87 éditions que la Fête rassemble des gens de toute la France et du monde entier. Pour cette 2ème année dans l’Essonne (la Fête a été déplacée pour le bon déroulement de l’organisation des JO 2024), 430.000 personnes ont foulé la terre battue de la Base 217 de Brétigny-sur-Orge.
La Fête de l’Huma, c’est le rendez-vous des copains, des militants, des associations et le rendez-vous politique de la rentrée. Mais cette année, c’était plutôt un rendez-vous manqué pour la gauche dont les figures se sont quelque peu écharpées.
Le week-end s’annonçait déjà électrique. Le talkshow politique de Jean Massiet « Backseat » avait pour invité Jean-Luc Mélenchon entre autres. En direct de l’Agora de la Fête et sur Twitch, l’émission s’est déroulée dans une ambiance rarement vue.

Le leader FI a indiqué ne pas approuver les propos de son homologue des Communistes qui appelait à « envahir les préfectures » face à l’inflation. Mais ce coup de force médiatique juste avant la Fête, Fabien Roussel en a l’habitude. De quoi braquer astucieusement les caméras sur l’événement.
Un art de la punchline préparée qui lui vaut depuis quelques temps une image de viandard bon-vivant pour le moins clivante. Des divisions également entretenues par une position favorable à la loi sur l’abaya, sa précense en une de Libé pour la régularisation des travailleurs sans-papiers et son discours à la Fête dans lequel il indiquait que la classe travailleuse, « elle est belle, elle est grande, elle parle français et elle a beaucoup de choses à dire et à revendiquer ».
Camarade
Ainsi, plusieurs fois dans le week-end, pouvait-on entendre « Non, Roussel n’est pas un camarade. » Après quelques concerts, au hasard des allées mais aussi pendant le grand débat. Celui qui a opposé Roussel à l’ex Premier Ministre Édouard Philippe. Le face à face a tardé à commencer. D’abord, il a fallu calmer les huées. Puis un jeune homme est monté sur scène, s’est emparé du micro de Philippe pour dénoncer « Édouard Philippe a sévi pendant le mouvement des gilets jaunes, il a fait couler le sang, il n’a rien à faire ici!», avant d’être évacué avec vigueur.

Les deux hommes ont parlé industrie, travail, TVA, blocage des prix. Certains ont accusé Roussel d’être trop doux. Lorsque dans la foule, on chante qu’il n’est pas un camarade, un homme âgé brandit son poing, le colle sur la joue d’un homme plus jeune, retient son coup mais lance « Il faut les abattre tous ces mélenchonistes ! » Sur la scène, on prône le respect du débat. Dans la foule, ça s’échauffe entre militants.
Merguez vegan et union de la gauche
La veille, c’est Ian Brossat des Communistes qui donnait la réplique à Ruffin (FI), Rousseau (Les Verts) et Faure (PS). Si le débat était « Face à l’extrême droite, comment la gauche peut-elle reconquérir l’hégémonie culturelle ? », le sujet a un peu glissé. Tout ce que les médias retiennent, c’est la phrase de Sandrine Rousseau à Roussel « Non Fabien, tu ne gagneras pas avec un steak ! ». Si Ruffin, très présent sur la Fête, plaidait de son côté le rapprochement, il ne s’est pas non plus interdit de piquer les Communistes lundi au micro d’Inter. « J’ai passé mon week-end à la fête de l’huma, j’ai interrogé les Communistes, ils étaient quand même plus en train de préparer des punchs que la prise du Palais d’Hiver. ».
Un débat à l’image des positions de chaque parti alors que l’union entre Roussel et les Écolos parait bien loin et que Mélenchon indique que la FI n’acceptera pas le principe de primaire pour 2027.
Entre temps, le stand de la merguez vegan a lui fait son beurre, véritable best-seller du week-end avec ses sandwichs revisités.
De la musique et des idées
Médine lui, a réussi à rassembler. Autour de la scène, on ne pouvait plus marcher. Entre chaque chanson, des chants antifascistes et pour dénoncer la police. Le rappeur qui vient de la même ville qu’Edouard Philippe a, un peu ironiquement, parlé de ses ambitions pour briguer la mairie. Il a beaucoup parlé. Dénoncé les polémiques qui le touchent, l’extrême-droite et bien d’autres choses.
On a donc vu les fumigènes mais aussi plein de conférences, sur la presse, les médias, les violences policières, l’éducation. Le Syndicat des magistrats a tenu un stand. Une première. Inadmissible pour le Garde des Sceaux. La deuxième organisation syndicale des magistrats, qui représente près d’un tiers de la profession était aux côtés du Syndicat des Avocats de France, habitué de l’événement.

Aux 3 Bougnats, Gislain Dughour, secrétaire départemental de la CGT a débattu avec Taran Coutarel des Jeunes Communistes Puy-de-Dôme, Assan Lakehoul, secrétaire général des JC et Laëtitia Pointu du PCF. Le sujet : l’imposture de l’extrême-droite. Ensemble, ces derniers ont rappelé l’importance de proposer une alternative. « Ça sera Bardella ou nous. », expliquait Assan Lakehoul. « L’enjeu, il est vraiment dans la bataille des idées. », témoigne également Gislain de la CGT.

Alors, ça paraît pas mais l’ambiance était quand même très bonne dans les allées. On a retrouvé des militants de tous les pays dans le Village du Monde, pris des nouvelles des associations qui oeuvrent pour le droit, l’égalité et la solidarité et on a découvert plein de petites maisons d’édition. Les partis de gauche s’entendent quand même sur certaines choses. La nécessité de vivre mieux, l’égalité, la reconnaissance du travail et du bien-être. Mais visiblement, pour que ces points communs arrivent jusque dans les urnes, il y a encore un peu de chemin.
