Allez, c’est bientôt le week-end ! Ça faisait un moment qu’on n’avait pas partagé nos petits conseils culture. Pour tout rattraper, il faudrait un article de dix pages mais pas de panique, on vous résume la chose en quelques focus.
Et on remet le son
Disiz est sur le devant de la scène rap depuis maintenant plus de 20 ans. Nous, on ne s’en lasse pas. Raper les quartiers, dénoncer les tares du monde ou célébrer les plaisirs simples ; au fil des albums, l’artiste s’est sans cesse réinventé, pour le meilleur comme pour le moins bien. Mais il a toujours osé. Surtout, jamais de demi-mesure, de musique tiède ou convenue. Le 18 mars, il livrait son dernier album « L’Amour ». 15 titres dans une forme apaisée et mélodique pour raconter les tumultes du plus puissant des sentiments. Une vraie réussite.

Sur la toile
Récemment, on s’est fait le dernier film de Kervern et Delépine. Soir d’entre-deux-tours, pas trop inspirés, on se laisse tenter. « En même temps », c’est l’histoire de deux politiciens que tout oppose. Jonathan Cohen est un maire de droite bien bien décomplexée. Vincent Macaigne est édile dans la ville juste à côté mais se situe de l’autre côté de l’échiquier politique. Alors que le premier invite le second à diner pour tenter de le convaincre d’adhérer à un projet qui détruirait une forêt primaire, les deux hommes se retrouve collés. Littéralement. Une féministe qui se fait passer pour une escort les lie l’un à l’autre par la force de la superglue. Si le scénario semble plutôt convenu, le ridicule assumé de la situation permet une réflexion intéressante sur le monde politique d’aujourd’hui, le féminisme et l’écologie.

Petit écran
On n’y croyait plus. C’est il y a vingt ans que sortait l’emblématique, hyper-réaliste et grandiose série The Wire. On y suit la police de Baltimore, son engagement, sa corruption, le monde politique et celui des médias. La très attendue minisérie qui marque le retour du réalisateur David Simon à Baltimore vient de sortir. À première vue, We Own This City emprunte les mêmes sentiers que sa grande sœur.
La série apporte une sorte de conclusion aux cinq saisons que l’on connaît. Elle mettait brillamment en scène la guerre contre la drogue à l’échelle de quelques coins de Baltimore, en adoptant un point de vue sobre et équilibré entre les forces de l’ordre et les habitants. Toujours attaché à son parti pris documentaire, David Simon s’inspire du livre du journaliste Justin Fenton, issu, comme lui, du Baltimore Sun, pour décrire le fonctionnement de la Gun Trace Task Force, une unité d’élite mise sur pied pour contenir l’explosion de la criminalité dans la ville. Dotée d’une forte autonomie, cette section est épinglée pour de nombreux dérapages. Symptôme d’une ville malade de sa police, l’affaire révèle les fractures au sein même de l’institution et une politique publique à bout de souffle.


Au passage, même si elle n’est pas récente, on vous conseille de voir ou revoir la série Baron noir qui, juste après la présidentielle et juste avant les législatives, montre la course au pouvoir d’un député du Nord, empêtré dans les affaires. Petite leçon de politique.

Entre les pages
Depuis ses tous premiers romans, on est hyper fans du travail de Nicolas Mathieu. Thrillers sociaux, contes adolescents, BD sur l’enfance : tout lui réussit. En février, son dernier roman, Connemara paraissait en librairie.
Connemara, c’est l’histoire d’Hélène et Christophe, deux quarantenaires qui ne se sont plus croisés depuis leur jeunesse, dans une petite ville de Moselle. Nicolas Mathieu l’est fait revenir l’un sur le chemin de l’autre. Ce sont les certitudes, les doutes, la routine, les vies de famille qui s’enlisent, la bedaine, les traits qui se tirent, la start-up nation qui grandit et qui écrase tout dans cet entre-deux-tours 2017. Encore une fois, c’est une traversée de notre temps que nous fait vivre le gagnant du Goncourt 2018. Ici, c’est la chanson Connemara de Sardou qui vient se poser en marqueur social. La population se diviserait alors entre ceux que la chanson prenait aux tripes et rendait fiers, et ceux qui l’accueillent avec une certaine ironie fataliste qui ne les empêche pas de danser quand même.
La première catégorie, c’est Christophe qui n’a jamais quitté son village de Cornécourt et ses glorieuses années de jeunesse comme héro de l’équipe locale de hockey. Hélène appartient à l’autre. Cadre sup’ elle vient de revenir dans son est natal après un bun out à Paris. Lorsqu’il se recroisent, le temps de rejouer leur adolescence est venu.


Pour buller
Juste avant la présidentielle, la rédaction de Médiapart sortait sa revue dessinée « Aux portes du palais » avec Hervé Bourhis, Lucie Deleporte, Marie Turchi et Baptiste Bouthier. La BD s’intéresse à « comment les idées d’extrême droite s’installent en France ».
Vous l’avez compris, cette question, on se la pose aussi beaucoup à Mediacoop. C’est donc tout naturellement qu’on s’est emparés du bouquin, adaptation de plusieurs dizaines d’enquêtes publiées entre 2014 et 2021 par Médiapart. Les propos tenus dans les bulles ont été récoltés par les journalistes de la rédaction ou exprimés de façons publique. De plus, Médiapart prévient avoir donné un droit de réponse à toutes les personnes mises en cause.
La seule liberté prise est au niveau de la narration puisqu’ici, ce sont les chats de Marine Le Pen qui deviennent les observateurs de l’extrême droite.




Le livre est une pépite d’informations, d’analyses et d’illustrations. On plonge, au fil des chapitres, au cœur de la toile de l’extrême droite nationale et mondiale. On parle d’abord banalisation dans les médias et de la lente stratégie du FN puis du RN pour se dédiaboliser.
Au-delà du RN
Au-delà du RN, il y a d’abord le discours des républicains, porté par Wauquiez ou Morano qui flirtent de plus en plus avec les idées d’extrême droite. Il y a aussi les médias qui, pour certains, banalisent le racisme et la haine en laissant tribune libre à Zemmour ou Hannouna grâce, entre autres, à Bolloré. On peut aussi parler de Pascal Praud, de Valeurs Actuelles ou Causeur. Surtout, de soutiens plus récents comme les pantins du net Papacito ou Valek.
Au-delà des frontières aussi avec Steve Banon, soutien de Marine Le Pen et tête pensante de l’accession au pouvoir de Trump. Sans oublier Bolsonaro, Orban, Modi, Poutine ou Salvini.
Élus et affaires
Le grand intérêt de la BD, à notre sens, est qu’elle revient sur les détails de la construction et du fonctionnement du FN. Il est par exemple expliqué en quoi les dissensions internes, les élus amateurs et les affaires ont affaibli le parti. Surtout, c’est toute la sphère droitière, de Marion Maréchal à Philippe de Villiers en passant par Robert Ménard qui est décryptée.
Dans ces revues dessinées, la vulgarisation est à l’honneur et ça fait du bien. Toujours par la rédaction de Médiapart, on vous conseille la revue déssinée « Ne parlez pas de violences policières », qui revient sur les épisodes de violence les plus marquants du quinquennat comme les lycéens de Menthe-la-Jolie, une soignante trainée au sol, des familles qui réclament justice mais aussi Steve Maia Caniço, Zineb Redouane, Rémi Fraisse, Cédric Chouviat…

Allez, vous avez de quoi faire mais promis, on revient très vite avec de nouveaux coups de cœur.