Blocus : à « Jeanne » et « Blaise », des sanctions planent au-dessus des élèves mobilisés

En soutien aux grévistes et manifestants de la fonction publique le 19 mars, plusieurs lycéens des établissements Jeanne d’Arc et Blaise Pascal participaient à un blocus. Depuis, des sanctions ont été mentionnées, parfois vraiment infligées mais retirées par la suite. Des élus, groupes politiques et syndicats dénoncent une répression lycéenne.

Mardi 19 mars, dans toute la France, des agents de la fonction publique se mobilisaient pour leurs droits. En soutien, des lycéens bloquent leurs établissements. À Clermont-Ferrand, c’est le cas à Blaise Pascal et à Jeanne d’Arc. Si devant les grilles, on se montre solidaires des salariés, on aborde aussi des sujets propres aux étudiants comme la plateforme d’orientation « Parcoursup ».  Alors que les opérations de blocage, calmes et pacifiques, n’entrainent habituellement que peu de réactions des administrations, cette fois, il en a été autrement pour les élèves mobilisés.

Tensions

Devant les deux lycées, le blocage commence tôt. L’opération empêche certains élèves d’entrer dans l’établissement. C’est lorsque le proviseur de Jeanne D’Arc se rend devant le portail que les esprits s’échauffent. « Du côté de Jeanne D’Arc, des tensions sont apparues malgré la clarté de nos revendications militantes. Nous étions partisans de la discussion et de la négociation pour que ce blocus se déroule dans de bonnes conditions. Force est de constater que la volonté de discuter n’était pas partagée ce matin-là. », explique le Syndicat National Lycéen dans un communiqué du 27 mars. Si la direction de l’établissement dénonce un comportement « parfois inadmissible » et des jeunes « ayant refoulé violemment les élèves qui souhaitaient aller en cours », les jeunes mobilisés pointent de leur côté le fait qu’un camarade aurait simplement repoussé une agression physique sans être l’auteur d’aucune violence.

Sanctions

Après le blocus, à Blaise, on menace de sanctions. Cinq élèves sont dans le viseur. À Jeanne, on sanctionne directement. 3 jeunes sont notifiés d’une expulsion dès le lendemain, mercredi 20 mars. Elle doit prendre effet le jeudi 21. « Des mesures d’exclusion sont prononcées pour les élèves ayant manqué de respect au personnel, ou ayant refoulé violemment les élèves qui souhaitaient aller en cours. », indique le proviseur dans un mail aux parents d’élèves.

D’après une source proche du dossier, pour certains élèves visés par les sanctions, il n’a pas été laissée la possibilité de s’exprimer ou d’être accompagnés lors de leur convocation auprès du chef d’établissement. Les versions des faits n’ont pas été prises en compte.

Le proviseur a également déposé plainte pour diffamation après que des élèves aient tenté de récolter des témoignages quant à l’attitude du chef d’établissement au moment du blocus. Ce dernier n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Finalement, les trois exclusions prononcées à l’encontre des élèves de Jeanne D’Arc ont été annulées par le médiateur du rectorat. En effet, la procédure n’a pas été respectée car une exclusion doit avoir lieu au moins trois jours après une notification et non dès le lendemain.

Mobilisation

Si les sanctions ont été abandonnées à Jeanne, à Blaise, l’avenir est plus flou. Dans tous les cas, « On considère qu’aucun lycéen ne doit avoir de sanctions pour son engagement. », affirme Taran Coutarel, Secrétaire fédéral des Jeunes Communistes 63 dont un élève ayant participé au blocus fait partie. « Les élèves se sont dit que s’il y avait de meilleures conditions de travail dans la fonction publique, ça voulait dire de meilleures conditions pour les lycéens. Là, c’est une délégitimation de leur action. J’ai déjà entendu un AED insulter les élèves sur un blocus. Il y a des appels de parents de la part de l’administration, j’ai déjà entendu des menaces verbales de professeurs. », poursuit ce dernier.

« On parle de criminalisation dès lors qu’il y a des sanctions administratives à l’encontre de nos camarades. On leur dit de participer à la vie civique mais on les sanctionne dès qu’ils le font. On s’inquiète du fait qu’alors que les blocus se passent bien, il y a des sanctions prises. L’an dernier, il n’y avait pas de sanctions. C’est un basculement sur la façon de voir le lycéen dans la construction civique. », indique le Secrétaire fédéral alors que les Jeunes Communistes ont publié un communiqué pour dénoncer les sanctions, soutenu par le SNES-FSU, la CGT Éduc’Action63, et le Syndicat National Lycéen 63 ainsi que des élus Communistes à différentes échelles.

Rétropédalage

Plusieurs diffusions de tracts sur le thème de la répression lycéenne sont prévues aux abords des établissements et les JC63 n’excluent pas des actions à l’échelle nationale si des sanctions venaient à être confirmées. Une mobilisation qui ne sera peut-être pas nécessaire puisque la proviseure du lycée Blaise Pascal semble désormais privilégier le dialogue avec les familles comme elle l’a annoncé en fin de semaine dernière dans la presse. « Nous, aux Jeunes Communistes, on se félicite que la direction ait décidée finalement d’entrer dans une phase de dialogue et non plus de sanctions immédiates. Ça montre bien que l’action collective fonctionne ». La cheffe d’établissement n’a pas, pour l’heure, donné suite à nos sollicitations. Affaire à suivre.

*La photo d’illustration a été prise le 7 mars 2023 par nos journalistes lors d’un blocus devant le lycée Blaise Pascal, dans le cadre des mobilisations répétées contre la réforme des retraites.

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