Retour sur une semaine de rebondissements à Pont-Du-Château.

A Pont-Du-Château, une polémique a enflé toute la semaine après l'annonce par un élu de l'opposition d'une éventuelle ouverture d'un centre pour mineurs isolés sur la commune.

Tout a commencé il y a 5 ans, quand un hôtel-restaurant ferme ses portes à Pont-du-Château. La propriétaire cherche des repreneurs en vain. Elle est contactée par une association qui cherche un hébergement pour femmes, victimes de violences conjugales. Mais, le projet capote.

Alors, L’ANRAS, Association Nationale de Recherche et d’Action Solidaire, a voulu racheter la structure afin d’offrir un hébergement décent à des mineurs isolés.

Un projet de l’ANRAS

La propriétaire des murs semble ravie du projet, selon nos sources, et donne son accord de principe. La transaction peut donc commencer. L’ANRAS en prévient l’édile de la commune, Patrick Perrin, fin septembre. Le maire, qui n’a aucun pouvoir décisionnaire dans cet achat privé, prend acte de cette annonce.

Il décide d’en parler au conseil municipal du 20 décembre. Le 11 décembre, un membre de l’opposition met cette information sur les réseaux sociaux, et notamment une page d’actualité de la commune.

Récupération de l’extrême-droite

Malheureusement, et malgré la modération, des commentaires haineux, et racistes font leur apparition et noient les arguments des habitants eux-mêmes.

Pourtant, l’Auberge du Pont, restaurant étoilé, situé à proximité de l’hôtel en rachat, exprime son mécontentement dans un post qu’il supprime, et diffuse l’appel à rassemblement « contre l’arrivée des migrants. »

Cette affiche, elle sera diffusée et partagée par les réseaux d’extrême-droite qui récupéreront vite l’affaire. Français de Souche, mais aussi le nouveau parti de Marion Maréchal Lepen.

Le maire ne s’attendait pas à une telle récupération politique.

Un rassemblement « contre les migrants » est annoncé, pourtant jamais déclaré en préfecture. Alors, les associations, et autres partis politiques et syndicaux s’organisent pour contrer cette manifestation orchestrée par l’extrême-droite.

La CGT, RESF, le collectif contre les Extrême-droites, LFI, la députée Marianne Maximi apportent leur soutien au maire en place.

Communiqué du Collectif de lutte contre les extrêmes droites du
Puy-de-Dôme (LCED 63)

Un conseil municipal à huis-clos devait avoir lieu ce vendredi 20
décembre à Pont-du-Château pour prendre position sur un projet de centre
d’hébergement pour mineurs non accompagnés, mais sous la menace d’une
manifestation d’extrême droite (dont le mot d’ordre raciste était
« contre à l’arrivée des migrants »), le maire de Pont-du-Château a dû
annuler cette réunion d’élu.es.

Le collectif LCED 63, avec les 27 organisations syndicales, politiques
et associatives qui le constituent, lui apporte son soutien et dénonce
une fois de plus le danger de l’extrême droite. Le collectif soutient le
rassemblement citoyen (maintenu pour l’heure) vendredi 20 décembre à
17h30 en face de la mairie de Pont-du-Château et appelle à y participer
.

Clermont-Ferrand, le 19 décembre 2024

Un groupe de citoyen appelle à son tour à la mobilisation, en faveur des migrants et pour lutter contre le racisme :

Mais, l’élu de Pont-Du-Château finit par annuler le Conseil municipal, après qu’un rendez-vous avec l’Anras ait été reporté au vu du climat de tension.

Interpellé par le maire de Pont-Du-Chateau, le Conseil départemental a répondu à son tour sur sa responsabilité concernant la protection des mineurs et de son rôle concernant l’implantation de ce projet :

Malgré tout, les habitants continuent de se positionner. En fait, apportons une nuance. OU deux. Déjà, selon les modérateurs des pages, ce ne sont pas seulement des habitants de la commune. Et surtout, les habitants ne se positionnent que sur les réseaux.

En effet, les réseaux sociaux ont permis une libération de la parole et surtout des fake news. Ainsi la diabolisation des migrants décrits comme dangereux, apportant insécurité et même agression sexuelle est courante dans les commentaires que l’on peut lire sous les appels à manifester.

(Capture d’écran réalisée sur le Facebook public de la mairie)

Faut-il alors rappeler que la majorité des agressions sexuelles se fait dans le cadre de la famille, et que 0,3 % de ces agressions sont commises par des étrangers. Soit 99,3% des auteurs de ces crimes sont français.

Les véritables chiffres des violences et des étrangers.

Concernant les violences conjugales, 83 % des mis en cause en 2021, étaient français.

78 % des auteurs d’attentats commis (ou déjoués) depuis 2015, sur le sol français sont …français…

Des chiffres qui devraient rassurer les castelpontins, et peut-être même leur faire dire qu’on est plus en sécurité entourés d’étrangers…

En attendant, certains internautes continuent de dire qu’ils se rendront à la manifestation contre le projet. Une manifestation non déclarée. La gendarmerie sera dép^échée sur place.

L’élu de l’opposition, Christophe Cescut, a lancé une pétition pour délocaliser le projet. Une pétition à charge qui lui vaut à cette heure de nombreuses critiques. Un retour de bâton, pour le pompier professionnel qui a mis le feu aux poudres.

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