« A la fin des nuits », le documentaire sur Krav Boca

Tous ceux qui aiment la musique punk connaissent forcément Krav Boca, le groupe greco-franco-marocain. Un univers de feu à l'énergie dévorante. De passage à Clermont-Ferrand, en Septembre, ils nous ont offert leur documentaire. Sublime.

Sublime ce documentaire. Parce qu’il commence par une soif de liberté. Déjà à l’école, tout commence. Des heures à devoir rester assis. Sans parler. Sans jouer de musique. Sans même s’amuser.

Derrière les grilles

Pour chacun des membres du groupe, déjà à l’époque, « il fallait aller voir derrière les grilles. »

Mais, plus qu’un groupe, une famille, une bande de frérots fait danser chaque soir au son de la mandoline, de la batterie, de la guitare, les leurs. De ceux qui ne veulent pas se coucher tôt. De ceux qui veulent un monde plus juste, plus drôle et plus libre. De ceux qui ne veulent pas s’ennuyer. Mais juste se sentir vivants.

Krav Boca veut piétiner les lieux sales, crades, ou « ceux qui n’ont rien donnent tout. » Les musiciens aiment le côté brut de l’humain. Pas de chichi. Dormir, entassés dans une caravane. Avoir de l’argent juste pour mettre de l’essence dans le camion. Et chaque soir, pouvoir brancher les instruments.

Donner du sens

Parfois au milieu de la foule. Comme ça. Dans l’espace public. Ici, vers une bouche de métro marseillaise. Alors, Il suffit d’une prise électrique pour que le courant s’émancipe dans un public agglutiné et joyeux :« Nous faisons des concerts à prix libre, et on se réapproprie l’espace public pour que chacun ait accès à la culture. »

Krav Boca donne du sens à tout ce qu’ils font. Jouer dans les squats, dehors, pour les sans-papiers. Reverser un peu de sous à ceux qu’ils soutiennent.

Parfois, c’est usant, fatigant, surtout quand le camion tombe en panne et que parfois, on a envie de retourner dans l’autre vie. Celle qui a été fuie avant le groupe. Et, parce que physiquement, on ne tient plus.

Se sentir vivant

Sauf que…Sauf que Krav Boca, pour chacun de ses membres, c’est le sens de la vie. « Je ne suis rien sans ce groupe. » Au point que cela fasse flipper. « Je n’ai que ça. Il n’y a que ça qui me rend vivant. »

Beauté de l’éphémère

On imagine les sacrifices à être toujours sur la route. Mais, on voit l’amitié, le partage, la rencontre, le bonheur. « On sait que ça ne durera pas éternellement. Et c’est ça qui est beau. » Chuchote l’un d’entre eux.

Antifa, Kravo Boca est de tous les combats. Sans frontière. On les voit en Grèce, au Maroc, en France. Ils tentent de partager leur rage et leur joie dans toutes les langues. Ecoutent des poèmes espagnols. Ils jouent au Rugby. Pas n’importe lequel. Du rugby mixte en scandant « Toulouse Antifa. »

Energie et poésie

Et puis, ils s’émerveillent de ce monde. Un lever de soleil sur une mer calme suffit à leur rendre l’énergie puisée dans la nuit.

Krav Boca c’est un groupe, des concerts, mais aussi le chemin de chacun. Trouver du sens. Ne pas se mentir. Ni se trahir. Etre soi. Contre des parents qui grognent de voir des crêtes dans les cheveux.

Jeu de scène

Ainsi, chaque soir, mettre son masque et balancer le son. Mettre l’ambiance et balancer son corps. Mettre la joie et balancer la rage. Même si au fond, tous les combats sont perdus d’avance. L’essentiel est de les avoir menés. Comme le disait Vassilis Maggos, un jeune militant grec, mort à 27 ans, après son arrestation ultra-violente par les policiers grecs : « Même si nous savons que nous ne gagnerons jamais, nous nous battrons toujours. »

Parce que la vie n’est qu’un vaste terrain de jeu, une vaste scène pleine de sons et lumière sur laquelle il ne nous reste plus qu’à danser…et vibrer jusqu’à la fin des nuits.

Le documentaire sera mis à disposition librement courant 2023 sur le site de Krav Boca.

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