Il fait chaud. Chacun.e sort sa gourde, en attendant le convoi de l’eau. Sur le parking du stade de Volvic, les militants mettent un peu de temps à arriver. Certain.e.s membres des collectifs « Volvic nous pompe », « Les soulèvements des Volcans » ou encore « Stop embouteillages » décorent les arbres de bouteilles en plastique, malgré le vent qui se lève.

Le convoi Est de l’eau est parti d’Ardèche ou Grenoble et a rejoint Lyon la veille. Aujourd’hui, l’étape est l’usine de Volvic. Une militante de Bassines Non Merci 63 explique : »L’eau c’est vital, en 3 jours, l’être humain meurt de soif, quand il peut être deux mois sans se nourrir. Et ça va bien au-delà de ça. L’eau c’est une question écologique, mais aussi économique et donc sociale. L’eau, c’est nous, nous sommes faits de 90 % d’eau, ce sont les rivières, l’eau potable. L’eau c’est partout. »
L’eau c’est vital
Pour cette militante qui se bat pour la justice sociale et climatique, les causes et les journées comme celles-ci sont régénérantes. « On vit dans une société de solitaires, surtout depuis le Covid. Le confinement a cassé la lutte sociale. Alors, je trouve important de s’engager, même au niveau local, dans son quartier, dans sa rue, son immeuble.

En milieu d’après-midi après deux heures d’attente, une trentaine de convoyeurs arrivent sur le parking pour un pique-nique. La pluie s’invite en même temps qu’un hélicoptère de la gendarmerie qui n’aura de cesse de tourner au-dessus des militant.e.s réuni.e.s sagement pour écouter les prises de parole.

C’est Pierre Couturier, militant multi-casquette qui ouvre le bal. Il dénonce les exploitations extractivistes et les multinationales telles que Limagrain ou Danone (dont Volvic fait partie). « Nous vivons des sécheresses de plus en plus sévères, sur la commune où nous nous trouvons, nous sommes au bord de la rupture d’approvisionnement en eau potable. On va devoir faire venir des camions citerne à Volvic ? »

François-Dominique de la Rozière de Montlosier est géologue, et a rejoint l’association Preva. « Un mensonge est inscrit au-dessus de nos têtes » commence-t-il, alors que nous lisons « pharmacie de la source. » En effet, aucune source ne coule sur Volvic. « Ici, nous avons des forages a 70 ou 100 mètres de profondeur pour que l’usine récupère l’eau. »

Il y a seulement 50 ans, on prélevait sur la commune 200 mille litres d’eau. Désormais, c’est 2 milliards 300 millions de litres par an. « Avec le nombre de bouteilles qui sortent chaque année de l’usine Volvic, on pourrait faire 14, 5 fois le tour de la terre. » Sans remettre en question le dérèglement climatique, l’expert explique qu’il a bon dos. « En matière de pluviométrie, on ne recense que 5% de variations en 10 ans. La sècheresse vient de l’accaparement de l’eau par les multinationales. »

Le géologue soutient malgré tout les salariés de l’entreprise Volvic. « IL ne s’agit pas de faire fermer l’usine, mais plutôt d’avoir une utilisation raisonnée de l’eau. Les priorités d’usage, telles que dites dans la loi de 2006, doivent être respectées. Et la commercialisation n’arrive qu’en 4eme position. Elle n’est pas une priorité ! »
Christian Amblard, chercheur au CNRS tient à rappeler que les eaux de Volvic ne sont pas le seul problème dans la région pour les militants. « Nous avons le projet des méga-bassines, les mines de lithium qui vont pomper dans l’Allier. »
Il rappelle aussi que les eaux en Auvergne sont polluées par les pesticides et que cela a un impact considérable sur la biodiversité.
Marianne Maximi, renouvelée dernièrement dans son rôle de députée LFI de la 1ere Circonscription du Puy-de-Dôme a travaillé pendant 2 ans sur la question de l’eau dans le département. Elle a tenu à venir soutenir le convoi sur l’eau. « Il ne faut pas oublier l’écologie qui a été la grande absente dans les débats de ces dernières semaines. »

Paré.e.s de drapeaux et bouteilles en plastique, et une fois la pluie éteinte, la soixantaine de militant.e.s s’est d’abord dirigé dans le centre du village. Après une heure de marche par les chemins, les militant.e.s sont arrivé.e.s, dans les chants et la bonne humeur devant l’entrée de l’usine. Là, ils et elles ont déposé une centaine de bouteilles en plastique, dans une démarche « retour à l’envoyeur ».

Une fois l’action terminée, et malgré les drones qui ont virevolté au-dessus de nos têtes toute l’après-midi, les militants de façon pacifique ont repris le chemin inverse. Hier soir, ils et elles campaient avant de reprendre la route ce matin, en direction de Limoges.

Ils et elles devraient arriver Mercredi à Melle (86), où le Village de l’eau devraient accueillir plus de 10 mille personnes pendant 6 jours pour de nombreux débats, formation et fêtes. 120 organisations environnementales, syndicales, et paysannes sont à l’initiative de cet événement. La revendication principale demeure dans la demande d’un moratoire sur les méga-bassines.