La rentrée, c’est déjà lundi… Et oui, les vacances, ça passe vite. Peut-être pas assez pour le président qui semble s’être ennuyé puisqu’il aimerait les raccourcir pour les élèves et puisqu’il a lui-même bien anticipé la reprise. En effet, ce dernier a accordé une grande interview au magazine Le Point mercredi 23 août. Il abordait de nombreux sujets dont l’Éducation. De quoi déjà mettre en difficulté le nouveau ministre fraichement nommé en montrant qu’il compte faire de cette compétence sa chasse gardée.
Qu’importe, Gabriel Attal veut tout de même se montrer volontariste et met les mains dans le cambouis. Au JT du soir de TF1 dimanche 27 août, c’est plutôt les pieds qu’il mettait dans le plat avant de rentrer dans les détails lors d’une conférence de presse le lendemain.
Augmentation des salaires, un prof devant chaque élève, renfort des savoirs fondamentaux…que de belles promesses. Mais dans l’Éducation, ce genre de beaux discours, on ne les connaît que trop bien et la défiance envers le ministère a rarement été aussi vive. Alors résumons un peu les annonces pour y voir plus clair.
Avancer la sonnerie
La récré est finie ! Ou du moins, un peu plus courte. C’est en tous cas ce que le président souhaite et ce qu’il a exprimé dans son entretien au Point. On parle ici d’un retour de vacances autour du 20 août.
En France, on fait bien partie des chanceux aux côtés de la Grèce, la Roumanie, Malte, l’Estonie, la Lituanie et l’Italie. Avec 121 jours de vacances, les Français se situent dans la fourchette haute. Mais s’ils sont bien au-dessus des pays Scandinaves, le reste de l’Europe donne comme nous entre 100 et 120 jours de vacances à ses élèves. Selon un rapport du réseau européen des systèmes éducatifs « Eurydice » s’appuyant sur les chiffres de la Commission Européenne, la France ne se distingue pas non plus sur sa date de rentrée puisque dans la majeure partie des cas, les cours commencent le 1er septembre ou le premier lundi de septembre, comme chez nous. Sur 37 pays concernés par le rapport, seuls 8 font leur rentrée en août (Danemark, Finlande, Norvège, Suède, Suisse, Belgique, Islande et Lichtenstein).
Alors, les vacances sont-elles trop longues ? Pas vraiment si l’on compare avec nos voisins. En tous cas, certains préconisent que si les vacances sont rétrécies, les journées des élèves doivent l’être aussi. Rappelons tout de même que la longueur des pauses peut être un facteur d’accroissement des inégalités pour les enfants les plus en difficulté. C’est ce dernier exemple que le président brandit pour généraliser la rentrée anticipée qui existe déjà sous le nom de « Stages de réussite » grâce à des professeurs qui accueillent les enfants qui en ont besoin sur la base du volontariat.
Cherche professeurs désespérément
Vacances plus courtes et profs plus nombreux. Le manque de personnel, c’est en effet le nerf de la guerre et ce, depuis longtemps. Le métier n’attire plus. Au concours d’entrée, cette année, 3000 postes restent vacants. C’est moins que l’an passé mais c’est encore beaucoup. Les enseignants non remplacés « cela représente 15 millions d’heures perdues chaque année. L’école ne tient pas ses promesses. », a regretté le ministre, sur TF1.
« La rentrée est prête, elle a été préparée, anticipée. », répète pourtant ce dernier qui souhaite venir à bout du problème. Pour cela, une solution : rendre le métier plus attractif. Et cela passe notamment par l’argent. « Chaque enseignant gagnera entre 125€ et 250€ net de plus par mois que la rentrée précédente. », assurent Macron et Attal.
Cette rémunération doit être pour tout le monde dès la rentrée. Elle passera par des indemnités versées à l’ensemble du personnel enseignant et qui différeront selon que l’on travaille dans le premier ou le second degré. Sur son site, le ministère de l’Éducation nationale précise que la mesure entraînera une hausse de presque 100€ net chaque mois.
Aussi, une prime d’attractivité est prévue, elle sera étendue aux professeurs stagiaires et revalorisée pendant les quinze premières années de carrière, l’objectif étant d’assurer une rémunération minimale nette à 2 000€ par mois pour les nouveaux titulaires. Un nouveau professeur touchera ainsi 151€ net en plus par mois les deux premières années.
