On parle souvent de migrants et peu de migrantes. Pourtant, en France, 51% des personnes immigrées sont des femmes. La double peine. Les risques du départ et l’horreur du voyage qui se mêlent aux discriminations liées au sexe.
Ces femmes, la photographe Maggy Dago leur rend femmage dans une série nommée « Résilientes » exposée au 25.Gisèle-Halimi jusqu’au 4 octobre. L’occasion de découvrir des regards, des destins mais aussi de comprendre à quel point l’épreuve du voyage passée, c’est un nouveau combat qui commence en France pour s’insérer, en jonglant entre l’hostilité des autorités et les difficultés administratives.
Donner de la visibilité
L’exposition débute à l’entrée du 25. Les images se succèdent, toujours en noir et blanc. D’autres photos sont exposées dans la salle de répit. Elles s’appellent Adama, Hassanatou, ou Mariama. L’objectif de Maggy Dago a fixé leur regard dans des portraits. D’autres femmes sont photographiées dans le feu de l’action, lors d’une manifestation contre la loi immigration par exemple.
Des panneaux accompagnent les photos pour apporter des précisions sur le parcours semé d’embuches des femmes en exil. On y retrouve entre autres des explications sur la procédure Dublin qui veut qu’un seul État européen soit responsable de la demande d’asile d’une personne.
« On avait vraiment au départ cette volonté d’être ouvertes sur le quartier et sur la ville. On n’a pas besoin d’avoir forcément un souci pour venir ici. Et si on en a un, il y a celles qui n’osent pas venir comme ça et donc l’exposition est une occasion de pousser les portes », explique Marie du 25.Gisèle-Halimi. La structure qui s’inscrit dans la mission Égalité des Droits de la Ville de Clermont a pour objectif de croiser les luttes. L’intérêt de mêler féminisme et antiracisme a donc semblé évident. Ici, entre 800 et 1000 personnes passent chaque mois. De quoi donner de la visibilité aux femmes dont les visages sont exposés ici.
« J’aime dire que je suis une photographe féministe »
Certaines sourient, d’autres pas. Mais la force des parcours de chaque femme se retrouve dans les photos de Maggy. Cette dernière est photographe depuis 8 ans. Et féministe. C’est important pour elle de le rappeler car son travail est accès sur les femmes. Notamment afro-descendantes. À travers ses photos, elle parle des sujets qui les concernent. L’an dernier, elle était au Togo pour pointer la surexposition des femmes à la précarité. Elle-même a connu certaines discriminations en arrivant en France à l’âge de 16 ans depuis la Côte-d’Ivoire.
Pour le projet « Résilientes », elle s’est associée à Gala, travailleuse sociale en centre d’hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile. « Je trouvais que ces femmes avaient énormément de choses à raconter. Et puis avec ce projet, elles ne sont pas tout le temps dans la situation où c’est nous qui leur apportons quelque chose », indique Gala.
Montrer ce que ces femmes ont à apporter, montrer qu’elles restent maitresses de leur destin est important pour l’artiste. « Au départ, je voulais appeler l’exposition Survivantes mais après avoir rencontré ces femmes, je me suis dit que ça ne correspondait pas. Elles sont tournées vers l’avenir », confirme Maggy.
Rendez-vous samedi
Dans la salle, l’association Osez le Féminisme est représentée par plusieurs femmes. Ces dernières organisent samedi une marche de réappropriation de la rue la nuit à partir de 22 heures. « On va marcher dans la rue, dans des lieux où on n’est pas forcément à l’aise. Vers les boites de nuit ou le tram. Il faut s’avoir que 86% des femmes contre 21% des hommes disent ne pas se sentir en sécurité en marchant dans la rue la nuit. », précise Doriane de l’association. Le rendez-vous est donné devant la fontaine de la place de la victoire.