Ouvrir une gare n’est jamais un mauvais signe

A Billom, dans le Puy-de-Dôme, une association vient de se monter afin de dénoncer le manque de transports collectifs de la communauté de communes, engorgeant les routes, et pénalisant les habitants du milieu rural.

Le petit salon de thé a ouvert il y a quelques mois. Là, tout s’y vend, à la manière d’une brocante. Les deux gérantes sont du coin. « On a fait nos études ici. on passait devant la devanture pour aller faire du sport, quand on était au collège. »

Billom est une commune où il fait bon vivre. Des bars sympas, un centre ancien, des petits commerces, et le marché du lundi matin.

Une population post-covid

D’ailleurs, après le Covid, des familles entières sont venues s’installer dans le coin.

Mais, désormais, si la vie y est paisible, elle y est aussi devenue plus compliquée.

« Les habitants travaillent souvent vers Clermont-ferrand. On dénombre 77800 déplacements par jour, dont 13 mille trajets quotidiens au départ de Billom. Et tout ça en voiture. » Commence Paul, élu municipal et adhérent à l’association Transco’Billom.

En effet, ici, on n’a pas le choix. C’est la voiture ou rien…La gare a été fermée. Les transports en commun n’assurent pas les trajets jusqu’à Clermont-Ferrand, en passant par Cournon. L’axe Sud est donc totalement impossible en dehors de la voiture.

Une piste cyclable sur la voie ferrée !

« On a appris que le département voulait faire une piste cyclable….Sur la voie ferrée. Alors que nous aimerions la réouverture de la gare. » Poursuit Charlie Paysac, jeune retraité. Lui faisait les trajets tous les jours pour se rendre au travail à Chamalières. « C’était un gouffre financier, une perte de temps et en dehors des pratiques écologiques indispensables à tenir en ce moment. »

En moyenne, une voiture nécessite 170 euros par mois de gazole pour un salarié qui ferait Billom-Clermont tous les jours. « On rajoute à cela l’entretien de la voiture, lissé par mois, cela revient à plus de 400 euros. »

Billom est donc enclavé. Seule une ligne de bus permet de rejoindre le nord de la ville. « Et les horaires ne correspondent pas aux horaires de travail. »

3000 personnes immobilisées sur la communauté de communes

Ainsi, les adhérents de l’association, montée en mai 2024 ont cherché les chiffres et les informations. « 3000 personnes sont considérées comme immobiles sur la communauté de communes. Souvent, les plus précarisées ou fragiles. » Explique Paul qui enrage devant le délaissement des territoires ruraux. « Aujourd’hui, avoir une voiture nécessite de l’argent, et avec la crise, ce n’est plus possible pour tout le monde. »

Alors que….Les solutions existent ! La SNCF estime à 12 millions d’euros les travaux nécessaires pour rejoindre Billom à la gare de Vertaizon. (Gare qui dessert ensuite jusqu’à Clermont-Ferrand.)

Un train et plus de bus

La cinquantaine d’adhérents de l’association réclame donc : la non-bétonnisation de la voie ferrée, l’ouverture de ligne de bus, reliant Billom à Cournon avec une voie dédiée, et plus de bus pour la ligne qui dessert le Nord, avec des horaires plus adaptés aux personnes actives.

En effet, le constat est pourtant clair : 40 mille salariés clermontois vivent en dehors de l’agglomération.

Un impact écologique

Un autre argument est targué par l’association : L’environnement. « Un train, c’est 55 camions en moins sur les routes. L’impact écologique est non-négligeable. » Exprime Charlie qui poursuit avec l’argument du temps. « Il faut désormais une heure 20 pour faire le trajet jusqu’à Clermont, en heure de pointe, tellement ça sature. Alors, qu’on estime à 30 minutes le trajet en train. »

Alors, les membres se bougent : Rencontre avec les habitants sur les marchés, manifestation dans le cadre d’un forum.

Car, autour de Billom, la campagne isole encore plus. « On a des communes joignables que par la voiture. » Pourtant Charlie exprime bien que « le train ce n’est pas être sentimentaliste. D’ailleurs, on voudrait que soit installé le train du futur, le train léger, compatible avec les voies de tramway. »

Des solutions existent

Aujourd’hui, en France, 98 % des déplacements sont réalisés pour le travail. Et de plus en plus de gens veulent vivre à la campagne pour économiser sur l’achat d’une maison. Au final, avec le prix du carburant et de l’utilisation de la voiture, le calcul n’est pas toujours le bon.

Alors Charlie préfère parler du bon exemple : « A Nord-sur-Erdre, à côté de Nantes, on a rouvert la gare fermée en 1980, il y a une dizaine d’années. La commune est passée de 4000 à 7000 habitants, a pu ouvrir un lycée et un centre sportif. Ouvrir une gare ce n’est jamais mauvais signe. » Conclut Charlie qui est persuadé que l’isolement de certains crée les divisions et les fractures entre les humains. Deux mondes qui coexistent désormais jusque dans les urnes…

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1 réflexion sur “Ouvrir une gare n’est jamais un mauvais signe”

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