Pour les agents en milieu de carrière, l’augmentation sera plus importante. Entre 4 et 11,5 ans de service, elle atteindra 200€ nets par mois. Pour les plus anciens en revanche, l’effort est moins visible. Au-delà de l’échelon 7 soit 14,5 années d’ancienneté, pas de revalorisation de la prime d’attractivité et donc une hausse de rémunération plafonnée à 95€.
En moyenne, les professeurs vont être augmentés de 7%.
Sarkozy, le retour ?
Sarkozy, on a bien failli croire qu’il était de retour. Ce n’est pas notre faute, quand on parle du PACTE, nous, on entend « travailler plus pour gagner plus ».
Le PACTE, c’est quoi ? Il entre en vigueur en cette nouvelle année scolaire et doit permettre « le remplacement systématique des enseignants absents » pour des durées courtes dans les collèges et lycées. En fait, les profs qui le souhaitent, peuvent signer le PACTE et signifier qu’ils sont disponibles pour des remplacements toute l’année. À partir de septembre, les proviseurs de lycées et les principaux de collèges doivent donc élaborer, avec leurs équipes pédagogiques, un plan annuel visant à assurer effectivement les heures prévues par l’emploi du temps des élèves en ayant recours, en priorité, aux enseignants ayant signé.
Ces profs qui se sont engagés seront mobilisables au moins dix-huit heures par an sur des créneaux fixes d’au moins une heure par semaine durant lesquels ils ne pourront refuser d’intervenir, qu’ils pratiquent ou pas la même discipline que le prof absent ou qu’ils aient ou pas le niveau en question.
Ces remplacements seront payés le double d’une heure supplémentaire habituelle mais le PACTE n’enchante pas les syndicats qui dénoncent une trop grande polyvalence demandée et un aveu de faiblesse quant aux moyens alloués à l’éducation entre autres. « C’est un choix de société. Nous, on est pour un refus collectif du PACTE même si on ne peut pas jeter la pierre sur les collègues qui ne peuvent pas vivre correctement et qui veulent le signer. C’est une augmentation de salaire qui n’en est pas une. On est les plus mal payés d’Europe, on a des classes pleines à craquer, on manque de profs et là, on va proposer des missions supplémentaires à des jeunes déjà mal formés ? Le PACTE, c’est une rustine sur une blessure bien plus profonde. », explique Frédéric Campguilhem de CGT Éduc’Action.
Selon les chiffres du ministère, en France, le temps de travail moyen d’un professeur est déjà de 43 heures par semaine. Pour l’heure, si le gouvernement pense que 30% de signataires sont nécessaire à la bonne marche du PACTE, on ne peut pas encore estimer le nombre de professeurs prêts à signer mais l’on peut penser que ce pourcentage sera difficilement atteint.
Des maths et du français
Un prof devant chaque élève, peut-être. Et dans leurs cahiers, on entend souvent qu’il faut mettre l’accent sur les savoirs fondamentaux. En effet, les chiffres ne sont pas rassurants. Entre 1995 et 2018, d’après des évaluations nationales, les élèves auraient perdu un an de niveau. À l’arrivée en 6ème, un tiers des élèves n’a pas le niveau requis en maths et français. C’est donc sur ces deux matières que le gouvernement souhaite mettre l’accent. Voici ce qui devrait changer.
N’oublions pas que pour renforcer les savoirs, les conditions doivent être réunies. Un rapport consacré à « L’Europe de l’éducation », publié le 22 décembre par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) révèle que la France est le pays de l’UE dont les classes sont les plus nombreuses. Les élèves de primaire sont en moyenne 22, soit bien au-dessus de la moyenne de tous les pays, située sous la barre des 21.
N’oublions pas non plus qu’au lycée, autre chose va changer.
Rétropédalage
Tout ça pour ça… Un an seulement après son démarrage officiel, la réforme du bac de Blanquer est déjà en grande partie abandonnée. Le nouveau ministre a annoncé le report des épreuves de spécialités en juin dès cette année « pour garantir la mobilisation des élèves, leur assiduité ». En effet, ces épreuves qui s’étaient tenues en mars ont eu pour conséquence une course contre la montre pour terminer les programmes dans les clous, une pression exacerbée pour les élèves et les profs mais surtout, un relâchement et une baisse de fréquentation des élèves une fois les épreuves passées.
