Assignés à leurs postes, une cinquantaine de techniciens de laboratoire se sont regroupés pendant leur pause déjeuner pour avoir un entretien avec le directeur de l’hôpital, Didier Hoeltgen. Il a promis d’apporter des éléments de réponse dans deux ou trois semaines.
Un manque de moyens dénoncés et une restructuration critiquée
Comme pour l’ensemble de l’hôpital, les techniciens dénoncent un manque de moyens, financier et humain. « En 14 ans, nos effectifs ont été divisés par deux. Les départs à la retraite ne sont pas remplacés. L’équipe de nuit est composée de trois personnes qui doivent gérer trois services entiers. » exprime une gréviste. « On a aussi des équipements vieillissants et un budget pour l’achat de matériel technique sur l’année. On est donc obligés de faire toutes les économies de matériel possible car on sait qu’en octobre, on ne nous achètera plus ce qui est nécessaire. » ajoute Thomas, gréviste lui aussi.
Ce manque de moyen fait perdre de l’efficacité au service public que représente l’hôpital. « On réalise des analyses en trois semaines par manque de matériel. C’est comme ça que le secteur privé prend tout le marché. Si les labos privés se développent, c’est parce que c’est rentable. » explique Thomas. « Le directeur nous parle de restructuration mais on sait qu’on aura plus de compétences à gérer et donc plus de travail. Et tout cela sans embauche de personnel. »
Une demande de reconnaissance
Les grévistes demandent une reconnaissance de leur travail. « On veut être classés en catégorie A, comme les infirmières. Chaque catégorie correspond à un niveau de diplôme. La catégorie A se sont les Bac + 3. On aurait plus de reconnaissance, un salaire plus élevé, des carrières plus longues etc. » explique Sylvie. D’autant plus que « on n’est pas que des poseurs de tubes. On n’a eu aucune reconnaissance pendant le Covid, malgré les heures supplémentaires, le fait de former ceux qui venaient en renfort… » exprime Marie-Claudine de la CGT.
Quant aux locaux, « ils ne sont pas adaptés à la manipulation de produits dangereux. Il y a aussi de nouvelles normes qui se sont ajoutées au fil des années. Ça représente une charge de travail en plus, sans formation ni reconnaissance. » explique Didier, du syndicat Sud Solidaire.
Une assignation et un mépris qui dérange
Le personnel de l’hôpital s’insurge de ne pas pouvoir exercer correctement leur droit de grève. « Oui, la direction sait qu’on est en grève mais on bosse quand même. La direction nous dit qu’on est obligé de tourner en effectif réduit et que les autres peuvent être en grève ailleurs mais on est en effectif réduit tous les jours ! Ce qui prouve qu’on manque de personnel ! L’assignation ne nous permet pas de faire pression ou d’être visible dans la rue. » s’insurge Sylvie.
Les techniciens déplorent aussi un mépris de la direction. « Même si on a les même revendications, là on était 81% de techniciens. Le directeur a donc dit qu’il ne parlerait qu’à nous et non aux préparateurs de pharmacie. Il tente de nous diviser. » expose Thomas. « L’hôpital c’est un ensemble. Sans ouvriers, sans administratifs, sans les paramédicaux comme nous, l’hôpital ne marche pas. » conclut Marie-Claudine.