D’abord, le scientifique se veut rassurant : « L’eau est l’aliment le plus contrôlé. » Mais, il poursuit en indiquant que seulement 25 paramètres sont vérifiés, alors qu’il y aurait déjà rien que 300 types de pesticides à repérer.
Car, le chercheur au CNRS ne voudrait pas que l’on oublie que l’eau n’a jamais été aussi polluée de composés organiques. « On les identifie mieux, et on peut aussi étudier leur impact sur la santé. » Pourtant le lien reste très difficile à faire. « Et nous n’avons pas les moyens, une analyse poussée de l’eau c’est 1000 euros à chaque fois. »
Des polluants de plus en plus nombreux
Il se peut aussi que les seuils ne soient pas assez élevés ou mal intégrés. En exemple, la mesure du chrome. Ce métal lourd peut être cancérigène s’il s’agit de chrome 6 ou moins dangereux, de chrome 3. Mais on s’applique à ne mesurer que le Chrome dans sa globalité.
A Clermont-Ferrand, selon l’expert, l’eau serait de très bonne qualité. Mais il ajoute qu’en 2026, « on rajoute à la liste une vingtaine de polluants sur des milliers. » Même s’il reconnaît une amélioration dans la détection, il explique que 90 % des molécules n’existaient pas il y a 10 ans. « Donc, on ne les recherche pas encore. »
Gilles Mailhot considère que tant que le problème économique reste pregnant sur les questions environnementales, il ne sera pas possible de contrôler parfaitement l’eau.
Et il n’y a pas que dans les eaux embouteillées que les micro-particules de plastique se retrouvent. « Le plastique est partout, dans les vêtements que l’on lave etc… » Leur impact sur la santé est énorme mais pas encore quantifiable. On sait juste que ces déchets s’accumulent et sont stockés dans nos organismes et y développent des maladies.
Polluants éternels
S’ajoutent à cela aujourd’hui, les polluants éternels composés de carbone et fluor. Cette molécule utilisée depuis longtemps résiste à la chaleur et est utilisée dans les mousses envoyées sur le feu par les pompiers. On la trouve aussi dans les poêles pour la cuisson par le biais du Teflon.
Ainsi on a retrouvé des traves de ces polluants éternels dans la graisse des ours polaires.
La plaine de La Limagne, serait l’un des territoires les plus pollués de France avec 3 polluants éternels retrouvés dont le PFOS qui est cancérigène.
Plaine de la Limagne, un des territoires les plus pollués de France
Au sein de la métropole, c’est Christophe Vial qui est responsable de l’eau. Par visio, il explique que 2600 contrôles sont effectués par an, alors que l’ARS en préconise 600. La métropole bénéficie d’un laboratoire d’analyses en régie. 60 % de l’eau est pompé dans l’Allier et passe par l’usine d’ultrafiltration de Cournon, et 40 % arrive de la chaîne des Puys sans traitement.
Les canalisations sont actuellement en train d’être changées sur la métropole afin notamment de protéger des pollutions dues aux matériaux mais aussi pour réduire les fuites. En effet, le taux de rendement est de 80 %.
Inégalités territoriales
Et les inégalités territoriales se retrouvent aussi dans les problématiques de l’eau. Les communes rurales sont souvent abandonnées avec une absence de traitement de leur eau. Arnaud Morin du Syndicat Mixte de l’Eau d’Issoire nous explique d’ailleurs que certains villages n’ont pas assez d’argent pour gérer correctement l’eau.
Puis, Gilles Mailhot termine sa conférence en rappelant les bons usages, notamment en économisant l’eau. « La sobriété est importante. Pour ceux qui le peuvent, installez un double circuit chez soi, car l’eau courante n’est pas nécessaire pour tous les usages. »
Aberration des bouteilles d’eau
Il conclut sur les dangers de l’eau en bouteille qui pour lui « est une aberration. » Le stockage dans le plastique libère les micro-particules cancérigènes « sans parler de l’empreinte carbone. »
Le spécialiste serait d’avis d’offrir un certain nombre de m3 par famille et les dépassements seraient alors payants. « Tous les gens qui ont une piscine devront assumer la dépense en eau, par exemple. »
Aujourd’hui, on sait que les pesticides ou autres polluants développent des cancers, reconnus d’ailleurs comme maladie professionnelle. Il faut entre 500 et 1000 ans pour les voir disparaître de la planète. « Il faut rester vigilant, même si sur notre territoire, l’eau est particulièrement bonne et bien traitée. » Affirme le chercheur.