«Cher connard» : les lettres de notre époque

Depuis la mi-août, on est en pleine rentrée littéraire. Et cette année, l’auteure la plus attendue, c’était Virginie Despentes. Après Baise-moi en 1994, Les Jolies Choses en 1998, Bye Bye Blondie en 2004, King Kong Théorie en 2006, Apocalyspe Bébé en 2010 et la trilogie Vernon Subutex il y a peu, la plus punk des auteures revient avec « Cher connard » aux éditions Grasset. En septembre, le bouquin est top vente. Numéro 1. On vous résume la chose :

« Cher connard » est un roman épistolaire. Deux personnages s’échangent des mails. Le premier est le fameux « cher connard » du titre, Oscar, écrivain au succès relatif, en baisse de notoriété et sous le coup d’une affaire #metoo. Il est accusé de harcèlement par son ancienne attachée presse, Zoé Katana, devenue depuis star d’un blog féministe et auteure de posts singlants sur les réseaux sociaux. Le deuxième personnage, c’est Rebecca, actrice légendaire au goût prononcé pour la drogue et au style de vie punk. Deux correspondants que tout sépare.

Je t’aime moi non plus

Le roman commence par une réponse de l’actrice à l’écrivain sur les réseaux sociaux après que ce dernier l’ait étrillé, également sur le web.

« Cher connard. J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »

Ce qu’on a moins aimé, c’est que l’on sait dès le départ que vu l’océan qui sépare Oscar et Rebecca, ces ceux-là trouveront, au fil des lettres, un terrain d’entente. Et ce lieu où les esprits se retrouvent, malgré des points de désaccord, arrive vite, trop vite. Trop rapidement, une forme de consensualité s’installe.

Dans l’air du temps

Mais ce qu’on a aimé, c’est que « Cher connard » est un roman dans l’air du temps, parfait pour l’époque. Il dépeint l’humeur du pays, voire du monde. À travers les lettres, on nous parle, on nous rassure, on nous alerte. On parle sexe, drogue, addiction, culture, vieillissement, féminisme, #metoo, réseaux sociaux, fachosphère, parentalité, travail sur soi, rapport aux autres, à la famille… Mais surtout, ces « Liaisons dangereuses » contemporaines brillent par la force qu’elles donnent à l’amitié. C’est cela, nous, qu’on retient du roman, l’amitié qui lie petit à petit deux personnages.

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