Nice. Son soleil et sa mer. Son maire aussi. Moins drôle. Et une petite bande de copains qui crée un nouveau journal « Mouais! ». Ils décident pour se donner du courage, de faire la fête, et surtout d’échanger et créer des rencontres de Médias Libres. Nous y sommes allés. Et nous n’avons pas été déçus du long voyage…
« Tu viens de Clermont ? » s’esclaffe Seb du Ravi. Un peu moqueur, le marseillais n’hésite pas à passer commande de Cantal et Saint-Nectaire, en échange de m’attendre, son canard sous le bras, gare Saint-Charles. Le mensuel phocéen est un peu à la bourre dans le bouclage, me voilà donc à corriger la dernière version. J’y apprends toutes les dernières nouvelles de Renaud Muselier et du RN local. Du coup, je reprends un café. Une fois que Seb a retrouvé sa voiture, prêtée il ne sait plus à qui ni où, j’embarque avec Alicia, stagiaire au Ravi, dans la super kangoo. Direction Nice. En fait, pas tout à fait…A 10 kilomètres, mais 30 minutes de Nice…Parce que c’est beau, on ne va pas se mentir. Ca sent la mer, et les vieilles pierres. Mais, nous avons rendez vous dans la ferme de Sauréa. Je pense que mon GPS déconne. « On est à 4 kilomètres mais il dit qu’il nous faut 17 minutes. » Explosion de rire dans la voiture. Seb ne doute pas une seconde de sa Kangoo. « 4 kilomètres. On y est dans 5 minutes, les gonzesses. » Mais, on voit le visage d’Alicia changer d’expression tout à coup. Elle a levé les yeux au ciel, pointé du doigt notre lieu arrivée. Ca va monter, et tourner. C’est un chemin qui nous attend, avec du vide sur la droite. Et des virages. Beaucoup de virages. Heureusement, le propriétaire des lieux est devant avec son camion, la remorque remplie de marmots habitués, qui se penchent en se marrant. On ferme les yeux. Même Seb le conducteur.
Retrouvailles et découverte
On arrive, au bout de 16’26. (Vraiment de la bonne came le Kangoo !) et on découvre un paysage à couper le souffle. Le soleil commence sa descente et éclaire les monts à perte de vue. Certains tapent sur leurs poches pour vérifier qu’ils ont bien pris assez de clopes pour le week-end. Faudrait pas avoir besoin de redescendre !
Les copains de l’Âge de Faire sont déjà installés. Lisa, Fabien et Clément. Nos seules têtes connues. Tous les autres sont bien plus jeunes et chevelus que nous. Ils débarquent de Montpellier et travaillent au Poing (avec un G, pas avec un T vous dirait Elian, en école de journalisme à Grenoble, et bénévole au canard) ou à la Mule du Pape (un journal créé après les Gilets Jaunes). Petit à petit, on repère les gens du Mouais, ils ont des t-shirts rouge à l’effigie de leur titre. Parmi eux, Jérémie, croisé à des festivals anti-mines, et par hasard à Exarcheia, alors qu’on tournait nos films. Il a rejoint la bande. « Je gère un peu tout ce qui est Internet, mais aussi dossiers, etc… » Edwin et Philémon passent chaleureusement mais en coup de vent, ils mettent tout en place. La scène, des concerts, des projections, des ateliers-débats, le bar, la cuisine, les toilettes sèches. Ils n’ont rien oublié. Ce sont des habitués, le financement de leur journal émane beaucoup d’événements qu’ils proposent.
Echanges et projets
Très vite, on parle de chacune de nos difficultés, de sous, de nos projets, de notre actualité. Jocelyn arrive de Colmar, il a une émission radio sur les « Medias Pas Pareils ». Radio Agora a fait le déplacement aussi pour des tables rondes, et des émissions sur place. On retrouve Julien du Trou des Combrailles, (de Creuse, donc tout aussi étonné que moi de la chaleur !). Les copains de Primitivi arrivent plus tard, et on ne peut s’empêcher de parler de Michel Fiszbin, l’un des fondateurs de Carbone 14 et Zaléa TV. Il y a plus de 20 ans, on organisait déjà des rencontres comme celle-là. Le représentant d’Acrimed, Olivier Moreau, confirme.
Mutualisation de moyens et enquête collective
Le lendemain c’est La Brique, CQFD, L’empaillé, L’Arlésienne, Le Nouveau Journal, Transrural, la revue Silence qui rejoignent les festivités. Après un bon café, en bonne auto-gestion, on organise un tour de table, on se présente, et on affiche nos attentes. Les jeunes veulent vivre de leur canard, d’autres veulent mutualiser les moyens. Nous, on propose une enquête collective. On se donne les bons tuyaux et les mauvaises adresses. On parle politique aussi, forcément. Et pendant tout ce temps, dans l’ombre et la bonne humeur, plusieurs bénévoles nous ont concocté un super repas. On peut aussi acheter des produits de la ferme. Boire de la bière locale ou de la citronnade maison.
L’après-midi, après une plénière sur ce qu’est le journalisme, on se partage en plusieurs ateliers. Lien entre « sciences sociales et journalisme » ou « cambouis ». Nous, on a préféré aller mettre les mains dedans et choisir donc la deuxième option. On a pu définir la suite de ces rencontres avec des projets communs et les choses à faire pour la suite. Notre Coordination Permanente des Medias Libres (CPML) relancée en 2014, lors des rencontres à Meymac (19) se voit donc reboostée. Il ne reste qu’à décider de comment élargir nos forces de frappe, en mutualisant des sujets, des postes, d’un groupement de nos titres. Philippe Merlant propose alors sa deuxième Conférence Gesticulée, malgré quelques petits ratés techniques.
Bientôt la suite !
C’est en allant boire une (ou deux) bières au bar, qu’on a pu terminer nos conversations et nos espoirs. On partira tôt le dimanche matin, le soir, on a un tournage au sommet du Puy-de-Dôme. On y retrouvera le brouillard et le froid ! Mais la journée de dimanche a permis de consolider les liens et développer le débat.
A Mediacoop, on attendait que ça, de donner le flambeau à la nouvelle génération de jeunes journalistes et médias engagés. Ce week-end à Nice, on a pu apprécier le fait qu’ils ne sont pas une chimère. Encouragée par les valeurs et une bonne doses d’amitié, l’équipe de Mouais nous a offert un nouveau voyage en Utopie, tout en concrétisant le lien essentiel que doivent entretenir les médias indépendants.
Bref, vous entendrez parler de nous, bientôt !