L’Éducation nationale en grève et dans la rue

Ce jeudi 1er février, les personnels de l’Éducation nationale ont répondu à l’appel d’une large intersyndicale. En grève ou dans les manifestations, parmi les revendications : de meilleurs salaires et plus de moyens.

« 1er février ». La date est sur les calendriers depuis quelques semaines déjà et marque la rentrée de la mobilisation dans l’Éducation nationale en 2024. Aujourd’hui, à l’appel d’une large intersyndicale (CGT, FO, FSU, SUD-Éducation, UNSA-Éducation, SGEN-CFDT), de nombreux personnels de l’éducation étaient en grève. Des manifestations ont eu lieu dans tout le pays avec pour revendications principales l’augmentation des moyens et des salaires ainsi qu’une meilleure considération de l’école publique. « Ça fait 10 ans que je fais ce métier et aujourd’hui, je suis plus pauvre qu’il y a 10 ans. », nous expliquait un professeur de lycée du Puy-de-Dôme.

La mobilisation du jour se voulait un avertissement lancé au gouvernement. Comme pour dire que les enseignants et tous les autres personnels de l’éducation ne lâcheront rien. Battant le pavé, ces derniers ont réclamé de meilleurs salaires et conditions de travail. L’occasion aussi de dénoncer les réformes prévues comme celles du « choc des savoirs » et du lycée professionnel.

Choc des savoirs

Dans le cortège, l’expression est dans toutes les bouches. « Le choc des savoirs ». Projet cher à Gabriel Attal puis récupéré par Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, ce dernier prévoit entre autres la mise en place de groupes de niveau au collège, en maths et en français. « Je suis là en particulier contre le choc des savoirs. Cette réforme écrase des choses qui viennent d’être mises en place. Elle est trop gourmande et elle veut faire trop de choses en même temps. Il n’y a pas assez de moyens pour le faire. », explique une professeure de français du collège Marc Bloch à Cournon.

Défendre les profs et les classes

En début de semaine, les enseignants du lycée Montdory de Thiers ont débraillé afin de dénoncer la suppression de deux classes dans leur lycée. « Deux classes équivalentes à 4 postes. », précise l’un d’eux. Lundi, 90% des professeurs étaient en grève. Une mobilisation payante puisqu’une classe a déjà été sauvée. Mais pour les enseignants, ce n’est pas assez.

« C’est une situation qui risque de faire monter les classes à 35 élèves alors que nous sommes un lycée déjà fragile. On est exactement dans ce qui se fait en général avec un manque de moyens. L’État fait de l’Éducation tout sauf une priorité. », dénonce le professeur.

Dans le 1er degré, 650 postes devraient être supprimés à la rentrée 2024 dont 50 pour l’Académie de Clermont-Ferrand.

Oudéa-Castéra dans le viseur

Il faut dire que le contexte ne lui souriait pas. Amélie Oudéa-Catséra est à la tête d’un super-ministère qui regroupe, en plus de l’Éducation nationale, les sports mais aussi les JO de Paris 2024. Beaucoup se demandent si l’Éducation ne mérite pas un ministère rien que pour elle et ont l’impression d’être relégués au second rang.

Mais la nouvelle ministre n’a rien fait pour arranger les choses. Première prise de parole, premier tacle à l’encontre de l’école publique. Les déclarations d’Amélie Oudéa-Castéra, qui a justifié l’inscription de ses enfants dans le privé par « des paquets d’heures pas sérieusement remplacées » dans le public ne passent pas. Puis c’est l’enlisement, le mensonge et les casseroles qui s’enchainent. « C’est une honte ce qu’elle a fait. À sa place, je serais partie. », s’indigne une professeure d’SVT, en lycée. Dans le cortège, les slogans citant son nom s’enchainent.

Avertissement

Tôt dans la matinée, la journée de mobilisation a commencé par un blocus organisé par certains élèves du lycée Blaise Pascal et suivi par une cinquantaine de jeunes. « On a bloqué contre le SNU (Service National Universel), l’uniforme, la nouvelle ministre, la réforme du collège, du lycée pro et contre le manque de fonds publics. C’est important en tant que lycéens de faire entendre notre voix. On se sent insultés. Je me mets à la place des professeurs qui ont choisi d’enseigner dans le public. », indique l’un d’eux.

La manifestation est ensuite partie de la place Delille pour rejoindre le rectorat avec plus de 700 personnes dans ses rangs. À Clermont-Ferrand, 7 écoles primaires ou maternelles sont restées fermées et des services périscolaires ont été perturbés.

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1 réflexion sur “L’Éducation nationale en grève et dans la rue”

  1. « Dans le 1er degré, 650 postes devraient être supprimés à la rentrée 2024 dont 50 pour l’Académie de Clermont-Ferrand. » Baisse des effectifs de titulaires complètement irresponsable de la part des ministres de l’éducation. Preuve en est ; il a fallu recruter en 2022, 35000 contractuels pour que les classes restent ouvertes.
    Au lieu de créer des classes de niveau, ne serait il pas plus efficace d’accompagner les élèves sur les matières les plus « difficiles ». Personnaliser les apprentissages, un peu comme les Projets éducatifs personnaliser pour les enfants présentant des troubles de l’apprentissage. Il faudrait expérimenter et ça , c’est selon la volonté des enseignants. 28 élèves pour travailler sans trop de stress.
    Les agriculteurs ont fait céder le ministre sur pas mal de points même si c’est discutable. Le rapport de forces était là et a été déterminant. Les enseignants veulent ils vraiment des changements. Surement, mais à l’exemple de leurs collègues de Québec, faut réfléchir aux moyens de la lutte. Les cousins du Québec ont fait grève pendant 5 semaines et ont finalement gagné sur les salaires et le nombre de professeurs.

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