serais pas arrivé premier aux élection sans l’union de la gauche. Et si en 1933, Hitler a gagné, c’est parce que la gauche était divisée. »

En bref, il faut dépenser, mais ne pas reverser d’aides directes, il faut réinvestir, mais au bon vouloir des autres maires de la métropole et de l’établissement du PPI (Plan pluriannuel d’Investissement). Aucune solution n’a donc été apportée, que ce soit au niveau social, économique, sanitaire ou politique. Le maire semble donc soit avoir les bras liés, soit se refuse à avouer que les « mantras » sur les dépenses publiques seront encore bien longtemps verrouillées.

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