OLF 63 : 10 ans de combat

Ce soir, l’association « Osez le féminisme ! 63 » fêtera ses 10 ans d’existence. À cette occasion, on revient sur 10 années de combat, de hauts et de bas mais aussi sur les projets à venir d’un mouvement toujours en mouvement !

Voilà 10 ans qu’OLF fait résonner la voix du féminisme sur le territoire. Le mouvement est continuellement à l’initiative de rendez-vous citoyens et dénonce les inégalités sans répis. OLF, c’est un bouillonnement perpétuel. Son histoire ne pouvait ainsi pas commencer trop simplement. En effet, sa création elle-même résulte d’un engagement dans la lutte féministe. On vous explique.

Passage de témoin

Nous sommes en 2009. Alors que la réforme Bachelot prévoit de baisser les crédits du Planning Familial, une pétition est mise en ligne par des femmes afin mobiliser la société. Ces dernières accompagnent leur lutte d’un journal militant. Les publications se multiplient et un week-end de formation à Lyon donne l’occasion à certaines de concrétiser les actions par la création d’une association. OLF est née. Aujourd’hui, il existe 15 antennes en France dont les missions consistent en l’analyse des phénomène sexistes, la sensibilisation citoyenne et l’activisme sur le terrain.

Les yeux et la voix partout

Parmi les structures locales, une voit le jour à Clermont-Ferrand en 2011. Deux femmes en sont à l’origine. Deux militantes Clermontoises bien connues des luttes sociales et féministes. Karine Plassard et Lise Vignau travaillent ensemble et ne cessent de relever des inégalités sexistes.  Elles découvrent OLF lors de la campagne « Viol, la honte doit changer de camp ». Le mouvement se construit pendant plusieurs mois jusqu’à devenir une association en 2013. « À l’époque, c’est la seule association féministe aux côtés du Planning Familial. », précise Leïla Chétih, actuelle membre d’OLF.  

Objectif : être une association féministe généraliste. « Qui traite tous les sujets, qui est en alerte sur les fondamentaux de ce qu’est une fille, une femme. C’est quelque chose qui n’existait pas. », explique la militante.

Plusieurs dates clé battent la mesure chaque année : la Journée internationale pour le droit des femmes le 8 mars, la Journée internationale contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, le 1er mai ou la Journée internationale pour le droit à l’IVG le 28 septembre. En parallèle, de très nombreux rendez-vous ont lieu toute l’année grâce à l’investissement des membres et sympathisant.e.s.

De l’importance de faire groupe  

L’histoire d’OLF 63 s’écrit petit à petit. On manifeste, on anime, on sensibilise, on tend la main. Le bouche à oreille fait le reste. « Il y a un élan hyper intéressant en ce moment. Nous sommes environ 45 adhérentes depuis le 1er janvier 2023 plus des sympathisants et sympathisantes. Ça montre une envie de faire et de s’engager. Ça, on le doit en partie au fait d’être une association. Ce qui est bien, c’est d’être un groupe. Quand on est seule, on a l’impression de patauger. Alors que si on se constitue en groupe, il y a une reconnaissance, du soutien, une plus grande identification. C’est précieux tout ça. », assure Leïla.

Pour les grandes dates, OLF travaille historiquement avec d’autres collectifs comme « 8 mars toute l’année. ». « Plus on est nombreux, plus on peut banaliser le féminisme. Déjà, ce mot fait moins peur qu’avant. », indique Leïla. Si selon elle, les choses bougent, un long chemin est encore à parcourir.

« Ce sont les gens qui font la société »

Depuis lundi 11h25, les femmes travaillent symboliquement gratuitement du fait de l’écart de salaire qu’elles subissent par rapport aux hommes. Chaque mois, des débats enflammés se font entendre sur l’écriture inclusive. De prime abord, le constat peut paraitre décourageant. « Mais ça avance quand même. Il y a des prises de conscience à tous les âges. C’est le plus important, une prise de conscience, une nouvelle grille de lecture. », rassure Leïla, sourire aux lèvres et tasse de thé dans les mains. « C’est sûr que c’est un monde paradoxal mais ce sont les gens qui font société, leurs mentalités. Si ça n’avance pas dans leur tête, on aura beau mettre toutes les lois du monde, ça ne fonctionnera pas, surtout si derrière, il y a une justice patriarcale. Et puis sur le reste, sur l’écriture par exemple, ils n’ont rien à dire. Ils ont peur de ce mouvement qui est un mouvement de femmes. On le défend car 52% de la population reste invisible dans l’écrit et la parole. Les mots nourrissent la pensée et la pensée collective. Les langues sont vivantes, elles doivent évoluer avec la société. ».

10 ans de lutte

En 10 ans, on a le temps de se faire des souvenir. Que retenir lorsque toutes les années de la vie d’une association et des membres qui la composent son rythmées par des combats, des manifestations, des prises de parole ?

En 2012 par exemple, on retient la campagne « Égalité maintenant » qui visait à interpeller les candidats et candidates à la présidentielle sur la question de l’égalité. En 2013, une pétition a permis la création de 96 places d’hébergement dans le département. 2014, c’est le combat pour faire reconnaître le mot féminicide, c’est la sensibilisation lors des municipales ou le soutien aux Espagnoles qui voyaient leur droit à l’avortement attaqué par la droite nouvellement au pouvoir.

« En 2015, on a défilé pour dénoncer l’agression d’une jeune femme à Saint-Jacques car elle portait une jupe. C’était d’une puissance… C’était extraordinaire. Ce cœur de femmes parties de St Jacques jusqu’à Jaude, il n’y a pas eu un moment de silence. Une vraie belle marche de femmes, un moment sorore hyper puissant. », se souvient Leïla.

2016 est marqué par le combat pour obtenir la grâce totale de Jacqueline Sauvage. En 2017, on s’empare du mouvement mondial « #Metoo ». L’année d’après, on s’insurge contre la venue de Bertrand Cantat. « C’était très choquant les fans clubs de femmes et d’hommes qui défendaient leur artiste. La réflexion là-dessus, c’était trop leur demander. C’était impressionnant car très médiatisé. Des femmes sont venues, c’était la première fois de leur vie qu’elles faisaient une action féministe où allaient dans la rue. ».

Depuis, OLF a créé d’autres rendez-vous comme les caféministes ou les ciné-débats. L’association donne également de plus en plus de place à la question écologique et s’est adaptée aux réseaux sociaux, notamment lors des différents confinements. Sans oublier l’émission radio Féministez-vous sur Radio Campus et les femmages organisés par Gaëlle tous les premiers samedis du mois autour du banc rouge installé au jardin Lecoq.

Regarder plus loin  

Ce soir, c’est l’anniversaire d’OLF. Militantes, militants, sympathisantest et sympathisants se retrouveront à Saint-Jacques pour profiter tous ensemble. L’occasion de se souvenir et de faire un point d’étape mais surtout, de constater que tous les regards sont tournés vers l’avenir. « Le féminisme est un mouvement, c’est quelque chose qui ne s’arrête jamais. C’est une dynamique qui se nourrit de l’expérience, de la transmission entre les femmes. OLF est née car des associations historiques étaient en danger. Le féminisme est un mouvement qui doit tisser des liens et faire avancer la société. », conclue Leïla avant de reprendre les préparatifs.

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