Fête de l’Huma 2022 : amour et déchirements

Ce week-end, comme beaucoup, on était à la Fête de l’Huma. Vous savez, le festoche qui rassemble idées, concerts, lutte et fiesta. Cette année, c’était la 87ème. Comme toujours, l’événement a été politique et culturel. Il a rassemblé des militants, des curieux, des fêtards, des journalistes, des chercheurs, des artistes, des syndicalistes, des associations…

C’est Marcel Cachin qui a créé le festival, lorsqu’il était directeur du journal fondé par Jean Jaurès en 1930. Traditionnellement, c’est à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis que ça se passe. Mais pour la première fois en plus de 20 ans, la Fête a déménagé. Et ce n’est pas le seul changement.

Du 93 au 92

En 2024, La Courneuve accueillera le village médias des JO. Les logements construits deviendront pérennes. La Fête devrait rester là où elle a eu lieu pour la première fois cette année, sur la Base 217 de Brétigny-sur-Orge. Qu’est-ce que ça change ? Par grand-chose. C’est toujours aussi grand et les équipements sont presque les mêmes. D’un point de vue commodités, c’est même un peu mieux. Mais ça, c’est le propre de la Fête : son organisation se bonifie avec le temps. Bon, cette année, le festival a eu lieu sous la flotte. Et le sol de la Base… c’est de la terre. Le public a donc passé ces trois jours dans la boue. Si ce n’est que ça…

En revanche, on a pu remarquer qu’en changeant de lieu, un public Essonnien du sud de Paris a pu remplacer le traditionnel public de Seine-Saint-Denis, presque à l’opposé géographiquement. Nous ne sommes pas sociologues. Mais sur la fête, nombreux sont ceux qui déplorent, plus que d’autres années, un certain manque de diversité. « C’est dommage de parler d’anticolonialisme entre blancs, de précarité entre gens qui ne sont pas forcément touchés par la précarité. », nous a-t-on confié.

Mélenchon à la Fête

Allez, le jeu de mot, on l’assume. Car oui, Jean-Luc Mélenchon était bel et bien à la fête. Le chef des Insoumis a été ovationné, lors de son arrivée pour participer aux entretiens de la rédaction, au sein de l’Agora. En 1 heure de discussion, le tribun a enchainé les tirades et a électrisé le public. Soutenu par ses camarades de la FI, l’ex candidat à la présidentielle s’est dit « gonflé à mort » après son passage.

Passage qui n’avait pas eu lieu depuis six ans. L’ambiance n’y était pas vraiment l’an passé alors que le PCF ne se rangeait pas derrière lui pour les élections. Les années précédentes, la rumeur parlait de Covid ou de petites brouilles. Des brouilles qui, malgré le retour des insoumis, ont persisté avec un Roussel qui a divisé la gauche pendant trois jours.

Roussel divise

L’exploit est remarquable. Le leader du PCF a réussi, à la Fête de l’Huma, à buzzer tout en liguant une grande partie de la gauche réunie contre lui. La sortie du secrétaire national sur « la gauche du travail » face à « la gauche des allocations, des minima sociaux » a fortement agacé. On l’a compris lorsque l’on n’était même pas encore arrivés de Clermont et que la grogne commençait à prendre toute la place sur Twitter. Il n’en fallait pas plus pour que l’événement occupe les discussions des festivaliers et des débats tout le week-end.

La Fête des crimes contre l’Humanité

Quelque chose d’autre a fortement agacé. Scandalisé même. La présence du PCC. Le parti Communiste Chinois tenait en effet un stand bien que, celui-ci ne présente que quelques livres sur la Chine, des artisans, des artistes et des cuisiniers. Les réactions ont été nombreuses et fortes. Des manifestations, notamment portées par EELV ont eu lieu devant le stand pour dénoncer l’internement de la communauté Ouïghour par le régime Chinois. Alors, tactique de normalisation opérée par le PCC ou volonté d’ouvrir le dialogue de la part de la Fête ?