« Les élèves, de mars à juin, ils n’allaient plus en cours. Nous, on l’avait dénoncé ça. C’était un aspect flagrant de la réforme du lycée mais il faut qu’ils retirent tout le reste, le contrôle continu en tête. », indique Frédéric de la CGT. Il représente en effet encore 40% de l’évaluation. « C’est quand même conséquent et ça va influer sur parcoursup. En Lettres modernes, beaucoup de collègues craquent car on impose un nombre d’évaluations par trimestre. Ça fait une masse de travail et une pression permanente. », précise ce dernier.
Sujet ou pas sujet ?
Des annonces, il y en a eu. Celle-ci est surement la plus retentissante. « Dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant » a déclaré le ministre sur TF1 après avoir confirmé que le port de l’abaya serait interdit dans les établissements scolaires dès la rentrée.
L’abaya, c’est un vêtement s’apparentant à une robe longue et ample. Attal a hésité avant de l’interdire mais ses rencontres avec les proviseurs l’ont convaincues. Ces derniers étaient en difficulté quant à la position à adopter alors que des jeunes filles en portent à l’école et ce, dans de plus en plus d’établissements selon le gouvernement.
Pour certain, l’abaya étant un signe de revendication de la religion musulmane, elle serait un vrai sujet qui touche à la laïcité à l’école. Pour d’autres, l’abaya n’est pas religieuse mais culturelle et son interdiction relèverait donc d’une stigmatisation de celles qui en portent. Une note de service contenant des pistes pour le travail d’échange avec les familles concernées a été envoyée jeudi 31 août aux proviseurs.
Zéro pointé
L’abaya, c’est sûr, on le voit bien dans les médias. Le reste un peu aussi. En revanche, la liste des absents du débat est longue. Mais on va la faire quand même.
Il y a les enfants en situation de handicap. Si selon le gouvernement, leur scolarisation est en progrès, L’unapei (réseau d’associations de représentation et de défense des personnes atteintes d’un trouble ou handicap) publiait une enquête le 29 août révélant que sur 2000 enfants recensés pour l’étude, 23% n’ont aucune solution de scolarisation et 28% passent moins de 6 heures à l’école.
Il y a le lycée professionnel sur lequel plane une réforme qui fera des élèves de la main d’œuvre corvéable à merci. Les articles sur ce sujet sont nombreux sur le site de Médiacoop.
Il y a le personnel invisibilisé, les AESH et AED au statut on ne peut plus précaire.
Les étudiants pour qui la vie est devenue encore plus chère et qui renoncent à se nourrir correctement, se loger dignement, étudier à plein temps ou étudier tout court.
Enfin, on parle d’éducation mais encore faut-il avoir les conditions pour étudier dignement. Face à l’inflation, le ministre a affiché sa volonté de simplifier la liste des fournitures scolaires et souhaite créer un nouveau système pour acheter à travers l’Education nationale des fournitures avec des prix de gros. Rappelons qu’à l’heure actuelle, presque 2000 enfants dorment dans la rue, en France.
1 réflexion sur “Éducation : dernière ligne (mala)droite avant la rentrée !”
le port de l’abaya est corrélé « au projet politique des Frères Musulmans selon » selon les propos récents de Mme Kahina Bahloul, première femme imame de France. Ce n’est donc pas une robe sans signification : religieuse ou politique sachant que ses promoteurs sont à l’origine de l’islamisme radical. Dans les années 90, ce mouvement religieux prônant le contrôle des personnes par le pouvoir religieux, a donné naissance au Front islamique du Salut. Ce mouvement animé par les Frères Musulmans a beaucoup d’écoute et surement en raison de son intolérance au fait laïque.
Interdire le port de ce vêtement me semble intelligible et fait consensus comme le rapporte le sondage de Charlie Hebdo, qui en 2015, a vu 12 de ses journalistes assassinés. Comme le disait Maryse Wolinsky, quelques mois avant janvier 2015, l’état avait relâché sa vigilance.
Alors oui aux augmentations salariales des professionnels de l’éducation nationale et non à l’instrumentalisation de jeunes filles dans le cade des missions du corps enseignant.