Depuis que Clermont-Ferrand est le théâtre de travaux, bouleversant les habitudes, et les trajets, nombre de rumeurs, débats ont lieu en place publique. Souvent, les décisions municipales sont remises en question, notamment par l’opposition et parfois par quelques usagers.
Nous avons voulu en savoir plus sur la façon dont se déroule la mise en place du réseau de chaleur qui a immobilisé nos voitures dans d’interminables bouchons.
Rassurons-nous ! « Les travaux sur la voirie publique sont terminés, cela a représenté plus de 20 kilomètres de nouveau réseaux » déclare Remi Chabrillat, président de Clauvae, et conseiller métropolitain. « Il ne reste qu’à faire les raccordements d’immeubles, notamment à Saint-Jacques. » Des travaux qui ne devraient plus donc altérer notre circulation.
En quoi consiste ces travaux ?
Il s’agit de suivre les normes nationales en terme environnemental, en mettant en place un réseau de chaleur efficient. Ainsi, le réseau qui est actuellement à l’ouvrage permettra la distribution de chaleur au CHU, à l’université, plusieurs milliers de logements sociaux (essentiellement chez Assemblia) et à plus de 200 copropriétés, du côté du boulevard Lafayette. 68 % de l’électricité sera fourni par l’incinérateur clermontois, le reste sera tiré de la chaufferie installée sur le campus des Cézeaux.
Clauvae, c’est quoi ?
Clauvae appartient à hauteur de 66 % à Idex, une entreprise qui détient de nombreuses activités en France et embauche plus de 7000 personnes. La structure travaille notamment dans le domaine du chauffage, de la climatisation, dans la revalorisation énergétique. Idex Energie est le gros pôle de la société.
Idex a donc pris 66 % de parts dans Clauvae aux côtés de la métropole clermontoise qui elle, est commanditaire et gestionnaire du réseau. Cependant, la régie publique n’avait pas les moyens financiers ni les compétences pour installer et maîtriser les réseaux de chaleur. A la manière d’une délégation de service public, elle s’est donc associé avec l’entreprise qui a remporté l’appel d’offres, face à Engie et Dalkia, 2 autres sociétés spécialisées dans l’Energie.
Ce montage entre une régie publique et une société privée est légiféré depuis une loi de 2014. Cela s’appelle une Société d’Economie Mixte à Opération Unique, SEMOP.
Ainsi dans le conseil de surveillance on retrouve 4 élus pour représenter la métropole aux côtés des différents dirigeants d’ IDEX. Le capital de Clauva est de 3,2 millions d’euros. La métropole a investi 1 million d’euro, pris sur son budget.
Qui paie ?
Les SEMOP tendent à se développer en France mais après Amiens, Clermont-Ferrand reste une des premières villes à avoir opté pour cette configuration.
Mais alors, où va l’argent ?
L’investissement sur le réseau a représenté environ 75 millions d’euros, 22 millions apportés par l’Ademe, 10 millions par les certificats d’economie d’energie et Idex a apporté le reste, soit 43 millions d’euros.
La métropole n’a donc pas participé à l’investissement matériel sur le réseau. C’est le principe même de l’opération qui est majoritairement financé par une entreprise privée et non par l’argent public.
Fonds développement durable
Idex, pourra récupérer l’argent investi grâce aux abonnements des usagers et à la maintenance du réseau. La métropole, quant à elle, « ouvrira un fonds Développement Durable pour financer notamment des opérations de rénovation énergétique. Il sera investi par les recettes supplémentaires issues de futures commercialisations. Mais il faut d’abord absorber les augmentations de coûts du chantier. » Selon Rémi Chabrillat qui explique : « il faudra un peu de temps, car en cette période, les travaux ont coûté plus cher que prévu. »
Pour les salariés d’Idex, c’est toujours pareil : « Notre entreprise a investi avec des fonds publics puisqu’elle a eu l’aide financière de l’Ademe. Et, une fois les travaux rentabilisés, tout l’argent ira aux actionnaires, puisqu’aucune embauche n’est prévue chez Clauvae. » Déplore l’un d’eux avant de continuer : « On bosse pour enrichir les déjà riches. »
En attendant, les travaux devraient se terminer à l’automne. Les personnes qui pourront bénéficier du raccordement paieront leur chauffage à prix bloqué, puisque la métropole a signé un prix garanti de la chaleur.
Pour mieux comprendre, il faut imaginer que le nouveau réseau permet un chauffage central mais à l’échelle de plusieurs quartiers. Les habitations raccordées pourront en bénéficier dès l’automne.
