VIDEOBAR #91 : Eglè Razumaitè à l’écran !

C’est l’été. Les grands axes se vident et les rues aussi. Mais si Clermont-Ferrand ralentit un peu, la culture elle, ne fait pas de pause. Lundi soir, la semaine commençait avec le VIDEOBAR numéro 91, le dernier de l’année.

Projets entremêlés

VIDEOBAR, c’est des soirées de projections, de découvertes et de discussions autour d’artistes dans le vent qui ne demandent qu’à se dévoiler au public. Depuis 2008, dans l’ambiance unique de la Galerie de l’Art du Temps, dans la Chapelle de l’Oratoire, VIDEOFORMES assure cette mission de performances ponctuelles et toujours originales. L’occasion pour des artistes du monde entier d’expérimenter des disciplines variées, de gagner en expérience et de se confronter aux spectateurs.

Le tout organisé par VIDEOFORMES donc, acteur majeur de l’art contemporain numérique et vidéo. Tout le monde connaît déjà son festival dont l’édition 2022 se déroulait entre le 17 mars et le 3 avril.

L’événement de lundi pouvait compter sur d’autres bonnes étoiles puisque il est soutenu par le projet de Capitale Européenne de la Culture, l’Institut Français de Lituanie et que l’artiste présentée est intégrée à l’association Artistes en Résidence située, comme VIDEOFORMES, dans les locaux de La Diode (on en parlait la semaine dernière.).

Eglė Razumaitė

Eglė Razumaitė est une artiste et cinéaste lituanienne. Avant de fonder le studio de cinéma analogique Spongé, cette dernière passe par la philosophie. Ses travaux, principalement audio-visuels ou photographiques se penchent sur les questions de l’espace et de ses appartenances ; de la violence, des groupes sociaux ou de l’inclusion/exclusion des populations des centres de pouvoir.

Le lieu, l’appartenance, la violence

18h30. Les portes de la galerie s’ouvrent. On pénètre dans l’ancienne chapelle avec toujours cette même impression d’être dominés par le lieu. Ce soir, c’est Eglė Razumaitė qui prend possession des murs. Cette dernière a remporté le prix JCDecaux de Lituanie en 2021 pour son installation Radical tolerance. Pendant la soirée, trois de ses films sont projetés.

Notes from the underground a été réalisé en 2020. Il s’agit ici de passerelles entre Paris et Vilnius et de géographie. Ou plutôt, de périphérie géographique mais aussi sociale. Comment la séparation physique est-elle liée à la séparation sociale ? Quels-en sont les héritages ? À travers la banlieue parisienne et « l’underground-Vilnius », l’artiste questionne la France post-coloniale et la Lituanie post-soviétique.

L’identité est le fil rouge du second film proposé, Origin record, qui présente des villages à travers les mots de leurs habitants actuels ou passés. Les témoignages de citoyens d’âges différents mettent en lumières les visions de leurs villages et de leur appartenance à ce lieu entre occupation soviétique et transformation du monde agricole. Deux formes de violences, différentes mais parfois semblables.

La violence, c’est l’un des thèmes du troisième film, The Fall, qui questionne, entre autres, ses différentes formes, son utilisation et ses raisons.

Work in progress

Eglė Razumaitė est en résidence à la Chapelle de l’Oratoire pour écrire son prochain film. Pour ce projet, elle souhaite aborder le corps des femmes comme un champ de bataille politique et la biochimie comme force naturelle violente. L’occasion de s’inspirer des théories des philosophes Henri Lefebvre et Michel de Certeau sur les thèmes de la transformation de la vie quotidienne et de la production de nouveaux espaces. « Aujourd’hui, en Lituanie, on passe son temps à regarder les informations. », expliquait l’artiste, invoquant ici le conflit en Ukraine.

En confrontant le corps des femmes et la notion de territoire, cette dernière interprète ces corps comme des lieux possibles pour des champs de bataille politique. L’artiste pose notamment son regard sur des adolescentes ukrainiennes dont le pays subit actuellement la guerre. Son travail consiste également à étudier les différents processus biochimiques comme une force naturelle violente, incomprise et surtout incontrôlée.

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