Bien sûr, il y a des cons et des mauvaises raisons.
Je me rappelle cette femme de 45 ans qui s’est mise à courir pour plaire à son mec, sportif, lui-même. La seule façon qu’elle avait de ne pas divorcer était e faire ce que l’autre attendait. Elle n’est pas dans l’exploit mais avait besoin qu’on soit fière d’elle et racontait ses dossards comme des trophées, sur les réseaux sociaux.
Le sport c’est une histoire avec soi-même. J’imagine comme l’art. C’est un truc qu’on s’inflige parfois mais qui nous nourrit autrement que par la douleur. Le sport ce n’est pas pour maigrir, pour plaire ou ne pas vieillir. Le sport, c’est un truc à la légère, une confrontation à ses propres frontières, une poussée dans la connaissance de soi.
Les sportifs n’ont pas besoin qu’on soit fier, déçu ou heureux pour eux.
Alors, je ne crois pas, même à ce niveau olympique que le sportif représente le capitalisme. Bien sûr il y a tout un marché. Certains s’amusent à prendre les dossards les plus chers et prestigieux. Les semi marathon à Paris, les Marseille-cassis, le trail, ici du Sancy. Pour dire « je l’ai fait. » Pour l’écrire plutôt sur les réseaux. Mais, il existe aussi les petites courses, magiques, intimes.
Le sport a un coût, il est vrai. Des tenues, des accessoires, des licences et des abonnements. Mais le capitalisme c’est un régime social dans lequel les moyens n’appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre par le travail. Le sport, c’est le contraire. Chaque pas, chaque entrainement, chaque victoire, chaque défaite nous appartient. Nous sommes maîtres de notre propre monde.
Quant à la concurrence, en sport, elle n’existe pas. Au mieux, on a des partenaires de jeu, des gens qui décident de s’embarquer dans le même plaisir, qui décident de prendre le même départ.
On apprend même à ne pas être son propre concurrent, on apprend à être gentil avec soi-même. A respecter le résultat, la forme du jour.
Et, moi ce que j’ai aimé dans les JO, c’est ceux que tout le monde a vu perdants, mais qui ne l’étaient pas. Ceux qui assumaient « courir moins vite », « avoir besoin encore de s’entrainer ».
Car, en sport, on se responsabilise.
On veut la première place, non pas pour écraser les autres, mais parce qu’on a fait de son mieux.
Beaucoup plus de victoires sont à fêter parmi les pelotons, les mi-courses. Tous ces inconnus qui ont battu leur propre record.
Le sport, c’est mon monde idéal. Moi, je fais de la course à pieds. Quand c’est dur, et ça l’est parfois, personne ne te fait un croche-pied. Tout le monde t’encourage. Personne ne se moque. La solidarité dans ce milieu, n’est nulle part ailleurs représentée dans la société. Un monde où des bénévoles préparent, servent, comptent, font la circulation, tout en ayant passé une « belle journée » à applaudir. Un monde où personne n’est laissé derrière. Sur chaque course, il existe le serre file, celui qui reste avec le dernier. On vise rarement des places mais plutôt des temps.
Connaissez-vous un monde où même assoiffé, on passe sa gourde à plus assoiffé que soi ? Connaissez-vous un monde où les femmes et les hommes prennent le même départ ?
Alors que des critiques incessantes soient à destination des Jeux Olympiques et de tout l’argent que cela a coûté, de tous les drames sociaux que cela a engendrés, oui, ça il faut garder les yeux ouverts, mais que l’on critique le sport, pourquoi ?
Ce serait comme critiquer l’art, plutôt que critiquer le business tout autour, les subventions données de façon inégalitaire, etc.
Et puis, une dernière chose, lors des JO, on a applaudi des athlètes, pas vraiment des nations. On connaît tous Usain Bolt, Simone Biles, Sifan Hassan. On a tous envie d’essayer l’aviron ou le skate. Pour le fun.
Parce que le sport, c’est être en mouvement, c’est être vivant. C’est recevoir plein d’endorphines et être de bonne humeur après une sale journée.
Alors bien sûr, le sport n’est pas une obligation. Et chacun peut trouver dans la lecture, le cinéma, la peinture, les jeux, la randonnée, la même chose que les sportifs.
Mais, je crois qu’il est temps de sortir de ce regard méprisant sur l’athlète.
Arrêter de considérer le sportif comme un produit de consommation. L’est-il plus que tous les gens qui se font tatouer, par effet de mode ou pour revendiquer un état d’esprit ou une appartenance ? Est-il plus grave de se payer une paire de Hoka plutôt qu’une console ou un tatouage ?
