« Je ne m’y attendais pas du tout, même mon avocat était pessimiste. Mais c’est une excellente surprise. Surtout que j’attends toujours le compte-rendu de la décision, mais nous savons déjà que c’est bien sur le fond que nous avons été relaxés. » Laurent comparaissait le 11 janvier après une publication sur Facebook dans laquelle, il considérait les responsables de La poste comme des escrocs. A cette époque, un bras de fer entre salariés et direction durait depuis des mois, épuisant le personnel. « Nous avons effectivement bien expliqué que le propos avait été sorti d’un contexte, que personne n’a été nommé ». Pourtant 5 personnes porteront plainte contre le syndicaliste, » dont j’ignorais pour certains même le nom. » Hormis le directeur du centre que Laurent a déjà croisé, il n’a jamais vu les autres plaignants. « Certains pensent que La Poste va faire appel, c’est possible, juste pour m’embêter » dit calmement Laurent, habitué aux poursuites judiciaires. « En ce moment, j’attends la date d’un procès en appel. Car j’ai été condamné pour une manifestation non déclarée et dégradations de biens publics et j’ai écopé de 10 mille euros d’amende avec sursis et 16 mille euros de dommages et intérêt pour la société autoroutière APRR. » Trois autres plaintes sont en attente. « Je dois être entendu pour une opération Escargot pendant la mobilisation contre la loi sur la réforme des retraites. » Le procureur a porté plainte pour entrave à la circulation. Laurent sera aussi entendu en tant que participant au blocage d’u site de carburant. « Il paraît que ce jour-là un représentant du préfet a fait à trois reprises une sommation. Mais personne ne l’a entendu. Nous avons été dégagés à coups de matraque, d’ailleurs une camarade a porté plainte pour violences. » Laurent ne se souvient plus. « Attends, il me semble bien qu’il y a une autre affaire. Ah oui, pour dégradations de biens publics. Les cheminots auraient soudé le portail sur un autre blocage. » Le responsable syndical s’y perd. Il a été entendu plus de 15 fois « parfois pour des faits dont je n’avais pas connaissance, et parfois sur des lieux ou je n’étais pas. »
« On a porté plainte souvent contre moi, mais le plus souvent j’ai gagné, comme contre cette entreprise de recyclage. On dénonçait le fait qu’elle fasse travailler les salariés dans des poussières toxiques. Les responsables avaient porté plainte pour diffamation contre moi. J’ai eu gain de cause. »
Alors, si la relaxe contre la poste est une bonne nouvelle, elle reste néanmoins qu’un épisode dans la vie de Laurent. « D’ailleurs, le 16 mars, on se rendra au centre de tri pour rencontrer les salariés qui sont encore en lutte. Je serai accompagné de Philippe Martinez. »
En attendant, Laurent auprès d’autres de ses camarades, est déjà dans une autre lutte. « Le maire de saint-Pourçain où nous avons notre local nous a envoyé un courrier afin de nous dire que nous avions 4 semaines pour rendre les clefs. C’est un des bras droits de Laurent Wauquiez, le président de région, on se doutait qu’on n’allait pas trop bien s’entendre. » Demain, il sera reçu par le premier adjoint de la ville. « Etre syndicaliste ce n’est vraiment pas facile, on criminalise chacun de nos gestes, on cherche à nous nuire par tous les moyens, il faut être sur tous les fronts. »