Ici, les Ateliers ne sont pas des établis solitaires au fond du jardin
Un atelier d’artiste : on s’imagine facilement le petit établi au fond du jardin dans lequel le peintre s’enferme seul pendant des heures, au milieu des toiles inachevées et des bocaux remplis de pinceaux. Un lieu solitaire et plein de secrets.
À la Diode, l’atmosphère est différente. Trois hangars ont été réaménagés pour accueillir l’association Artistes en Résidence et le collectif les Ateliers, respectivement crées en 2011 et 2012. Dans cet espace de plus de 1500m2 qu’ils occupent depuis désormais un an, les visions et les techniques artistiques se croisent, se rencontrent, s’inspirent.
L’entrée se fait dans une immense pièce aux murs blancs où les expositions se succèdent, mais ne restent jamais bien longtemps. Celles et ceux qui le souhaitent ont ainsi la possibilité de présenter leurs recherches aux autres, en petit comité. Parmi les espaces communs, un coin bibliothèque et une cuisine rendent l’ambiance conviviale, presque familiale. Lors de notre visite, une résidente prépare des cakes pour la projection vidéo organisée le soir-même.
Avoir Une chambre à soi
D’un côté de la grande salle centrale, on arrive dans l’espace de l’association Artistes en résidence. Leur objectif est d’offrir aux artistes des moyens financiers et techniques pour travailler sereinement. En plus de l’espace de travail qu’elle met à leur disposition et d’une rémunération, l’association loge ses résidents dans un appartement en centre-ville. Seuls trois personnes peuvent simultanément bénéficier de ce dispositif, autant que de chambres disponibles dans la colocation.
Des conditions idéales pour créer qui ne sont pas sans rappeler le questionnement de Virginia Woolf dans son essai Une chambre à soi : pour qu’une femme puisse produire une oeuvre littéraire, il lui faut a minima un lieu à elle, dédié à la création. De même pour les artistes.
Une réflexion sur le lieu de création
Du côté des Ateliers, une réflexion s’engage également sur le lieu de création, mais le fonctionnement du collectif diffère. Un forfait de location à très bas coût permet aux artistes-plasticiens professionnels de bénéficier d’un compartiment de travail pour une durée allant de six mois à un an.
Des couloirs qui serpentent entre les ateliers, on aperçoit des tableaux, des sculptures, des photos. Des tables pleines de pinceaux, de peinture, de matériaux divers qui trônent au milieu des murs blancs et qui délimitent les espaces sans les fermer complètement. Les travaux des artistes sont là, à la vue de tous.tes. « Les ateliers sont ouverts, ça circule beaucoup », commente Sébastien Maloberti, membre du collectif.
« Un point de rencontre pour elles et eux »
L’aspect social est une dimension très importante de leur démarche. Parmi d’autres programmes, Artistes en Résidence organise des résidences croisées qui leur permettent d’accueillir des artistes venus de toute l’Europe, et réciproquement d’envoyer des artistes locaux à l’étranger. Leonore Parda fait partie des artistes acceuillis sur le mois de juin : venue du Portugal, elle repart à Porto pour l’été et reviendra en Septembre exposer son travail.
« Je cherchais un atelier qui soit aussi un lieu de rencontres et d’échanges avec d’autres artistes », m’explique Florent Terzaghi. Il loue un espace de travail des Ateliers depuis le mois de janvier. « Cela m’a permis de rencontrer des artistes dont je suis le travail depuis des années, comme Anne-Marie Rognon, et d’en rencontrer d’autres. Pouvoir échanger avec eux est vraiment quelque chose d’épanouissant. »
Travaux de Florent Terzaghi
Partage et entraide
Les artistes disposent également de matériel mutualisé qui leur permet de s’initier à des techniques coûteuses : « par exemple, ici, il y a un four à céramique ! » se réjouit Leonor. Travaillant beaucoup avec des matériaux de construction, de la vidéo ou de la musique, elle profite de sa résidence pour essayer de nouvelles choses.
Contrairement à d’autres résidences, ici, pas d’attente de production finale. « C’est une résidence de recherche », m’expliquent Isabelle Henrion et Bruno Silva qui gèrent l’association et conseillent les artistes. Tout est mis en place pour les aider à progresser dans leur travail, mais aussi pour leur laisser le temps d’expérimenter et même d’échouer.
Les candidatures sont nombreuses, et les locaux ne sont ouverts qu’aux artistes-plasticiens professionnels, sur dossier.
Les Ateliers : http://lesateliers.eu/
Artistes en Résidence : http://www.artistesenresidence.fr/fr
1 réflexion sur “Là où travaillent les artistes – les hangars partagés de la Diode”
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