Le sport est une forme d’intelligence collective. Il invite à l’introspection et au respect de soi et des autres.
Le sport fait vibrer des millions de gens, et pendant que les gens vibrent, on ressent leurs ondes positives au-delà de tout. Et le monde en ce moment a tellement besoin de ça….
Laissons le sport tranquille et attaquons le vrai sujet : La manipulation politique dudit sport : femmes trop grosses, maigrissez en faisant du sport. Hommes virils, venez en salle faire vos muscles. Supporters de foot, dégainez votre smic pour un match.
Mais, ça c’est tout, sauf du sport…
Et puis, il y a eu les J.O. On n’oublie pas l’invitation du président israélien par Macron. On n’oublie pas non plus les sdf déplacés, les étudiants lésés, les millions d’euros dépensés ici plutôt que dans les hôpitaux publics.
Mais on n’oublie pas non plus que ces J.O ont permis de montrer les applaudissements pour la délégation palestinienne lors de sa descente d’avion, avec un magnifique comité d’accueil. On n’oublie pas non plus, le selfie des deux Corées. On n’oublie pas combien le président Emmanuel Macron a été hué lors de la cérémonie d’ouverture. La délégation algérienne a jeté des roses dans la Seine, en hommage aux victimes noyé en octobre 1961. Une danseuse de breakdance iranienne lève un drapeau « Free afghane women » ( le drame ? elle sera disqualifiée pour ce geste.) Imane Khelif, la boxeuse algérienne gagne son combat après avoir subi du cyberharcèlement concernant son taux de testostérone.
Par le sport, on peut véhiculer des idées politiques, des gestes forts, des messages. Bien sûr, le sport ne change pas le monde, mais il a imposé lors de ces jeux de nouvelles réflexions. De nouvelles perspectives. On ne peut regarder le sport international sans se préoccuper des réalités des nations.
C’est une ouverture sur le monde.
Voilà ce que peut valoir le sport. Ce que l’on peut en faire. Un autre monde. Où l’on s’amuse, où l’on vibre, où l’on partage. Où les gens se prennent dans les bras, et ont cessé de s’affronter. Ce ne sont pas les victoires qui restent, ce sont les rencontres. Au-delà des différences, des cases et des frontières.
Je ne suis ni capitaliste, ni individualiste. Et c’est justement peut-être pour ça que je suis sportive. Pour croire en un monde meilleur…
3 réflexions sur “Le sport, c’est si mal que ça ?”
Dès la 1ere compétition à laquelle j’ai participé (la compétition est ce qui définit le sport, sans compétition, le sport c’est autre chose), j’ai ressenti un profond malaise : le but est de battre ceux avec qui ont s’entraînent, ses potes, du quoi est-ce de potes ? Le but est de battre l’autre club ? Vive la fraternité quand quelqu’un te dit de ne pas parler à une personne d’un autre club. Ça ne partage pas sa gourde.
Je l’ai vu et vécu. Je ne doute pas qu’il puisse y avoir d’autres rapports mais ce n’est plus de la compétition, donc plus du sport.
Et qui dit competition, dit spectacle, dit supporter… et alors là, le chauvinisme crasse. J’emmène mon fiston au stade, faut voir les regards quand j’applaudis une action de l’équipe adverse…
Le seul truc beau des jo, c’est ce baleineau qui se fout de la gueule du monde sportif en plongeant dans le Pacifique, quand France TV nous assome de piscine olympique où ça se joue à rien.
Pourtant, je fais de la course à pieds en compétition, certes pas à un niveau olympique. Et je ne me reconnais pas dans ce que tu dis. Certes, il y a des gens comme ça, mais ce ne sont pas ceux là avec lesquels je partage mes valeurs. Et je t’assure que des gens qui aiment le sport pour les belles valeurs que ça véhicule, il y en plein. Des rencontres incroyables. je crois justement qu’ils sont là les vrais sportifs, au détour d’une gourde qu’ils partagent malgré le temps perdu, et de très grands champions ont déjà fait ça. parce que le sport c’est une rencontre avec les autres et avec soi.
Si le sport peu évidement être considéré comme pouvant être capitaliste le pratiquant ou la pratiquante est justement un peu souvent son ou sa prolétaire quand ce n’est pas carrément l’exploité.e .
Dans ton cas le sport comme tu le vie le pratique ne fait pas de toi une capitaliste le seul capital que tu en tire est une meilleure santé et des échanges sociaux positifs. Tu n’as juste pas du coup à te sentir concerné.