Chassez le naturel, il revient au galop

Quatre. C’est le nombre de recours au 49.3 par le gouvernement ces dernières semaines. Quatre en quinze jours exactement. La première ministre Élisabeth Borne a dégainé cette arme politique quatre fois pour faire adopter deux parties de chacun des projets de loi de finance. Le premier sur les recettes et dépenses du budget de l’État, le second sur les recettes et dépenses du budget de la Sécurité Sociale. La dernière utilisation du 49.3 a eu lieu mercredi à l’Assemblée. Elisabeth Borne a une nouvelle fois engagé la responsabilité de son gouvernement sur la première lecture du projet de loi de finances.

En effet, le gouvernement engage sa responsabilité. Ça veut die qu’il se soumet à une éventuelle motion de censure qui, si elle est adoptée, le renverse. Mais celles portées par l’opposition ou certains de ses groupes ont toutes été rejetées jusqu’alors.

Passage en force

Avec l’utilisation à répétition de cet instrument, de nombreux sujets comme la recherche ou les collectivités n’auront pas leur place dans les débats. En effet, le 49.3 permet l’adoption d’un texte sans vote sur la première lecture. Le gouvernement peut l’utiliser autant qu’il le souhaite lorsqu’il s’agit des lois de finance, à la différence d’autres projets ou propositions pour lesquels il ne peut l’invoquer qu’une fois par session parlementaire.

Source : Libération

Pire, lorsqu’il dégaine le 49.3, le gouvernement définit le contenu du texte de loi en question comme il le souhaite sans tenir compte des amendements adoptés lors des discussions parlementaires. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé pour la première partie du budget. Aucun amendement déposé par LFI par exemple, n’a été retenu. Les Insoumis ont d’ailleurs déposé une mention de censure à chaque utilisation du 49.3 Les autres groupes n’ont pas souhaité suivre lors du dernier dépôt, souhaitant pour certains ne pas banaliser cet instrument.

Si pour la deuxième partie du texte, l’exécutif promet de ne pas balayer toutes les propositions de l’opposition, les amendements de 12 milliards d’euros pour la rénovation des passoires énergétiques portés par la gauche n’en feront pas partie. Un Coup de force parlementaire qui en dit long sur la vision de la démocratie que se fait la macronie.

La honte

Hier, jeudi 3 novembre, la séance de questions au gouvernement prend prématurément dans l’hémicycle. La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet ordonne une suspension de séance après un épisode raciste qui provoque l’indignation.

Lors d’une intervention de Carlos Martens Bilongo, député LFI du Val-d’Oise sur l’immigration clandestine, le député Rassemblement National Grégoire de Fournas lance sa phrase nauséabonde. « Qu’ils retournent en Afrique » ou « qu’il retourne en Afrique ». La bataille sémantique commence. Des FI disent avoir entendu ceci, des RN ont plutôt entendu cela, l’un se défend, l’autre accuse une déformation des propos. Nous, on tient à rappeler que quelle que soit l’une des deux phrases, elles sont toutes les deux racistes. Interdites par la loi. Intolérable. La honte. Alors que Louis Aliot continuait le matin même, sur France Inter, la stratégie de la douce et lente dédiabolisation de ce parti d’extrême droite, le RN a une fois de plus montré son vrai visage à l’Assemblée. Chassez le naturel, il revient au galop.

Indignation générale

Plusieurs cas de figure : le député concerné est passible d’une censure simple, soit la privation pendant un mois de la moitié de son indemnité parlementaire. La censure avec exclusion temporaire, c’est-à-dire la privation pendant deux mois de la moitié de l’indemnité avec interdiction de prendre part aux travaux de l’Assemblée et de se rendre au Palais Bourbon pendant quinze jours est aussi possible.

Un rassemblement en soutien au député insoumis a été organisé par LFI devant le Palais-Bourbon aujourd’hui à 13h. Jean-Luc Mélenchon a réclamé sur Twitter la « déchéance et l’exclusion de l’injurieur ». Le camp présidentiel (Renaissance) s’est également indigné et informe qu’il ne siégera pas tant qu’une sanction lourde n’aura pas été prise.  

Un peu de douceur

Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie. Il n’a sa place nulle part. Une exposition nous le rappelle. C’est « Mondes Tsiganes : la fabrique des images Une histoire photographique, 1860 – 1980 », à l’Hôtel de Ville de Gerzat. L’expo explore le rapport de la photographie aux Roms, Manouches et Kalé-Gitans. Perçus comme des éternels errants, comme menaçant et suspects, intrigants et fascinant. Les multiples représentations de cette communauté sont présentées et révèlent la construction des stéréotypes dont elle a souvent été victime. Le tout permet de comprendre les origines d’une discrimination qui perdure encore aujourd’hui. L’exposition itinérante du Musée National de l’Histoire de l’Immigration est à voir Du 07 au 30 novembre.

Des valeurs universelles par la danse

La semaine prochaine, c’est aussi le retour des incontournables Trans’urbaines (du 8 au 13 novembre à Clermont). En complicité avec le chorégraphe Mourad Merzouki, l’association Prémudanse pro­pose une programmation riche mettant à l’honneur le mouvement hip-hop. Spectacles de compagnies reconnues ou émergentes, temps de rencontres et de pratiques artistiques, six jours de festivités au total. Pour la première fois, le festival accueille l’un des événements les plus originaux de la sphère hip-hop : les Hip-Hop Games.

Sinon, on sait que l’actualité a été particulièrement lourde ces derniers temps alors on vous parle enfin d’un spectacle qui se jouera à la Comédie les 8 et 9 novembre. Du bout des doigts de Gabriella Iacono & Grégory Grosjean revisite une douzaine de décors miniatures filmés en direct et projetés simultanément en fond de scène, qui reflètent avec minutie les changements des époques traversées. Un voyage qui fait traverser les événements marquants de l’Histoire, comme la montée au pouvoir d’Hitler, les manifestations de mai 68 ou encore les premiers pas de l’Homme sur la Lune.

Du Bout Des Doigts ©julienlambert 48

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