Rien de neuf sauf le soleil. Lorsque des familles étrangères étaient expulsées au mois d’avril dernier, les collectifs de solidarité craignaient le « pourrissement de la situation ». Trois mois plus tard, elles dorment toujours sous des tentes, à la Maison du Peuple de Clermont-Ferrand.
Habitués à nous rendre sur place, nous n’avons pu que constater un essoufflement de la présence bénévole bien que les personnes qui continuent à venir parviennent à compenser par leur engagement exemplaire. « Il y a un épuisement qui se fait, les gens fatiguent. C’est très classique », pointe Simon Lamure du Réseau Éducation Sans Frontières qui met aussi en avant le fait que de nombreux militants ont été aspirés par la campagne des élections législatives dernièrement.
Patate chaude
« La situation était urgente et inacceptable il y a trois mois et elle est toujours urgente et inacceptable », indique Simon. Pourtant, rien ne bouge. La faute à des pouvoirs publics qui n’assument pas leurs responsabilités et se renvoient le sujet comme une patate chaude selon le RESF. Depuis l’installation du campement, la préfecture est toujours restée en contact avec l’association. En revanche, silence radio pour le Département alors que la Mairie n’a pas donné de nouvelles depuis le mois de mai.
Une fois de plus, les associations de solidarité demandent la mise en place d’une table ronde pour ouvrir le dialogue et apporter des solutions concrètes. « Qu’on fasse un point sur la situation et qu’on sorte du C’est à lui de faire ça. Il faut réfléchir concrètement. Il y a environ 200 personnes à loger, ce n’est pas 3000. Il faut mettre tout le monde face à ses responsabilités. Ce n’est pas à nous de faire le calendrier ou de trouver des solutions »
Le froid et le chaud
Il y a quelques mois, les collectifs de solidarité dénonçaient la « politique du thermomètre » de la préfecture qui ouvrait puis fermait un gymnase pour accueillir les personnes sans-abri selon les conditions météo. Si le froid est une difficulté, il n’est pas le seul. « C’est l’été donc déjà, les mineurs ne sont plus hébergés dans les internats et il va commencer à faire très chaud. On va faire comment quand il fera 50°C sous la Maison du Peuple ? », alerte Simon Lamure.
« Les cartes ont été rebattues politiquement. Les Français ont voté et n’adhèrent pas à la politique de l’extrême-droite. Il faut en tirer les conséquences. Personne ne veut que cette situation perdure à Clermont-Ferrand », poursuit ce dernier qui indique que les dons, eux, sont toujours aussi nombreux. Reste que les habitants de la Maison du Peuple ont toujours besoin de nourriture, de tentes, de matelas et de duvets.
Actuellement, 42 adultes y vivent dont 6 femmes seules. L’une d’elle est enceinte de 4 mois et une autre en situation de handicap. On compte 31 enfants dont 2 mineurs non accompagnés.