La parole donnée aux habitants des quartiers par le réseau « Relier »

Le réseau Relier, association créée en 1984, permet la mise en réseau des gens qui veulent s'installer à la campagne. Ce samedi, à Clermont-Ferrand, les adhérents recueillaient le témoignage des habitants des quartiers clermontois. Nous avons accompagné les militants toute la matinée.

Le rendez-vous est donné, ce samedi à 9 heures, à l’arrêt de tram des Vergnes. Le quartier calme accueille des immeubles mais peu de commerces ou autres activités. « Ici, on y dort. » Explique un habitant qui sort du tram. « Je suis bien ici, le tram en bas de mon appartement, je pars travailler en ville. Je rentre. Mais, du coup, je ne connais pas mes voisins. Ici, c’est un grand dortoir. »

Une femme arrive avec ses deux adolescentes. « Je viens faire le ménage dans ce quartier. Mais je vis à La Gauthière et je trouve qu’il manque du lien ici. Un homme est mort dans son appartement, c’est l’odeur qui a interpellé l’entourage. Son corps a été retrouvé après plus de deux semaines. C’est triste, mais ça révèle une société individualiste. Ce n’était pas comme ça avant… » Regrette cette femme qui déplore aussi le manque de respect des locaux, par certains. « Les cages d’escaliers sont dégradées. Les gens ne prennent pas soin de leur quartier. »

Croix-de-Neyrat : un quartier agréable.

Des Vergnes, les militants de l’association se scinde en deux. Un groupe se dirige vers Croix-Neyrat, quand d’autres membres vont à l’école d’architecture. Du côté des Hauts de Chanturgue, à Croix-Neyrat, un homme sort de chez lui. « Je vis ici depuis 40 ans. Les appartements sont bien, mais j’ai mal choisi, le mien a un vis-à-vis. » Lui se plaint d’une famille qui jette ses déchets par sa fenêtre. « Sinon, ce quartier est bien. On s’y sent en sécurité, malgré ce que raconte la presse. »

Une femme traîne son caddie. Elle revient d’Auchan. Le supermarché fermera ses portes en mai, laissant sur le carreau tous ses salarié.e.s et client.e.s.  » J’ai dit à mes enfants que si Auchan part, nous serons obligés de déménager. Nous n’avons pas de voiture, aucune possibilité de faire nos courses ailleurs. Il y a un rayon Hallal, ici, c’est important pour nous. Et si nous devons partir, j’en serais malheureuse, car depuis la réhabilitation, nous sommes vraiment bien dans ces appartements. Le quartier est calme. Mes enfants sont scolarisés au Lycée Brugière et au collège Albert Camus. » Pour elle, Auchan n’était pas qu’un simple magasin. « C’était un endroit convivial, le lieu de nos rendez-vous. »

Une femme espère qu’un marché sera mis en place pour pallier la fermeture de l’hypermarché. « Il y a 2 ans, nous avions demandé à la mairie qui avait accepté, c’est Auchan qui avait mis son véto, disant que ça lui ferait trop de concurrence. » Dalila a créé une association pour les femmes dans le quartier. « On a sorti un livret de recettes venant de 10 pays différents. Nous sommes très heureuses de ce projet. Cela montre la diversité de notre quartier. »

Un marché en lieu et place du supermarché Auchan

Un marché, l’idée plaît à tout le monde, car la disparition d’Auchan est vécue comme un drame par les habitants. « On n’avait que ça, et on nous l’enlève. On va vivre complètement éloignés du reste de la ville désormais. Plus personne ne s’arrêtera faire ses courses dans notre quartier. »

Une dame, à bord de sa voiture, attend que le portail s’ouvre, et en profite pour témoigner : « Je suis ASH au CHU, mon mari vient de trouver une place. Ici, nous payons 600 euros charges comprises. Nous ne pouvons pas vivre ailleurs avec nos deux petits salaires. Et encore mon mari ne travaille pas depuis longtemps. » Cette femme est ravie de sa vie ici. « Il n’existe aucune insécurité ici, vraiment, juste des incivilités. » Pour elle, il manque des lieux pour les jeunes. « La maison de quartier est obsolète. Nos jeunes n’ont pas grand chose à faire. Ce ne sont pas forcément les gamins du quartier qui viennent faire les rodéos sur le grand boulevard. Mais ce sont toujours eux qui sont stigmatisés. » Pourtant, elle peut en témoigner : « Ici, les jeunes portent toujours nos paniers de courses, et aident les plus anciens. »

Une vieille dame sort de son immeuble. Elle confirme. « Ce quartier est vraiment agréable. Moi je voudrais juste un appartement en rez-de-chaussée, car j’ai de plus en plus de mal à me déplacer et les ascenseurs tombent en panne. » Pour rien au monde, elle ne déménagerait. « Je ne comprends pas toutes les critiques sur Croix-de-Neyrat. J’ai vécu 40 ans à Fontaine du Bac. Je me sens mieux ici. Mon appartement est proche du bus. Et ce lieu est magnifique. »

Des jeunes stigmatisés

Elle aussi défend les jeunes : « Ils sont polis, nous aident toujours. Peut-être que certains sont mal cadrés mais ce n’est pas de leur faute. J’aimerais qu’on arrête de stigmatiser nos jeunes. » Répond-elle avant de se diriger vers Auchan, où elle a « quelques bricoles à acheter. »

Les voitures se succèdent, les voisins se croisent, se disent bonjour, le facteur salue avec un grand sourire. Le froid saisit les corps mais le soleil éclaire le quartier. « Notre seul problème ici, c’est ce qu’en racontent les gens qui n’y vivent pas et fantasment notre quartier comme un lieu de délinquance et d’insécurité. En venant donner la parole aux habitants, au moins, vous avez la vérité de ceux qui connaissent le mieux cet endroit. Ca permet un peu de contrebalancer les rumeurs. » Conclut un habitant qui part faire son footing.

Toutes les informations sur l’association Relier ICI.

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1 réflexion sur “La parole donnée aux habitants des quartiers par le réseau « Relier »”

  1. Ces témoignages sont bienvenus et parlent réellement de la vie et des avantages à vivre dans ces endroits mal nommés voire méprisés par certains. Ça donne envie d’y aller et c’est la première pensée qui m’est venue. Je ne pourrai pas changer de lieu aussi facilement que la pensée me le suggère mais j’irais, je me promènerai entre ces immeubles plein de couleurs. Je les vois de chez moi et je préfère découvrir ses habitants plutôt que de tourner en rond place de Jaude.

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