Le Collège de Beaumont (63) en grève

Ce mardi matin, 90 % des enseignants titulaires du collège Molière de Beaumont (63) sont en grève pour dénoncer les manques de moyens humains et matériels, malgré de multiples demandes auprès du rectorat et de l’inspection académique.

Café et viennoiseries installés en salle des profs, pleine à craquer. Les enseignants ne donnent pas cours en ce mardi matin mais se sont rendus dans leur établissement pour manifester leur ras-le-bol. Il faut dire que le collège Molière a connu un bond en matière de nombre d’élèves ces quatre dernières années. Mais rien n’a été mis en place pour permettre l’accueil de cette augmentation.

120 élèves en plus mais pas de nouvelles salles

Depuis quatre ans, par décision académique, le collège de Beaumont prend en charge désormais sur sa carte scolaire, les élèves de l’école de Saint-Genès Champanelle. En cette rentrée, c’est la grande bousculade au portail avec 570 élèves, et l’ouverture d’une nouvelle classe de 3eme. Une professeure explique : « Nous avons une classe supplémentaire par an, mais nos murs ne sont pas extensibles. »

Une demande d’Algeco a donc été faite, laissée sans réponse, afin de pouvoir accueillir les 20 classes.

« Des cours de français en salle de techno »

« Nous n’avons que 20 salles, nous ne pouvons donc pas travailler par demi-groupe par exemple. Les 4e1 n’ont pas de classe pour leurs cours de physique, ma classe de technologie, disposée en îlot est utilisée par mes collègues de français. » Explique Sylvie Dreno. L’établissement a pourtant fait la demande de quatre salles supplémentaires. « On peut mettre des Algeco dans la cour le temps de construire en dur. Mais, il faut trouver des solutions rapidement. »

30 minutes pour manger au self

Le réfectoire ne permet pas non plus un bon épanouissement de l’élève. « Nous sommes obligés de faire quatre services différents entre 11H30 et 13H afin que tous les demi-pensionnaires puissent manger. Les spécialistes du développement de l’enfant expliquent bien qu’il faut une heure minimum de pause méridienne pour un collégien. Or, beaucoup n’ont que 30 minutes pour manger. » Rajoute Pascal Moine, professeur d’Histoire-Géographie.

Un seul sanitaire pour les élèves

Côté matériel, la liste se rallonge quand on constate qu’il n’existe qu’un seul sanitaire pour l’établissement.

Le collège a été créé en 1987 et pouvait contenir jusqu’à 450 élèves. Aujourd’hui, le quota a largement été dépassé avec 570 collégiens dont des élèves en situation de handicap. Des enfants suivis par le Centre Médical Infantile de Romagnat.

Et certaines salles ont dévié de leur but initial. « On a transformé nos salles de cours en une salle multimédia, une salle d’archives ou encore une salle spécifique pour les ULIS que nous accueillons désormais. Pour recevoir les parents, nous disposions d’une salle désormais réservée pour l’isolement COVID. Alors, la dernière fois, j’ai reçu une maman dans une pièce exiguë dans laquelle est entreposé du mobilier. » Raconte Pascal Moine.

De plus, les salles ont été construites pour accueillir une vingtaine d’élèves par classe. Or, aujourd’hui, la moyenne dépasse souvent les 28 collégiens par division.

Des discussions devraient être ouvertes avec le Conseil Départemental et la mairie de Beaumont, en charge de l’immobilier et du mobilier.

Il manque un principal adjoint, un CPE et quelques AED

Et si le manque de moyen matériel inquiète le personnel, les moyens humains ne sont pas en reste. « Au vu du nombre d’élèves, nous devrions avoir un principal adjoint, et un deuxième CPE. Notre établissement n’a que 4,2 postes d’AED. Ce manque de personnel provoque des incivilités de la part des élèves.  » L’année dernière douze conseils de discipline ont été réunis. « Les AED ne sont pas assez nombreux pour faire respecter les règles de savoir-vivre ».

Pas d’agent de sécurité ni interphone

De plus, l’agent de sécurité, parti à la retraite, depuis quelques années, n’a jamais été remplacé. Ce sont les AED qui se retrouvent à gérer aussi l’accueil. « Il n’y a pas un digicode, un interphone, ni même un sas de sécurité. On peut entrer dans ce collège comme dans un moulin. C’est vraiment dangereux pour nos élèves. » S’agacent les enseignants.

Nombre d’AESH divisé par deux

Autre problématique : le nombre d’ AESH ( Accompagnent des Elèves en Situation de Handicap) a été divisé par deux dans les classes ULIS (Unité Locale pour l’Inclusion Scolaire). Ainsi, les enseignants doivent parfois raccompagner leurs élèves, souffrant de déficience visuelle, en fin de cours dans la salle suivante. Ces élèves ne bénéficient pas suffisamment de soutien.

Les enseignants ont donc demandé à être reçus au rectorat. Ce matin, ils mettaient en place une délégation, accompagnés du syndicat SNES FSU, majoritaire dans l’établissement et de la CGT Educ’, venu apporter son soutien. Ils espèrent avoir rapidement des nouvelles de leur hiérarchie.

Pas de nouvelles du rectorat

« Ils nous ont dit ce matin par téléphone qu’ils n’avaient jamais reçu nos demandes, on a du mal à y croire. » Depuis, le rectorat a répondu favorablement à leur demande d’audience syndicale qui se tiendra mercredi prochain, en présence des cadres académiques et départementaux. Une réunion qui devrait débloquer la situation. « Mais si nous ne pouvons bénéficier de plus de moyens humains, nous referons grève. Et nous ne le faisons pas pour nous. Mais pour le bien-être des élèves qui ne peuvent bénéficier d’un bon enseignement dans ces conditions. » concluent d’une même voix le personnel du collège.

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