Marianne Maximi : « Nous sommes à un instant historique »

Ancienne députée de la première circonscription du Puy-de-Dôme, Marianne Maximi sera candidate à sa propre succession sous la bannière du Front Populaire.

Une éternité. Pourtant, seulement 4 ans se sont écoulés depuis notre portrait de Marianne, qui se présentait tête de liste de Clermont en Commun puor la mairie de la capitale auvergnate. (NDLR : retrouvez son portrait ICI.) Mais, 4 années ont suffi pour transformer la timide militante en une femme qui a dû faire front aux mondes politique et médiatique. Pour l’ancienne éducatrice spécialisée au Centre de l’enfance de Chamalières, la violence est pourtant son quotidien depuis longtemps. « Avant, dans mon travail, je bataillais contre la violence institutionnelle, désormais mon boulot c’est de combattre les violences sociales. »

« Une dissolution au pire moment »

Mais, Marianne a pris de l’assurance et n’a jamais dévié de ses valeurs et de ses idées. Droite, la femme de gauche. Dès le soir de la dissolution, la députée qui a dû faire ses cartons parisiens le temps de sa campagne clermontoise, n’a rien lâché. « On s’attendait à une dissolution, car c’était intenable, mais plutôt à l’automne. Le président a fait cela au moment le pire, au moment où le RN est au plus haut. c’est irresponsable. » Annonce-t-elle, les yeux froncés. « Les délais sont courts. La démocratie en est entachée. Nous ne serons que 5 candidats, contre 11 en 2022. »

« Macron a une lourde responsabilité »

La montée du RN ne l’a pas étonnée réellement. « Depuis 2002, (je ne votais pas encore) mais je m’en souviens, on barre la route à l’extrême-droite. Et Macron a une lourde responsabilité dans le fait que leurs idées prennent de la place dans la société. En 7 ans, il a tout lâché. Il a utilisé le discours d’extrême-droite : Préférence nationale avec la loi immigration votée grâce aux voix du RN et écrite sur les idées du RN. »

Depuis, le président a d’ailleurs utilisé le terme « immigrationniste » pour parler de la politique du Front Populaire. « C’est un mot fasciste, ni plus ni moins. » S’exclame Marianne Maximi.

« La percée de l’extrême-droite ce n’est pas une surprise, mais, lors des élections européennes, j’ai, cependant, été attristée de voir les scores chez nous, historiquement, territoire de résistance. »

Militante avant d’être élue

Marianne se bat depuis des années contre l’extrême-droite, alors même qu’elle n’avait pas de responsabilité politique. « Ici, à Clermont-Ferrand, on sait qu’il existe les groupuscules néonazis et que leurs violences sont en augmentation. »

Mais, pour l’ex-députée, on vit un « moment historique qui peut tout faire basculer. Des dictatures fascistes ont duré 40 ans, juste à côté de nous. Au Portugal, par exemple. »

« L’arrivée du Rn aurait un impact sur la vie de tous les français« 

Pour elle, l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite aurait un impact sur la vie quotidienne de tous les français. « Certaines minorités seront visées dès le départ, mais avec l’Extrême-droite, c’est la société entière qui sera pénalisée : Services publics, droits des femmes, écologie. Il faut avoir en tête que dans les pays dirigés par l’extrême-droite, comme en Argentine, 50 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté. »

« Notre arme c’est le progrès social »

Cependant, Marianne a bien conscience que tous les électeurs RN ne sont pas racistes. « Et donc, ils ne doivent pas voter pour un parti raciste. La pauvreté et la précarité sont le terreau de ce genre de votes. Notre arme pour combattre ça, c’est le progrès social. Notre rôle est de réparer une société abîmée. Quand les gens iront mieux, ils ne se diviseront plus. Ils verront que leur problème n’est pas l’autre et le racisme s’éteindra de fait. »

De Poutou à Hollande, le front Populaire

Pourtant, il lui reste à pester un peu. « La gauche a ses propres responsabilités là-dedans. Les gens ont été déçus par la présidence de Hollande. Puis, on a eu droit à toutes les disputes et désunions possibles. Là, on fait front contre le fascisme. On a un arc inédit quand même, ça va de Poutou à Hollande. » S’amuse-t-elle.

Mais, comme elle le martelait déjà en 2020, la solutionne ne viendra pas seulement des urnes. « On a besoin que cela pousse derrière, que les syndicalistes, que le peuple se mobilisent. On a besoin des mouvements sociaux, des manifestations. »

Retour de la retraite à 60 ans

Désormais, il faut agir dans l’urgence. 3 petites semaines pour faire campagne. « On a quelques priorités. Le retour de la retraite à 60 ans, ça c’est clair. Cette lutte a été emblématique, tellement cette loi est injuste pour les citoyens. Mais, il faudra aussi rapidement parler de l’écologie, dont les pires ennemis est le RN. »

« Ce ne sont pas des élus comme les autres »

