L’effroyable récupération politique d’un féminicide…

Autour des universités clermontoises, des affiches appellent à un rassemblement à 20 heures, ce jeudi pour rendre hommage à Philippine. Derrière cet appel, on trouve le syndicat étudiant d'extrême-droite, La Cocarde. Explications.

Philippine est morte, violée, dans d’atroces conditions. Elle est la 104 ème victime de féminicide depuis le début de l’année.

Très vite, les médias donnent l’identité de son violeur et tueur. Il est marocain, sous le joug d’une Obligation de Quitter le Territoire Français et a déjà été condamné et emprisonné pour viol.

De tous les responsables de féminicides depuis le début de l’année, il est le seul dont les médias décline l’origine et l’identité.

Ce drame est monstrueux. Comme tous les drames subis par les femmes.

Pourtant, celui-ci résonne autrement.

Alors que les associations féministes appellent à faire femmage pour chaque victime, la mort de Philippine a provoqué de rassemblements orchestrés par les partis d’Extrême-droite.

D’Hanane Mansouri à Valérie Pécresse

Le 28 septembre, la députée Hanane Mansouri, proche d’Eric Ciotti organise une mobilisation « hommage » dans la Vienne. Des militants antifascistes viendront tenter de perturber le rassemblement et seront pris à parti puis cyber-harcelés. Certaines plaintes ont d’ailleurs été déposées.

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a, de son côté, proposé la prise en charge des frais de justice à la famille de la jeune victime. Ses proches ont refusé.

Le 1er octobre, l’Assemblée nationale faisait une minute de silence en femmage à Philippine. La première fois depuis le début de l’année, oubliant les 103 autres victimes.

Récupération politique

La politique s’est donc positionnée sur cet effroyable fait-divers. On appelle cela « la récupération politique. » Il s’agit d’utiliser un fait de société pour promouvoir ses thèses et en tirer un bénéfice électoral. Cette pratique vient historiquement de l’extrême-droite, mais est depuis utilisée par tous les partis.

Le Syndicat de la Magistrature a dû rendre la parole. Il a dénoncé la focalisation du débat sur les questions de l’immigration et l’utilisation d’une rhétorique xénophobe. Il a, de plus, rappelé que l’important était de réfléchir sur « la prévention de la société dans son entier des féminicides quelle que soit la nationalité des accusés ou coupables. »

Némésis, groupuscule d’extrême-droite

Le collectif Némésis, groupuscules féministe d’Extrême-droite, a lui aussi organisé un rassemblement, avec à sa tête, sa figure emblématique, Alice Cordier. La manifestation a eu lieu le 29 septembre à Paris, regroupant quelques centaines de femmes et hommes dont Florian Philippot, ancien eurodéputé FN, et Stéphane Ravier, ex-député RN.

Selon nos confrères de l’Humanité sur place et les vidéos affichées sur Internet, la manifestation a plutôt été l’occasion de diffuser des propos xénophobes avec des phrases scandées telles que « L’immigration nous tue » ou encore  » J’aimerais bien qu’on aille violer en Algérie puisque c’est dans leur culture »

Une femme a d’ailleurs pris la parole afin de questionner : « Donnez-moi une seule victime qui a été violée par un Eric ou un Jean-françois. »

Des violeurs s’appellent Thierry !

Alors, on peut lui donner une réponse tout de suite et immédiate, en lien avec l’actualité. Ce matin, à la barre du procès des Assises pour les viols de Gisèle Pélicot, se trouvent deux Thierry, un Jean, un Jérôme et un Adrien.

L’indigne vidéo de Clermont Non Conforme

A Clermont-Ferrand, Clermont-non-Conforme, groupuscule néo-nazi, a diffusé une vidéo hommage à Philippine, avec mise en scène de nuit et fumigènes. Leur banderole affiche un appel au meurtre : « La corde pour les assassins de mon peuple » sur une musique douce se terminant sur la photo de la jeune étudiante.

Non respect de la famille

Demain, jeudi, c’est le syndicat étudiant d’extrême-droite, La Cocarde, qui donne rendez-vous à 20 heures face à la fac de droite. Le syndicat ne s’est jamais mobilisé pour les féminicides. Sur leur affiche, ils n’ont même pas indiqué leur logo. Une façon d’instrumentaliser un peu plus les étudiants qui pourraient se rendre à cette mobilisation sans savoir qu’elle est organisée par l’extrême-droite.

Une démonstration assez simple du manque de respect de la victime et ses proches qui ont demandé qu’aucune récupération politique ne soit faite sur le drame.

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