Procès en appel de Stéphane Trouille, délibéré le 2 juillet

Jeudi 4 juin 2020, Stéphane Trouille comparaissait en appel avec Tom. Ils sont tous les deux poursuivis pour  » Violences en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique » lors d’un rassemblement Gilet jaunes en décembre 2018.

C’est une histoire de fou . Stéphane, avec un sourire indécrottable mais la rage au ventre, n’a de cesse de raconter son histoire incroyable. Nous en avions fait un article ici . Stéphane, le 8 décembre 2018, avait vu des scènes de violences avec des gens au sol. aussi, pour tenter de faire stopper un homme qui s’acharne sur des personnes à terre, il met un coup de pied, à deux reprises, en lui disant d’arrêter. Il comprend vite, mais trop tard, qu’il vient d’asséner des coups au chauffeur du directeur de la police de la Drôme. Pour ces trois coups de pieds qu’il aura mis afin de tenter de libérer une personne blessée par les coups de la police, Stéphane se fera rattraper et tabasser par les forces de l’ordre. Envoyé en garde à vue, puis à l’hôpital. Recousu à deux endroits du crâne. 9 points de suture au total, et des hématomes aux côtes.

Trois coups de pieds au chauffeur du chef de la police qui tabassait des gens au sol méritent 18 mois de prison, alors que les forces de l’ordre m’ont amoché à vie, puisqu’il a fallu me recoudre le crâne à deux endroits…Et ce sont eux qui demandent des indemnités  »

Stéphane Trouille

Après quelques jours de préventive, le procès se déroulera en décembre 2018, en pleine polémique sur les violences policières qui sont dénoncées lors des rassemblements Gilets Jaunes. ILlprendra 18 mois de prison dont 12 mois fermes. Avec son avocat, Raphaël Kempf, il décide de faire appel.

«  Le procès s’est déroulé à huis clos au tribunal de Grenoble. C’était bizarre ce huis clos de la justice alors que les magasins et les parcs d’attraction sont ouverts.  » Un rassemblement des soutiens de Stéphane, mais aussi de Tom, un jeune cordiste, qui a été condamné pour les mêmes faits que Stéphane s’est tenu devant le palais de justice.  » L’ambiance était plus calme, et le procureur connaissait bien l’affaire, il avait fouillé dans les articles etc. Les policiers ont reconnu les faits de violence. Les forces de l’ordre ont reconnu les faits, le chef de la police est resté réservé, mais a admis que c’était probable de ne pas voir leur brassard et qu’ils s’étaient identifiés oralement avant mon intervention  »

Stéphane le sait, il n’est pas du même monde. Vidéaste réalisateur, collaborateur pour de nombreux médias indépendants dont Mediacoop, il a, depuis sa première condamnation, obtenu le statut d’intermittent, avec de nombreuses dates programmées.  » Ca reste pour les gens de la bourgeoisie , des métiers précaires. Au tribunal, ce sont deux mondes qui s’affrontent. La juge n’a pas cru Tom quand il lui a dit qu’il était intérimaire depuis 4 ans, elle ne savait pas cela possible.  »

Le délibéré de l’appel sera connu le 2 juillet 2020. Stéphane espère ne pas avoir de prison ferme. Il a de nombreux cachets à honorer dans les mois à venir, une petite fille à élever. malgré tout il ne peut s’empêcher de douter.  » Ce procès qui a duré trois heures quand même était bizarre, par exemple, le greffier à qui on demande juste de passer la vidéo, a fait des arrêts en commentant, en insinuant que j’aurais pu voir le brassard de l’homme à qui j’ai mis un coup de pieds. La juge ne nous a pas donné la parole en dernier, comme le protocole l’exige normalement. Alors, on verra bien, le procureur a demandé à ce que je porte un bracelet électronique. Mon avocat et moi nous nous y opposons fermement. Cela m’empêcherait de travailler, et puis, je ne suis pas un homme violent, j’ai mis un coup de pied pour faire reculer un homme qui frappait des gens.  »

Nos actionnaires, c'est vous.

Aidez-nous à rester gratuit, indépendant et sans pub :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

nos derniers articles
Cet article vous a plu ?

Soutenez le Cactus !

Le journalisme a un coût, et le Cactus dépend de vous pour sa survie. Il suffit d’un clic pour soutenir la presse indépendante de votre région. Tous les dons sont déductibles de vos impôts à hauteur de 66% : un don de 50€ ne vous coûte ainsi que 17€.