Luxfer : « On savait que ce serait long »

Ce jeudi 8 juillet, l’audience aux prud’hommes des salariés de l’entreprise Luxfer de Gerzat a été renvoyée au 10 mars 2022, puisque l’entreprise Luxfer n’a pas rendu ses conclusions à temps. Les salariés qui se doutaient du renvoi étaient pourtant fortement présents dans la salle des prud’hommes. Ils poursuivent leur entreprise pour licenciement abusif.

« Vous n’étiez pas obligés d’être là, mais vous démontrez que vous êtes toujours mobilisés » explique Maître Borie, l’avocat des victimes à la sortie du tribunal, avant de poursuivre : « On gagnera sur les indemnités, et vous gagnerez dans la reprise de votre entreprise, on a espoir. »

Des ex-salariés présents en masse

Après une lutte acharnée pour pouvoir reprendre leur usine sur le site de Gerzat, les ex-Luxfer ont bien compris que leur ancienne enseigne ne leur laisserait rien. Pas une parcelle. Pas une machine. L’entreprise veut garder le monopole et fait donc tout pour qu’aucune entreprise ne puisse être refondée. Et les dirigeants connaissent le savoir-faire unique des travailleurs du site de Gerzat. Les ex-salariés ont terriblement souffert de perdre leur usine. Maître Borie d’ailleurs le souligne : « Vous êtes des blessés de l’accident industriel, et on vous doit des dédommagements. »

De nouvelles pistes pour une nouvelle usine

Axel, représentant syndical CGT et figure désormais célèbre de Luxfer, ne perd pas espoir lui non plus. « On a un engagement financier de l’Etat, on a une promesse du président de la métropole qui, durant la période électorale, a parlé de 15 millions d’euros, on attend la proposition de la Région, mais avec l’apport de notre repreneur, on parviendrait à boucler notre budget pour démarrer notre activité. »

40 sur 136 ont retrouvé un travail

Une fois le budget et le site trouvés, il restera de longs mois avant que les ex-Luxfer retrouvent le chemin du travail. « On ne pourra pas reprendre tout le monde, tout de suite » Explique Fred, représentant CFDT « Seules les personnes pour le développement de la structure seront embauchées dans un premier temps, mais notre but est de pouvoir redonner un travail à chacun. Aujourd’hui, 3 ans après la fermeture, seuls 40 sur les 136 ont retrouvé un boulot stable, c’est-à-dire un CDI, un CDD de plus de 6 mois ou une formation longue. »

Luxfer veut saboter tous nos projets pour garder le monopole

Alors chacun attend avec impatience le nouveau projet qui se dessine de plus en plus. « Luxfer n’a pas été tendre avec nous. Ils nous ont licenciés prétextant perdre de l’argent, mais pour rester propriétaire de leur site, et ne pas nous le revendre, ils ont réinjecté 14 millions d’euros. Alors de l’argent, ils en ont quand ils veulent ! Ils ont peur de nous, ils connaissent notre savoir-faire. »

Luxfer a donc décidé de laisser en l’état, le site. A l’abandon. Sauf qu’il mériterait d’être dépollué de façon urgente. « Et ils ne le font pas jusqu’au jour, où ils vont se débarrasser du site et ce sera aux contribuables de payer. C’est tout bonnement scandaleux » explique un ex-salarié.

Des scandales à la pelle

Et des scandales, les salariés en racontent à la pelle. Comme l’indemnité mirobolante de départ de l’ancienne DRH, alors qu’eux étaient licenciés économiques. Et depuis 3 ans, ils s’attachent à rebosser ensemble un jour. Ils sont formés pour ça, pour développer des produits forgés et filés. « On entend partout que les gens profitent du chômage, ben c’est faux, on veut rebosser, nous, on veut retourner à l’usine. » Raconte un quadra. « 20 ans à Luxfer. Mon père avant moi. C’est un deuil à faire. C’est un monde à reconstruire. On sait que ce sera long. Mais le monde qu’on va se reconstruire, je te le dis, il sera putain de beau. »

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