Quelle place pour l’agriculture face aux défis environnementaux ? Bio 63 s’empare du sujet !

Hier soir, Bio 63 (association des producteurs bio du département) a investi La Baie des Singes à Cournon pour lancer un cycle de conférences qui s’étendra jusqu’au mois de décembre. Au programme : biodiversité, ressources en eau et défis climatiques.

La salle est pleine à craquer. Au fil de la soirée, des gens s’approchent de la scène pour récupérer des chaises supplémentaires et trouver un petit coin où s’installer. Nous sommes à Cournon, à La Baie des Singes, salle de spectacle habituellement dédiée à l’humour. Mais ce mardi 2 mai, le sujet abordé est bien moins drôle que d’habitude.

Dès 19h30, différents intervenants parleront agriculture, climat ou eau à l’invitation de Bio 63, association des producteurs bio du département. Créée en 1994, la structure s’est ouverte au fil des ans à différents acteurs, transformateurs, distributeurs, citoyens, collectivités ou associations. Dans l’auditoire, des membres de la fédération nationale (FNAB) et régionale (FRAB) sont également présents.

Bio 63 s’attache à toujours chercher le progrès, notamment sur les aspects environnementaux. C’est de là qu’est né, il y a quelques mois, le constat que la fédération pouvait encore pousser plus loin sa volonté de mettre ces thèmes au cœur de ses valeurs.

Monter en connaissances et en compétences

En septembre 2022, une nouvelle commission « Durabilité » voit le jour. Elle se compose entre autres de thématiques comme l’eau, la biodiversité et le climat de façon plus générale. « On souhaitait monter en connaissances et en compétences sur ces thèmes. On a voulu le faire collectivement avec les citoyens et les agriculteurs. », indique Mathilde, administratrice à Bio 63.

4 rendez-vous

La rencontre du 2 mai s’inscrit comme une introduction pour comprendre les enjeux environnementaux au regard de l’agriculture mais surtout, comprendre la complexité des mécanismes climatiques, biologiques et hydriques au centre desquels chemine l’agriculture. « Comprendre, ça permet de mieux faire face aux enjeux dans nos activités paysannes », explique Maud, elle-même agricultrice et membre de l’association.

Si la soirée d’hier était un premier pas pour sensibiliser et mettre en lumière des grilles de lecture, trois autres conférences suivront. Une première le 6 juillet sur la thématique de la ressource en eau. Une seconde le 19 octobre sur la biodiversité et une dernière le 5 décembre sur le climat et ses enjeux.

Des citoyens dans le flou

Avant de commencer la conférence, Marie Forêt, consultante et formatrice en stratégie des organisations sur des thématiques écologiques prend la température. « Il faut laisser la parole à chacun. Nous ne sommes pas ici pour juger mais pour comprendre », rappelle cette dernière avant d’interpeller le public. « Qui est agriculteur ? » Une quinzaine de bras se lèvent. « Qui est citoyen ? » Beaucoup plus de personnes sont concernées. À la question « Qui considère être mal ou pas assez informé sur les enjeux climatiques ? », elle fait carton plein. On ne pouvait pas rêver mieux comme façon de légitimer l’intervention à suivre.

Drogués à l’énergie

Gilles Escarguel est paléontologue et macro-écologue. Son truc, c’est la recherche des impacts et des changements à long terme. Ce dernier ne manque d’ailleurs pas de rappeler que toutes les grandes crises d’extinction que la Terre a connu sont dues à des changements climatiques.

Pour lui, ce qu’il se passe actuellement n’a pas son pareil dans l’histoire de l’humanité. Et il n’est pas difficile de trouver le coupable. C’est nous. Ou plutôt, notre dépendance à l’énergie. Si on voyage dans le temps pour revenir 12 générations humaines en arrière, nous sommes à peu près au moment de la Révolution Française. Une autre révolution suit d’ailleurs son chemin. Celle de l’industrie. À peine était-elle commencée que les ressources étaient déjà difficiles à fournir. L’Homme est donc passé du charbon fossile au pétrole puis au gaz et à l’énergie nucléaire. Une nouvelle ressource sans éliminer pour les autres pour autant.

Cette addiction croissante aux énergies bouleverse tous les paramètres. Dans les 30 années à venir, nous devrions consommer autant d’énergie que lors des 10 000 dernières années. Le constat est sans appel. Cette dépendance participe à causer le réchauffement de la planète, les canicules, les sécheresses, les tempêtes ou encore l’impact sur la biodiversité.

« On fait quoi ? »

Après une intervention d’une heure, Gilles Escarguel pose cette question simple : « On fait quoi ? » Pour lui, bien que de nombreux impacts semblent déjà inévitables, tout n’est pas perdu. « C’est ensemble qu’il faut trouver des solutions, des alternatives », lance ce dernier aux citoyens et agriculteurs.

Une idée que partage la seconde intervenante, Johanna Manteau. Son travail, c’est en partie réfléchir à des solutions et les planifier selon les différents acteurs qui se trouvent en face d’elle. Elle est Chargée de mission climat à la Fédération National de l’Agriculture Biologique (FNAB). Car si elle est une victime du changement climatique, l’agriculture en est aussi un facteur et une solution. Des solutions et alternatives nombreuses que les futurs intervenants aborderont lors des conférences à venir, au travers de leurs exposés sur les différents enjeux climatiques et sur la place de l’agriculture dans cette réalité complexe.

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1 réflexion sur “Quelle place pour l’agriculture face aux défis environnementaux ? Bio 63 s’empare du sujet !”

  1. Charlie Paysac

    plus la situation climatique se dégrade et plus l’état met de l’argent dans une agriculture industrielle qui est par ailleurs dénoncée un peu partout. Rapports de la Cour des comptes nationale (rapport de juin 2022 ; soutien à l’agriculture biologique), rapport Quelle agriculture pour demain ? dans lequel sont évoquées les haies, les changements de culture ( dans Bibliothèque des rapports, rapports du Sénat sur l’eau,; etc. La place de l’agriculture biologique est une solution citée dans tous ces rapports.
    les rapports d’experts sont assez nombreux mais pas du tout consultés par les technocrates conservateurs de La chambre d’agriculture du 63. Celle ci est dans l’impossibilité de remettre en cause ses orientations stratégiques : pour produire il faudra de l’eau, encore plus. Donc des réserves et aucune réflexion sur ce qu’il faut changer maintenant. Le conseil départemental suit le même chemin inféodé au syndicat et aux lobbies agro-industriels. Et il semble y avoir un consensus assez prononcé parmi toutes les courants politiques de l’assemblée départementale.
    Que fait on au sommet de l’état de la filière bio :
    « Dix millions d’euros, c’est le montant du « fonds d’urgence » octroyé à l’agriculture bio en crise par le ministre de l’Agriculture Marc Chesneau, le 1er mars, et mis en œuvre depuis le 21 avril. Soit « 166 euros » par ferme bio, a calculé la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), choquée du « mépris » du gouvernement. D’autant que des centaines de millions d’euros d’aides ont été versés à l’agriculture conventionnelle, entre autres à la filière porcine il y a un an. ». (Alternatives économiques mai 2023).
    Donc les agriculteurs profitent de l’argent public pour délivrer une alimentation toxique. Cette logique marchande fait de l’alimentation un produit du marché financier.
    Si l’eau fait partie des biens universels, inaliénables ( quoique avec Volvic), alors les citoyens doivent avoir leur mot à dire sur ce qu’ils veulent dans leur assiette, quels produits, quelle qualité, quels couts?

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