La Fête a-t-elle disparue ?

Bon, entre le PCC, le déménagement, Roussel et ses petites phrases et même la pluie, ça fait beaucoup, on avoue. La Fête de l’Humanité a-t-elle disparu ? La réponse est non. Malgré le mauvais temps, un nouveau lieu, les éternelles disputes à gauche, on a retrouvé ce moment si particulier de l’année.

Il n’y a qu’ici qu’on peut croiser Polony au coin d’une allée, Poutou dans un stand, Chassaigne dans un autre, les députés LFI qui se marrent à l’entrée de l’Agora et Cédric Villani qui salut les passants. Qu’ici qu’on peut apercevoir un concert punk déjanté dans le stand de la Nièvre et le même type qui chante et danse, perché sur une table, devant le stand d’Haïti, pendant trois jours. Qu’ici qu’on peut regarder Quatennens se déchainer derrière sa batterie, en plein concert. Qu’on peut assister au mariage de deux hommes, sur la grande scène, orchestré par Fabien Roussel.

Qu’ici qu’on voit une programmation comme celle-ci, pour tous, de tous âges. Sexion d’Assaut a réuni un public comme rarement vu. Les Dutronc aussi. Comme chaque année, les débats ont été riches. Laïcité, Football, travail et travailleurs, Assemblée Nationale extraordinaire de la NUPES, avenir des médias et bien d’autres. Mélenchon l’a dit : la NUPES a de l’avenir. Roussel aussi. Les verts et les socialistes sont d’accord. Les militants aussi veulent continuer le combat. Cette année : pari gagné, 400 000 personnes ont fait le déplacement. Nous, on sera encore là l’année prochaine.

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1 réflexion sur “Fête de l’Huma 2022 : amour et déchirements”

  1. Quelle belle fête de l’humanité et de la fraternité (quoique).
    Commentaire de sympathisants communistes suite à la phrase de JL Mélenchon : « c’est énorme ce que l’on a fait », extraite de son discours à la fête de l’humanité le 10.09.2022).
    Réponse d’un militant communiste :
    – « Avoir réussi à faire élire Macron grâce à vos électeurs, c’est vrai que c’est énorme ce que vous avez fait », écrit le sympathisant, à l’adresse du JLM, bien sûr.
    Celui-ci envoie du lourd à la manière du patron du PC.
    On pourrait lui répondre :
    Effectivement, si le PC avait consenti à une alliance politique à gauche dès le 1er tour des présidentielles, il n’aurait pas contribué à la réélection de la droite dont il se rapproche par pur conservatisme franchouillard.
    On entend F Roussel critiquer EELV, LFI en instrumentalisant les médias. Mais est ce que les autres élus(es) PC lui emboitent le pas ou se demandent comment faire avec ou sans Roussel ?
    On est bien loin du débat au sein de l’alliance de la NUPES.
    Est-ce qu’il faut comprendre que le PC n’en voulait pas de cette alliance. Le divorce est vite arrivé. Sauf que les ambitions du PC sont bien ténues : une douzaine d’élus pas plus et pour parler de transition écologique, seul le renouvellement du parc nucléaire bien français est acceptable. L’amendement de Pierre Darrhéville sauve un peu les meubles et d’autres comme A Chassaigne ne peuvent pas décevoir.
    L’embellie n’aura pas duré mais la dette du PC est quand même là pour un bon bout de temps : avoir encore une représentation nationale grâce à l’alliance. On est loin du souhait exprimé en préambule au congrès national du PCF « arriver à l’assemblée avec un groupe renforcé » (publié le 11.11.2020 par le PC).
    LEGS difficile à porter pour F Roussel ; alors il se lance, seul, dans l’invective et dans le clivage, au sein même du camp de la Gauche.
    Son clan va t’il le suivre ? On en reparlera au prochain congrès.

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