Grève des salariées de la petite enfance

Mardi 19 novembre, se tenait un rassemblement devant le centre de gestion de la fonction publique territoriale. Nombreuses salariées de crèches et assistantes maternelles sont venues afin de réclamer des améliorations dans leur travail. Explications.

Horaires atypiques, dévalorisation salariale, marchandisation du secteur, primes aléatoires. Tant de revendications étaient scandées ce mardi 19 novembre lors d’un rassemblement des professionnelles de la petite enfance, organisé par la CGT.

« On commence à 7 heures, on peut finir à 21 heures. » Alerte une éducatrice en crèche publique. « Nous connaissons une pénurie de personnel, aussi, on ne peut plus choisir nos vacances, on doit être adaptable face à des parents de plus en plus compliqués, à l’image de la société de consommation. » Rajoute une de ses collègues.

Le manque d’attractivité du travail ne permet plus d’embaucher des personnes qualifiées. « Parfois, on recrute désormais, des gens sans qualification ni expérience. Ca devient problématique. »

Elles dénoncent aussi la prime Bonus Attractivité mise en place mais obtenue selon le bon vouloir des collectivités. 100 euros dans le public. 150 euros dans le privé. « Nous ne l’avons jamais touchée encore. »

Pourtant, les salariées gagnent seulement un net de 1500 euros. « Notre métier a changé, nous faisons de plus en plus face à des enfants en situation de handicap, à des gens qu’on doit soutenir dans leur parentalité.  »

Les professionnelles demandent donc une reconnaissance de la pénibilité du travail. « Avec le changement de la société, nos crèches sont ouvertes tous les jours de l’année. »

Une syndicaliste CGT ne mâche pas ses mots : « Nous sommes dans un milieu de femmes. Nous n’intéressons personne. Et puis, le secteur de la petite enfance n’est pas intéressant électoralement. On travaille avec des mineurs qui n’ont pas le droit de vote, au vu de leur âge. »

Se sentant méprisées, elles ont donc décidé de mener des actions.

Les assistantes maternelles (professionnelles qui gardent leurs enfants à la maison, le plus souvent) ne sont pas en reste. Plusieurs d’entre elles ont rejoint le mouvement.

« Notre précarité est criante. Je gagne 900 euros pour la garde 2 enfants. Mes journées s’étalent de 6 heures du matin à 19H45. » Explique l’une d’elle qui, elle aussi a vu l’évolution des rapports avec les parents : « On m’a demandé pourquoi j’étais payée pendant la sieste des enfants, et comme je n’avais rien à faire pendant le sommeil des petits, si je pouvais faire leur repassage… »

Les assistantes maternelles ressentent la précarité de l’emploi aussi dans le roulement des enfants qui viennent chez eux. « Tous les 3 ans, en gros, il y a l’entrée à l’école et l’angoisse de retrouver des enfants à chaque rentrée. » Déclare une autre assistante maternelle qui exerce depuis 15 ans. « Nous avons toujours aussi les décisions de la PMI qui décrète nous accorder un agrément ou non, sans avoir à justifier de la décision. »

A la CGT, plusieurs dossiers sont suivis aux prud’hommes. « On a aussi à faire de plus en plus avec des défauts de paiement de la part des parents en surendettement. »

« Je travaille 51 heures par semaine, je milite aussi pour qu’on ait une bonne retraite. »

En effet, la revalorisation du point d’indice du salaire mais aussi des retraites est au coeur des revendications. Les assistantes maternelles n’ont pas accès non plus à la médecine du travail, malgré plusieurs alertes sur des Troubles Musculo-Squelettiques, souvent déclarés après des années à porter des enfants.

« La retraite à 68 ans, ce n’est pas possible. On a déjà des problèmes de dos, de tendinites. »

50 % des assistantes maternelles ont quitté leur travail dans les 10 dernières années. « Le métier est de plus en plus dur. Un nouveau référentiel de 300 pages est venu encore alourdir les recommandations concernant l’hygiène, les repas, etc. »

Dans le Puy-de-Dôme, 3400 assistantes maternelles continuent d’accueillir malgré tout les enfants.

Les crèches, elles aussi ne désemplissent pas, malgré le manque de moyens humains et des salaires dérisoires.

Aussi, une délégation était reçue hier au centre de gestion afin de réclamer des augmentations de salaire, le versement de la prime, une reconnaissance de la pénibilité du travail, et plus d’effectifs afin d’assurer au mieux l’accueil des enfants.

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