Marianne croise les mains qu’elle pose sur son bureau. « Je n’arrive même pas à imaginer à quoi cela ressemble d’être dans un groupe de gauche dans un gouvernement fasciste. » Elle a toujours refusé de dialoguer avec les députés RN. « Pour moi, ce ne sont pas des élus comme les autres. » Aucune stratégie de vote n’a été négociée avec eux. « Quand je les croise dans le couloir de l’assemblée, je leur dis bonjour car je suis polie mais je n’entame jamais la conversation avec l’un d’entre elles ou eux. »

« RN, le parti de l’arnaque« 

Parce que Marianne n’est pas dupe. Le RN fait rêver certains français, notamment sur TikTok. Alors que Bardella mange des bonbons et parle recettes de cuisine, l’arrière-boutique se remplit de néo-nazis et d’idées nauséabondes. « Ce parti est une véritable arnaque. »

« Essayer le Rn c’est dangereux »

Elle entend parfois, lors de distributions de tracts cette phrase « Oui, mais, eux on ne les a jamais essayés. » Alors, elle rétorque calmement. « Si, plein de fois, dans plein de pays, et même chez nous en 40, et on ne va pas dire que le résultat ait été brillant. On parle de trucs sérieux, on n’est pas en train d’acheter des fringues. Essayer le RN c’est dangereux. »

La députée aime à rappeler que la classe populaire s’est appauvrie en Italie, par exemple, depuis l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni. « Doit-on rappeler que le RN a refusé de voter l’augmentation du SMIC au parlement Européen ? »

Alors, malgré ses deux enfants encore tout jeunes, et un programme chargé, Marianne est repartie au combat. « Je suis sérieuse, les gens ont vu que j’avais bossé donc je suis repartie en campagne. »

Des choses qui ont changé depuis 2022

Mais l’objectif a quelque peu changé. « Là, désormais, c’est de dire aux gens qu’il est important de voter. Et, elle est là, la différence entre nos tractages de 2022 et aujourd’hui : On mesure la prise de conscience des personnes qui ne votaient plus, s’abstenaient. Ceux-là n’ont plus le même discours, ils disent retourner aux urnes. Même si on est d’accord, la voie électorale n’est pas la seule solution. Là, elle devient nécessaire. »

Des jeunes investis dans la campagne

Marianne entend l’abstention. « La majorité des personnes qui ne votaient plus sont de notre camp, mais elles étaient déçues de la gauche et je les comprends. Ce sont souvent des gens directement touchés par la pauvreté et j’entends que quand on est en mode survie, qu’on a vécu la désillusion, ce soit dur de se mobiliser de nouveau. Et en même temps, quand on a fait un appel impromptu à la mobilisation pour la campagne, on a vu débarquer 200 personnes. Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’il y avait des jeunes de 16 ans qui n’ont pas le droit de vote mais qui ont décidé de nous filer un coup de main. »

Des gosses pour lesquelles Marianne a décidé de se battre pour une planète un peu plus en forme et un monde un peu plus égalitaire et social. « Leur implication rassure un peu quant à l’avenir » souffle celle qui ne sera pas « députée toute la vie. »

« En fait, là, tout le monde, et aussi tous ceux qui ont cru que la politique ne servait à rien, ont désormais un pouvoir énorme avec leur vote. »

Puis, Marianne répond aux questions de nos deux stagiaires de seconde, avec pédagogie, avant de rejoindre son équipe, autour d’une table, ordinateurs ouverts. Le planning est déjà chargé, mais d’aucun ne semble épuisé par les tâches qui les attendent. Tout sourire, les jeunes militants se dispatchent le travail. Ici, aucun doute n’est palpable. car, c’est une certitude : Le Nouveau Front Populaire embellira l’avenir.

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2 réflexions sur “Marianne Maximi : « Nous sommes à un instant historique »”

  1. Edmund Burke ( 1729- 1797) disait :
    « Un État qui n’a pas les moyens d’effectuer des changements n’a pas les moyens de se maintenir. »
    Il faut espérer que la Gauche unie ou réunie pourra faire ce qu’elle promet lors de cette courte campagne. C’est possible car la fusion des différents courants peut adoucir certains leaders et remobiliser les moins enhardis. Mais attention, les électeurs du RN ne sont pas des fachos et le laisser penser ne peut que renforcer le sentiment de stigmatisation de l’électorat frontiste et donc accélérer son accès au pouvoir. En effet, avoir la majorité aux élections européennes, ce n’est pas suffisant pour bien gouverner un pays. La dissolution du pouvoir présidentiel : LFI en a rêvé pendant de longues séances parlementaires mais c’est le RN qui a réalisé son rêve, mettre un terme au règne d’un banquier affairé.
    Mais avant de partir, le roi se meurt et jette dans la vie parlementaire une grenade défensive qui pourrait provoquer l’ éclatement de la NUPES. La NUPES telle une graine endormie attendait les pluies de juin pour germer de nouveau. Manon Aubry en avait sans doute l’intime conviction qui disait en avril 2024 : « « Je continuerai à défendre le programme de la Nupes et je regrette que nous arrivions en ordre dispersé le 9 juin : alors que ¬l’extrême droite est aux portes du pouvoir, comment allons-nous dire que nous voulons un candidat commun en 2027 si on n’était pas ensemble en 2024 ? ». Le 30 juin les troupes sont prêtes, aux armes citoyens.

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