Trois mois de chaos politique. Après les élections européennes, une dissolution, un vote à deux tours, une victoire de la coalition de gauche et un revers pour le parti présidentiel, Emmanuel Macron a surfé sur la vague des Jeux Olympiques puis a joué la montre à coup de consultations qui n’en finissent plus.
Tout ça pour… nommer Michel Barnier vieux briscard de la politique qui vient d’une coalition arrivée 4ème aux législatives de cet été. Si être 4ème signifiait gagner, on aurait surement eu plus de médailles aux JO. Mais il fallait bien, pour le président, satisfaire le RN pour éviter le blocage. Le parti d’extrême-droite a en effet indiqué ne pas vouloir censurer le prochain gouvernement.
Un demi-siècle de vie politique
C’est jeudi qu’Emmanuel Macron a nommé son premier ministre. Michel Barnier, de droite, issu de LR. Soutenu donc par le parti présidentiel et les Républicains mais qui ne disposera pas pour autant de majorité à l’Assemblée. Mais qu’importe, celui qui détient désormais, à 73 ans, le record du plus vieux premier ministre de la Vème République est connu pour être un fin négociateur. C’est notamment lui qui était en charge des négociations lors du Brexit.
Très européen et macron-compatible, le vieux briscard qui collait déjà des affiches pour la campagne du général De Gaule pendant son adolescence traine un demi-siècle de politique derrière lui. Avec un bilan pas toujours reluisant. Depuis quelques jours, on se souvient par exemple dans les médias que ce dernier a voté, dans les années 1980 contre la fin d’une discrimination homophobe.
Depuis sa nomination, la gauche et de nombreux citoyens n’ont de cesse de dire leur colère. Aujourd’hui, 150 rassemblements étaient prévus dans toute la France.
Sous le crachin
Le ciel menaçant n’a pas empêché les participants de s’amasser au centre de la place. Les pancartes se chevauchent au-dessus des têtes. « On refuse d’avoir à un gouvernement qui nommé par un premier ministre qui a voté contre l’IVG et contre la dépénalisation de l’homosexualité », nous dit une étudiante clermontoise. « Là, c’est faire plaisir au RN sans l’élire directement. On a appelé au Front républicain et on a le front national », ironise un jeune homme, à côté d’elle. Changement de génération. Un groupe de retraités discute aussi de Barnier. « On ne peut qu’être énervés. On nous demande de voter et on n’en tient pas compte. Il y a peu de monde ce matin mais les gens sont assommés », indique une des dames du groupe.
Motion de censure
Sous la statue de Vercingetorix, les organisations de jeunesse à l’appel du rassemblement prennent la parole tour à tour. Le mot d’ordre : « ne pas céder au fatalisme ». Marianne Maximi, députée LFI du Puy-de-Dôme prend le micro : « Dans toutes les démocraties, c’est la coalition arrivée en tête qui est nommée. Le choix de Barnier, c’est écraser le barrage républicain. Nous demandons à ce que l’Assemblée Nationale puisse se réunir en session extraordinaire pour porter une motion de censure ».
Une volonté que partage Nicolas Bonnet, élu de la 3ème circonscription du Puy-de-Dôme qui souligne à quel point l’épisode politique que nous venons de vivre permettait de comprendre la toute-puissance du président.
Dans les prochains jours, le nouveau premier ministre va annoncer un gouvernement qui devra survivre au dépôt d’une motion de censure. Exercice périlleux qui, on l’espère, ne prendra pas autant de temps qu’en a pris le président pour nommer Michel Bardnier.
En attendant, les participants au rassemblement scandent « Macron démission, Castets à Matignon » et appellent à la signature en masse d’une pétition en ligne « Macron destitution ». Les organisations politiques et syndicales appellent déjà à une journée de mobilisation le 1er octobre.