Simon sirote sa grenadine en alternant avec un café. « Ca aide à bien démarrer la journée. » Porte-parole de RESF, Simon Lamure vient de distribuer des tracts devant la maison de la culture. « Les gens accueillent bien le discours quand on leur dit que des enfants dorment à la rue. Ca indigne tout le monde, mais la réalité reste la même, voire empire. »
Pour lui, une centaine d’enfants vivent dans l’instabilité, à Clermont-Ferrand. « Une trentaine dort dehors. »
Une politique qui ne protège plus les plus vulnérables
Il rejette la responsabilité sur le préfet qui a mis en place la dégradation de la prise en compte de la vulnérabilité. « Avant le seuil de vulnérabilité était jusqu’à 3 ans, désormais, il est à 2 ans. Cela signifie que les enfants ne sont protégés que les deux premières années de leur vie, et encore. » S’interrompt Simon avant de reprendre: « On a eu un bébé de 19 mois à la rue, cette semaine. »
Le représentant de RESF ne comprend pas toujours les décisions préfectorales. « On a un préfet qui applique la politique nationale avec dureté mais qui est aussi capable de débloquer des appartements pour les mineurs isolés tout en réduisant les titres de séjours de 6 à 3 mois, ce qui engorge les services. »
Des services préfectoraux en difficulté
Des services préfectoraux qui connaissent de grosses difficultés, avec de nombreuses mutations et une restructuration basée sur des contractuels. « Et on sait que le problème c’est la régularisation des papiers. Beaucoup de retards ont été observés même dans la reconduite des titres de séjour, bloquant par exemple des personnes à aller travailler. »
A Clermont-Ferrand, certaines personnes attendent leurs papiers depuis plus de 15 ans, selon RESF. « Des enfants sont nés en France il y a une quinzaine d’années mais leurs parents ne sont toujours pas régularisés et ne peuvent donc pas travailler ni trouver un hébergement, alors qu’ils ne demandent que ça. »
Rassemblement ce mercredi à 17H45
RESF qui n’avait pas organisé de rassemblement depuis le début de l’été appelle donc cet après-midi à venir se mobiliser devant la préfecture à 17H45. « La préfecture n’est pas la seule responsable de cette situation. Le conseil départemental a coupé des subventions à l’association ALS, Atelier Logement solidaire. » Cette association a pour but de trouver des hébergements privés pour les réfugiés. « Une cinquantaine de personnes vont se retrouver sans solution. On parle d’héberger des femmes seules avec enfants au lieu de familles. C’est de la discrimination dans une situation déjà discriminante. »
Quand Simon assure que la politique nationale est xénophobe, il s’en explique. « Nous ne pouvons pas parler de racisme d’Etat, mais de xénophobie. Ces enfants dehors le sont car ils ne sont pas français. »
Des situations dramatiques
Il détaille alors quelques-unes des situations, comme ce couple dont la femme est enceinte de 7 mois. Ou encore cette maman russe avec ses 4 enfants âgés de 2 à 9 ans, sans aucune solution d’hébergement. Une maman ivoirienne et ses deux enfants de 12 et 6 ans.
Une maman dort depuis des mois dans sa voiture, avec ses jumeaux de 12 ans et son enfant de 18 ans.
Simon parle ensuite de cette famille dont le fils aîné, majeur et régularisé souffre d’un cancer. Il est hospitalisé pour subir sa 8eme chimiothérapie. Ses parents et sa petite soeur dorment dehors mais chaque jour viennent à son chevet. La préfecture a pourtant ordonné l’expulsion des parents alors qu’ils veulent pouvoir rester auprès de leur fils.
Des bénévoles en souffrance
« Quand tu vois des situations comme celle-là, tu ne peux pas rester de marbre. Pour les bénévoles que nous sommes, c’est super difficile. Certains d’entre nous finissent par faire des dépressions. On se cogne chaque jour à l’inhumanité. Il faut bien se protéger mais ce n’est pas toujours si simple. » Résume Simon.
La mobilisation de ce soir sera l’occasion de rappeler ces situations et d’interpeller les services de l’Etat.
