Interview de la famille Lacoste en plein cœur de Sivens

Un documentaire sonore

En partenariat avec Mediatarn, Eloïse Lebourg est allée en résidence dans le Tarn, avec Matthias Simonet, afin de réaliser un travail documentaire sur le terrain de Sivens. Ils en sont revenus avec un témoignage sonore d’une des familles les plus impactées sur le territoire de « L’Affaire Sivens ».

Ce matériel sonore a une histoire que je vous dois de raconter. Avec Matthias Simonet, nous avons été sélectionnés pour participer à une résidence documentaire dans le Tarn. Hébergés à Lavaur, travaillant dans les collèges de Gaillac et Lavaur, très vite, nos sensibilités nous ont amenés sur le territoire de Sivens. Nous connaissions ce lieu. J’y avais rencontré les zadistes avant la mort de Rémi Fraisse. Il reste des stigmates de cette bataille pour le barrage qui a divisé les habitants et dont la France entière a suivi à la télé les rebondissements.

Un travail de mémoire

Avec Matthias, très vite, nous avons voulu interroger ce qu’il restait d’un fait 6 ans après. Les conséquences d’un traitement médiatique qui agit tel un rouleau compresseur, et qui repart aussi vite qu’il n’est arrivé. Alors, nous avons interrogé les habitants, les pro, les anti-barrage. En recoupant les interviews, nous prenions conscience qu’un même fait est interprété de façon totalement différente, en fonction de sa situation géographique. Certains vivaient au coeur de la ZAD, d’autres la surplombaient, certains la subissaient, d’autres y étaient actifs. Nous avons compris aussi que les légendes et rumeurs polluaient les souvenirs, 6 ans après. Les on-dit d’un territoire rural divisaient les habitants, les voisins. Mais, chacun garde des cicatrices de la bataille de Sivens. Chacun y a perdu une amitié, un lien avec sa famille. Le territoire affectif a été dévasté.

Alors que nous avions décidé de donner la parole aux différentes parties, l’une d’entre elle a décliné, l’autre était en cas contact et a refusé de nous accueillir sur notre temps de résidence. Et nous avions peu de chance de pouvoir revenir sur le territoire. Il ne restait plus que la famille Lacoste.

Témoigner des stigmates sur un territoire d’un fait médiatisé.

Cette famille a aidé les zadistes. Sa maison est située sur le chemin qui mène à la Métairie, lieu de vie des zadistes. Très vite, nous avons sympathisé. Il faut dire que nos affinités morales et politiques ont beaucoup aidé. En ce sens, notre travail est loin d’être objectif. Il nous a paru beaucoup plus facile de comprendre leurs démarches, car nous étions convaincus du bien-fondé de leur position. Alors, nous avons convenu d’un bon dîner. En bonne auvergnate, j’apportais le Saint-Nectaire. En bons paysans, ils nous offraient un poulet rôti, et nous avons apporté le vin. C’est dans cet environnement que nous avons fait l’entretien, mis en confiance, chez eux.

Mise en confiance et subjectivité

Bien sûr, nous avons monté l’interview afin qu’elle soit plus écoutable mais avons voulu retranscrire le contexte. Nous aimerions que vous sentiez d’ici l’odeur du poulet et la chaleur de la maisonnée.

Il nous semble que les témoignages sont précieux, ils apportent beaucoup à la compréhension des faits, même s’ils ne représentent qu’un point de vue. Mais Matthias et moi sommes déjà convaincus de la subjectivité journalistique et encore plus du travail de documentariste.

Alors, voilà un podcast de 58 minutes durant lesquelles nous vous prions de bien vouloir venir à table avec nous…le Poulet est encore chaud, les frites maison, et le vin et le saint-nectaire se marient à merveille. Il est temps d’écouter le témoignage de la famille Lacoste et de comprendre les enjeux d’un fait sur un territoire.

Documentaire témoignage famille Lacoste

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