A Pont-Du-Château, un centre d’hébergement pour mineurs fait polémique

Vendredi, les élus de Pont-Du-Château devront se prononcer pour l'implantation d'un centre d'hébergement pour Mineurs Isolés dans un hôtel, en vente depuis 5 ans, et qui intéresse l'ANRAS afin d'accueillir dignement les enfants.

C’est un post facebook sur une page « Pont du chateau notre ville » qui a déclenché le débat. Christophe Cescut, dans l’opposition municipale publie, le 11 décembre l’annonce de l’arrivée d’un centre d’hébergement pour mineurs.

Une horde de commentaires s’alignent sous ce texte. Les modérateurs ont parfois du mal à suivre mais, aidés de certains habitants choqués, parviennent à retirer les propos racistes, discriminatoires. On peut lire par exemple « Les migrants sont des délinquants. » « Vivement le grand ménage en 2026. » Ou encore « qu’ils retournent chez eux. »

Cette colère voire haine déversée sur les réseaux concernant un projet d’accueil de mineurs isolés fait froid dans le dos. Christophe Cescut, lui-même, reconnaît que ça va trop loin. « Moi, je suis d’accord pour accueillir ces jeunes mais je pense que le lieu n’est pas le bon. Cet hôtel est en bord de l’Allier et est un lieu touristique. D’autres alternatives existent sur notre commune. »

Pourtant, l’élu fait l’amalgame entre insécurité et migration. « On a déjà assez de délinquance comme ça. » Ce à quoi on répond du tac au tac « Mais, vous avez donc de la délinquance sans migrants ? » L’élu se reprend : « Oui, ce sont des jeunes castelpontins qui commettent des délits mais on manque de police municipale. » Tente-t-il de se justifier.

Le maire, lui, en a plus que marre. « Je ne supporte plus ce genre de propos. On ne surfe pas sur la peur et la colère des gens. C’est grave d’utiliser les réseaux sociaux pour attiser des polémiques. »

Christophe Cescut en convient. « C’est vrai que les réseaux, ce n’est pas malin mais c’était le seul outil à ma disposition pour dénoncer le manque de transparence du maire. »

Parce qu’au fond, l’élu de l’opposition n’est pas contre le projet d’accueillir les mineurs, il aurait juste aimé qu’un débat public ait lieu sur cette question. « Ca aurait évité les sorties de route racistes. »

Le maire ne décolère pas, lui. « Je suis exaspéré par le fait que même dans mon groupe, certains soient gênés par la question de l’accueil de jeunes mineurs isolés, c’est-à-dire sans parents. N’a-t-on plus aucune fraternité dans ce pays ? Je suis très attristé par le fait que sans même connaître la nature d’un centre d’hébergement, les gens se positionnent contre, parfois par pur racisme. »

A Pont-du-Chateau, la montée de l’extrême-droite est criante, notamment avec l’accueil dans un restaurant de nombreuses rencontres de groupuscules et personnalités du RN. « Nous sommes à une période, où on ne peut plus dire n’importe quoi sans réfléchir, notamment sur les réseaux. Cela a des conséquences. En tant qu’élu, on a nos responsabilités. Qu’on soit en opposition constructive dans la politique, c’est un fait, qu’on poste sur les réseaux sans connaître le sujet, c’est un scandale. »

Le maire a donc dû se justifier dans une vidéo. Il a alors expliqué que l’hôtel était invendu depuis 5 ans. L’ANRAS s’est ainsi intéressé à la bâtisse comprenant des chambres et une grande cuisine. « Nous avons eu une réunion fin septembre, avec les responsables de la protection de l’enfance du département, et la conseillère départementale. Mais ce n’est pas moi qui choisis. »

En effet, vendredi, un conseil municipal à huis clos se tiendra en mairie. « Les élus devront se positionner sur le projet. » Explique le maire. Mais à 17H30, un rassemblement a été initié par des citoyens. Et l’appel prend une tournure particulière. Il y est inscrit « Contre l’arrivée des migrants ». Un appel qui devrait être interdit, si la loi contre les discriminations était respectée.

« J’espère que mon groupe saura être clair dans son positionnement contre l’extrême-droite qui tente de récupérer cette colère. » Exprime clairement Patrick Perrin. « Même si les réseaux sociaux ne sont pas la vraie vie, et que je ne sais pas combien ils seront, j’ai demandé la présence des gendarmes vendredi. »

La vraie vie, justement, il la côtoie au quotidien. « Je suis allé au marché de Noël, je n’ai eu que des mots de soutien, de gens qui ne comprennent pas cette colère sur Facebook. J’ai juste une personne qui est venue me voir car il n’y avait pas de manège. »

Ce matin, un citoyen lui a dit que ce centre, il pouvait même être à côté de chez lui. « Ici, ou ailleurs, ça m’est bien égal. Tant qu’on accueille bien ces gosses. »

Mais, une femme a pris place dans la conversation : « non, il faut les mettre dans les champs, pour les y faire bosser.  » L’édile alors répond : « Ce sont des enfants. Faire travailler des enfants dans les champs? » Sans se démonter, son interlocutrice insiste: « Ce sont juste des étrangers. »

Le maire raconte cette histoire puis se tait. « J’ai 5 petits enfants, dont trois petits métisses. Je fais de la politique depuis longtemps, je m’entendais bien avec mon adversaire politique qui est parti en 2019. On n’était pas d’accord mais on pouvait discuter. Mais, là, jamais je n’aurais pensé qu’un centre d’accueil pour enfants, qu’ils soient étrangers ou non, fassent autant polémique. Jamais je n’aurais pensé que cela irait si loin. Je suis attristé de l’ambiance actuelle, et j’attends de voir le vote de vendredi. Mais, je resterai en lien avec mes valeurs. Loin des réseaux sociaux et de la haine de l’autre. »

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3 réflexions sur “A Pont-Du-Château, un centre d’hébergement pour mineurs fait polémique”

  1. Les castelspontins xénophobes, on va les mettre d’urgence dans un CADA ( Centre Auvergnat Des Abrutis).
    On attend une contre manifestation en signe de solidarité aux migrants et au conseil départemental qui est à la manœuvre.

  2. Un foyer de terroriste, de voleur, de violeur et d’égorgeur en plein centre ville de Pont du chateau. La décadence des élus et des politiques n’a plus de limite. Pauvre france.

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