Les méga-bassines réunissent des experts à Pont-Du-Château.

A l'occasion de la venue de SOS Loire Vivante, une réunion était organisée, lundi 8 juillet, en mairie de Pont-du-Château. L'occasion de revenir sur le projet des méga-bassines.

Une cinquantaine de personnes venues en avance, partagent un verre de l’amitié dans le hall de mairie. Parmi eux, des membres de l’association SOS Loire Vivante, présents à l’occasion de leur voyage au coeur de l’Allier. Cette association compte environ 3000 membres et 150 associations. Elle a été créée, comme l’explique Roberto, président, après une victoire contre l’installation de 4 barrages dans les années 80-90.

Des convaincu.e.s et des absent.e.s

Dans la salle, seuls les convaincu.e.s sont venu.e.s, au désespoir des organisateur-trice.s. « Nous aurions aimé discuter avec les pro-méga bassines. Mais ni Limagrain, ni la chambre de l’agriculture n’a répondu à notre invitation. »

Pourtant pour le président, la situation est urgente. « Je suis venu il y a 10 ans. Tout a changé au niveau du paysage, des villages, et de l’ambiance. » Explique-t-il. « Il y a 10 ans, tout allait bien. Même si depuis un siècle, le saumon n’a jamais eu autant d’obstacles. »

« On va manquer de 140 mille m3 d’eau en 2045 »

A ses côtés, Jean-Marie Vallée, élu adjoint à la municipalité sous l’étiquette Europe Ecologie Les verts. Il est aussi vice-président à Clermont Auvergne Métropole en charge de l’agriculture, l’alimentation, la biodiversité et des espaces naturels. « A la métropole, on a demandé une motion pour demander un moratoire sur ce projet de méga-bassines. D’ici 2045, on va manquer de 140 mille Mètres cubes pour les habitants. En cet instant, il est donc aberrant de faire des bassines qui assèchent les sols. »

L’élu écologiste est en discussion avec la FNSEA et reconnaît que les agriculteurs tentent de faire des efforts dans leurs pratiques. « Ils défendent la souveraineté alimentaire, mais là, on parle de maïs semence voués à être exportés. »

Pollution des eaux

Isabelle Aledo-Piedpremier, présidente de France Nature Environnement 63, prend à son tour la parole. Moins à l’aise à l’oral, de son propre aveu, que pour enquêter « telle une petite souris », elle tient à parler aussi des pollutions de nitrates et pesticides de l’Allier et des différentes actions en justice.

Elle préfère laisser la parole à Jacques Adam, membre de FNE 63 qui grâce à des diapositives, permet un état des lieux des différentes bassines réalisées sur le Puy-De dôme.

Le badge de la renoncule en hommage à Remi Fraysse

Mais en amont de son intervention, il tient à présenter le badge qu’il arbore sur sa chemise. « Une renoncule. La fleur que Remi Fraysse étudiait avant de se faire tuer à Sivens, lors de manifestation contre le barrage. Il était membre aussi de FNE. »

Pour Maud Sampieri, paysanne, syndiquée à la conf paysanne, il ne faut tout de même pas mettre sur le même plan les demandes de bassins de récupération d’eaux de pluie ou de trous d’eau au projet de méga-bassines qui risque rapidement de voir le jour. « Il faut aussi rappeler que les bassines peuvent être autorisées lorsqu’il s’agit d’une prise d’eau de substitution. Plutôt que de prendre à un endroit, on engage une bassine. Or, le projet de méga-bassine, ce n’est pas la même chose. »

Un collectif né du manque de transparence

C’est Victorin, de Bassines Non Merci, qui expliquera alors, avec l’aide de plusieurs slides le projet de méga-bassines. Son collectif est né après une réunion quasi secrète entre élus et porteurs du projet. certains citoyens se sont vus interdire l’entrée. « Notre collectif est né de ce manque de transparence. »

Il explique qu’il y a encore un siècle, la Limagne regorgeait de zones humides.

Dans les années 70, le plan Limagne a asséché les plaines.

35 exploitants veulent s’accaparer l’eau de l’Allier

Ce nouveau projet regroupe désormais 35 exploitants, (1 a abandonné). La plupart travaille pour Limagrain, 4eme semencier mondial.

La méga-bassine en question mesurerait 15 hectares sur la commune de Bouzel. D’autres chiffres sont plus parlants : Elle récolterait 2,3 millions de mètres cube pour arroser 800 hectares de terres. L’eau pompée directement dans l’Allier équivaut à la consommation annuelle de 42600 personnes.

Limagrain et les fonds publics

Alors, les personnes présentes se demandent comment on peut légitimer l’accaparement de l’eau par seulement 35 exploitants qui cultivent le maïs semence destiné à l’exportation.

Mais, d’autres chiffres font suffoquer davantage. « Le projet s’élèverait à 25 millions d’euros dont 17,5 millions d’euros sont pris en charge par les pouvoirs publics. Quand on sait que derrière, c’est Limagrain. C’est un peu fort. » Explique un militant.

Victorin pense le projet irréalisable. Le pompage ne peut être réalisé que lorsque le débit d’eau dépasse 47,5 m3. Soit 28 jours par an, selon les estimations de Bassines Non Merci. 64, selon les agriculteurs. « Ils ne pourront jamais remplir les bassines en période hivernal, entre novembre et mars, comme ils souhaitent le faire. »

Dans la salle, un jeune étudiant tente d’avancer d’autres chiffres : « Le maïs demande moins d’eau que les légumes. » Faux, lui répond-on de concert. « Pas le maïs Semence. »

Avant de nous faufiler parmi les militants encore bien réveillés et en forme à plus de 22 heures, on entend, Maud, paysanne, cultivatrice de petits fruits rouges. « De toutes façons ces projets sont faits pour de gros agriculteurs, d’un point de vue foncier. Même si je le voulais, je ne pourrai pas faire ça. Ces projets viennent encore prouver le manque de solidarité sociale entre paysans. »

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1 réflexion sur “Les méga-bassines réunissent des experts à Pont-Du-Château.”

  1. 53 M3 par an et par habitant, c’est quand même un peu élevé pour les besoins en eau domestique. Un de mes voisins dépensait 1 M3 par an : juste un évier. C’était un homme intelligent et qui avait un mode de vie très sobre, inimitable aujourd’hui.
    Finalement, ce projet de bassines démesurées, est le révélateur d’une pratique agricole, quelle qu’elle soit, qui utilise sans compter, une eau qui ne lui coute presque rien.
    Les particuliers paient le prix fort pas les agriculteurs. EN plus il faudrait que la collectivité qui prélève les impôts, redonne à une minorité des millions d’euros. Ras le bol de ces exploitants qui accaparent aussi l’argent public et qui ne payent pas la pollution ; pollutions liées à un mode d’exploitation qui ne prévoit aucune compensation de ses effets néfastes sur l’environnement.
    Mais ce qui n’est pas dit ou oublié dans l’article est que ces 800 hectares seront quand même irrigués par d’autre moyens comme le pompage dans la plaine alluviale.
    Lutter contre les méga bassines est un long chemin mais il ne faudrait pas s’arrêter au milieu du gué : un moratoire sur ce type d’exploitation qui menace aussi bien la ressource en eau que la terre et qui ne répond pas aux besoins alimentaires. Message aux élus écolos de CAM.

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