Il faut revenir quelques décennies en arrière pour comprendre qui est le personnage qui arrive en Auvergne ce week-end.
Gabriele Adinolfi est né en 1954, en Italie. Il rejoint assez vite la section Filippo Anfuso du Mouvement Social Italien (MSI). Le MSI, contrairement à son nom n’a rien de social, il s’agit d’un parti politique néofasciste et nationaliste, fondé en 1946, à la sortie de la seconde guerre mondiale.
La référence à Filippo Anfuso fait elle aussi froid dans le dos. L’homme fut ami de Franco, politicien fasciste, condamné à mort en 1945 pour coopération avec les nazis, exonéré de sa peine en 1949. Il put rentrer en Italie après des années d’exil à Madrid. Dans son pays d’origine, il rejoignit le MSI, à la chambre des députés italienne. D’ailleurs, il meurt en 1963, d’un infarctus, alors qu’il est à la tribune du parlement.
Du MSI à Terza Posizione
Ainsi, Gabriele Adinolfi, appartient pendant plusieurs années au MSI. Puis, il crée Terza Posizione, une organisation nationaliste révolutionnaire indépendante. Elle a la particularité de se positionner à la même distance du communisme et du capitalisme. Mais, elle prône la lutte armée.
D’ailleurs, nous sommes alors dans les années de Plomb. En Italie, cette période qui débute en mars 1968 va s’étendre jusque dans les années 80. Durant ces 2 décennies, les mouvements de lutte vont se radicaliser. Rien qu’entre 1968 et 1974, on compte plus de 140 attentats majoritairement néofascistes et 400 morts.
Les années de plomb italiennes
D’ailleurs Gabriele Adinolfi est inculpé pour l’un d’entre eux. L’attentat de la gare de Bologne est le plus meurtrier de cette période. Le 2 août 1980, une bombe explose en pleine salle d’attente, faisant plus de 85 morts et 200 blessés. Le souffle est si puissant que le dôme tombe sur les victimes et un mur porteur s’effondre. L’affaire fait alors grand bruit. Les francs-maçons de la loge d’extrême droite Propaganda Due avancent de fausses preuves. En effet, certains d’entre eux sont en charge de l’affaire.
Mandat d’arrêt international
Terza Posizione, organisation de Gabriele Adinolfi est accusée. Les militants sont envoyés pendant 4 ans et demi en prison, avant d’être acquittés. Mais Gabriele Adinolfi doit s’exiler car il a contre lui un mandat d’arrêt international, notamment pour ses idées antisémites, racistes, anti-démocratiques.
A Paris, il se lie, évidemment avec le GUD, Groupe Union Défense, une organisation étudiante d’extrême droite réputée pour ses actions violentes. Il crée notamment des contacts avec Frédéric Châtillon et Axel Loustau.
Liens avec le GUD
Frédéric Châtillon est à l’époque, président du GUD. Depuis, l’homme a tracé sa route. Il est désormais le patron de l’agence de communication Rival qui travaille notamment pour le Front National, le régime de Bachar Al Assad, ou encore la fondation Brigitte Bardot. Il est de plus, le conseiller de Marine Lepen.
Axel Loustau, lui aussi à l’époque est militant au GUD. A l’époque, il est d’ailleurs un des grands admirateurs de Léon Degrelle, ancien Waffen SS. Entre 2015 et 2021, il devient conseiller régional d’Ile de France. De tradition familiale, il est proche de la famille Lepen, son père étant un membre de l’OAS, ami de Jean-Marie.
Axel Loustau est aperçu aux manifestations néofascistes du comité du 9 mai dans les rues de Paris durant lesquelles il n’hésite pas à insulter les journalistes.
Mais, l’homme n’est pas à ça près. Pour ses 40 ans, il poste une photo de lui réalisant un salut nazi. Un autre jour, il est aperçu avec l’imam Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Il est accusé d’avoir participé à l’attentat contre Samuel Paty.
Et comme les chiens font rarement des chats, le fils de Axel Loustau, a milité chez les Zouaves à Paris, groupuscule néonazi violent dissous en 2022. Il est d’ailleurs fiché S , poursuivi pour provocation publique à commettre un délit, menace de mort, injures à caractère discriminatoire et apologie de crime. Il écope même d’une peine de 6 mois de prison avec sursis pour agression homophobe.
Entre Julius Evola et Che Guevara !
Voici donc les amitiés entretenues par Gabriele Adinolfi pendant son séjour parisien. Après la prescription de ses condamnations, il peut rentrer en Italie. Nous sommes en 2000. Il y continue des projets journalistiques ainsi que la propagation de ses idées. D’ailleurs, il restaure par exemple la garde d’honneur devant la crypte de Benito Mussolini. Il devient alors une figure du néofascisme italien. Ses idées s’inspirent de la pensée Evolienne, en référence à Julius Evola. Ce philosophe idéologue italien se considérait comme un Superfasciste et prônait des valeurs aristocratiques, monarchistes, et masculines.
Adinolfi lui ajoute à sa pensée des références telles que Chavez ou Guevara. Définitivement anti-américain, il est antisémite, antisioniste. D’ailleurs, il est pour la Palestine. Il demeure cependant, contre l’immigration et pour les valeurs traditionnelles de la famille. Il est proche de Casapound, d’abord centre social d’extrême-droite avant de devenir un parti politique. Casapound se dit proche d’Aube Dorée en Grèce et inspirera d’ailleurs le Bastion Social en France.
Une conférence à Clermont-Ferrand
C’est donc cet homme qui sera à Clermont-Ferrand ce samedi, sur invitation de Clermont Non Conforme, groupuscule néofasciste local. Il y tiendra une conférence nommée « Les années de plomb peuvent-elles revenir ? » On pourrait presqu’y lire l’espoir du retour de la lutte néofasciste armée.
Le lieu est gardé secret, mais nous espérons que la tenue d’une telle conférence sera interdite ou au moins très surveillée.
1 réflexion sur “Une figure néofasciste à Clermont ce samedi”
Messieurs, je viens de lire votre article sur moi. Je ne rentre pas dans vos préventions idéologiques, qui sont normales et je peux les comprendre.
Je ne vais pas non plus porter plainte contre vous parce que je veux bien croire en votre bonne foi. Sachez simplement que je n’ai jamais été l’objet de quoi que ce soit concernant l’attentat de Bologne, sauf des tentatives de fausses incriminations par les services sécrets liés à Gladio, des tentatives toujours déjouées par la justice, bien que s’agissant de magistrats de gauche.
Je vous fais part de ceci parce que je n’aime pas les partis pris et je ne pense pas à priori que ceux qui se disent mes adversaires soient forcemment de mauvaise foi.
Cordialement et dans le souhait que vous veniez m’écouter