Anecdotes de vacances

Allez on commence, avec une anecdote amusante sur la ligne Clermont-Porto... N'hésitez pas à nous envoyer les belles histoires de rencontres sur redaction@mediacoop.fr

Salle d’embarquement. Ligne Clermont—Porto. On croise un vieux couple de portugais. On discute. Lui parle peu et mal français. Elle, c’est une autre affaire. Une pipelette. Comme moi. Lui, arrive excité. « On n’est pas dans la bonne salle, vite ! » Oui, enfin, l’avion ne décolle que dans 2 heures.

Chez Ryanair, on met les gens comme on peut. Mes enfants, mon mari et moi sommes dispatchés.  Et voilà que mes passagers voisins sont ce petit couple. Elle me reconnaît, soulagée. « Ah, ça me fait plaisir. » J’avoue que moi aussi. Je les préfère au gros devant, qui reluque le cul des hôtesses de l’air. Alors démarre une conversation que l’on tiendra toutes les deux, dans les airs.

Elle me raconte. Son mariage à 17 ans, avec cet homme « pas trop mal, mais un peu petit. » glissé avec un air malicieux. « A 17 ans, c’est trop jeune mais au Portugal, à l’époque, c’était terrible. » Pas comme maintenant. Elle confie à demi-mot la dictature, son travail à l’usine à 14 ans. Mais, cet homme-là lui propose de payer tout le mariage, même la robe. Une aubaine pour l’adolescente. Elle le rejoint en France où il est parti travailler depuis quelques mois. En Auvergne. Dans le Puy-de-Dôme. Un boulot de maçon. Elle pleure les premiers jours. Elle ne comprend pas un mot de français. Personne pour lui apprendre.

Elle n’a aucune famille ni amie. Mais, dès le mois suivant, en septembre, elle va voir le médecin. A l’époque, la pilule «  pour une étrangère comme moi, ça n’existait pas. »

Elle est enceinte, cette grossesse la portera. La deuxième et la troisième aussi. « J’ai pensé avorter pour la dernière, j’avais cette possibilité. Mon mari me laissait décider mais finalement je l’ai gardée et j’ai bien fait. »

Son mari maçonne. Elle, elle fait le ménage. « Le cliché des portugais, hein » me dit-elle avec un coup de coude. Parfois, elle astique 10 heures par jour. Elle aime ce métier. Ils parviennent à avoir leur maison. La vie s’écoule. Les enfants ne le sont plus. Ils bossent en EHPAD, en crèche et à la Poste. 6 petites enfants qui font leur vie, eux aussi. « Quand ils passent je leur donne un petit billet, c’est bien normal. »

Alors, le petit couple vieillit. « Nous avons 17 ans d’écart. Eh bien tu vois, ça me dérange un peu maintenant. » Je fais la curieuse. « Eh bien pour l’amour. Moi, j’ai encore envie, mais lui, ça ne marche plus ! » Puis, elle rit, en le regardant tendrement, il n’écoute pas. « Il ne parle pas beaucoup, ce sont les hommes ça. Mais, je suis heureuse avec lui, il ne m’a jamais empêché de gagner ma vie, à l’époque, ce n’était pas si évident. Nos enfants vivent à côté de chez nous. On retourne au Portugal chaque année. C’est son seul souhait. »

Depuis que la ligne Clermont-Porto a ouvert, le couple prend l’avion. « Je n’aime pas bien le décollage et l’atterrissage mais ça nous coûte moins cher que la voiture et ça nous fait gagner du temps. »

La grand-mère sursaute. « Oh, et puis tu ne sais pas ce qu’il m’est arrivé, ce midi. Je rentre dans la voiture de ma fille qui nous emmène à l’aéroport. Et je regarde ma coupe dans le rétroviseur, et je vois qu’il me manque une dent.  Si regarde. » M’assure-t-elle en me souriant. On y voit le trou béant. « J’ai fait des cailles aux raisins ce midi et ce que j’aime c’est sucer les os. J’ai dû avaler ma dent sans m’en rendre compte. Mais, tu as vu comme ça fait moche. » J’éclate de rire, alors elle répète, pour m’amuser davantage. « Oh si ça fait moche. »

Elle se retourne alors vers son mari, qui me voit bidonnée. « Je lui disais que j’ai perdu ma dent et que ça fait moche. » Le grand-père me fait alors un clin d’œil. Avant de rire aussi. « Tu l’as avalée ta dent en même temps que la caille aux raisins. »

« Oui, d’accord, mais ça fait vraiment moche. »

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