Amédée Gasquet, un lycée dans la tourmente

En ce début de semaine, les enseignants du lycée Amédée Gasquet ont alerté sur l'ambiance délétère qui règne sur leur lieu de travail. Une enquête administrative a été mise en place par le rectorat.

En 2020, un nouveau proviseur prend ses fonctions au lycée Amédée Gasquet, en plein centre de Clermont-Ferrand. Quelques années plus tard, c’est un proviseur adjoint qui rejoint l’établissement. Selon l’équipe pédagogique, les deux hommes vont ternir l’ambiance de travail chacun à leur manière.

Un personnel qui se sent méprisé

Les arrêts de travail commencent à tomber à partir de 2022. L’équipe pédagogique dénonce des difficultés de communication. « Nous avons relevé de nombreux couacs administratifs de la part de la direction qui entravent notre travail. » Explique les enseignants. « Nous avons tous quitté le Conseil d’Administration car nous étions confrontés à des situations humiliantes et méprisantes. » L’un des professeurs nous confie même qu’un jour le proviseur traite son équipe pédagogique de « bande de mafieux. »

En 2022, un enseignant est sorti manu militari par le proviseur de son bureau, avec violence au point qu’un accident du travail est déclaré. Le rectorat, alerté, se rendra sur place, pour la première fois.

Rectorat alerté dès 2022

Le proviseur adjoint, arrivé deux ans plus tard, en 2022, rencontrerait des difficultés relationnelles avec ses collègues femmes, dont la plupart, refusent désormais de travailler avec. « Il peut nous faire la leçon pendant 50 minutes, enfermée dans son bureau. Mais jamais aux hommes. »

Dernièrement, c’est une 8eme collègue qui pose son arrêt de travail, après avoir été malmenée par son proviseur adjoint. « Il lui a reproché de ne pas savoir faire un rapport d’incident sur des propos d’élèves, sans jamais lui apporter son soutien. » Expliquent ses collègues.

Cette fois de trop pousse une partie du corps enseignant à se mettre en grève en début de semaine. Le rectorat, alerté, une nouvelle fois, a pourtant essayé de mettre des choses en place. « Mais, nous sommes dans l’urgence, leur réponse est trop retardée par la lourdeur administrative. » Explique Kevin, de la CGT Educ’action.

Enquête administrative à la rentrée

Pourtant, après leur rencontre avec l’inspecteur d’académie (DASEN) et la directrice des ressources humaines du rectorat, les salariés ont décidé de reprendre leur poste mercredi. « Nous ne sommes pas complètement satisfaits de la réponse du rectorat car si nous sommes contents qu’il réalise une enquête administrative, on se dit aussi que cela va prendre du temps, et ça fait déjà plus de deux ans qu’on souffre. » Déposent les salariés, en colère.

Mercredi, donc, ils ont repris le chemin du travail « notamment pour les élèves, car nous avons la chance d’avoir vraiment de chouettes gamins » déclare Kevin qui redoute « qu’à force d’attendre et souffrir, se produise un drame. »

6 arrêts maladie et 2 accidents du travail

Nombre de ses collègues ne parviennent plus à se rendre sur leur lieu de travail. « On comptabilise 6 arrêts, 2 accidents de travail. Pour nous, il y a urgence. »

Dans son communiqué, le rectorat déclare être au courant des « deux années de tensions internes entre l’équipe de direction et les personnels. » Mais reconnaît que malgré « des procédures d’accompagnement et de médiation(…), le climat de travail reste dégradé. »

En plus de la diligence d’une enquête administrative, au retour des vacances, le rectorat a annoncé : « un soutien à l’établissement assuré par un personnel de direction. »

Le proviseur de l’établissement, contacté par nos soins, nous a répondu que : « dans le respect du travail des enquêteurs, » il ne pouvait communiquer.

Peur du drame

En attendant, Kévin et ses collègues attendent impatiemment d’être entendus, une nouvelle fois. « C’est vrai que le rectorat a mis des choses en place sur ces deux dernières années. Force est de constater que ce n’était pas les bonnes solutions, vu où on en est aujourd’hui. On nous a proposé des formations. Notamment il y a trois semaines sur la santé et sécurité au travail. Nous y avons assisté. Nous faisons tout ce qu’on nous demande. Mais la direction n’en a que faire. La preuve : la semaine suivante, nous avions une collègue qui sortait en larmes d’un de leur bureau. »

« Les gosses, notre raison de tenir debout »

Kevin, lui, avait prévu un voyage scolaire à Paris, avec ses élèves pour aller visiter l’Assemblée Nationale. « La direction n’a pas pris les bons billets ni acheté à temps les entrées pour l’Assemblée. » Kevin décide donc d’annuler mais le proviseur part à sa place. « Pour moi, il n’y avait pas de continuité pédagogique, aucune visite de l’assemblée n’était prévue. Et une élève a été perdue pendant toute une après-midi. On ne peut pas travailler dans ces conditions. On n’a absolument plus confiance. »

Ainsi, les enseignants comptent sur leur solidarité. « Nous sommes quasi unanimes sur le constat. Alors, moi, je me lève tous les matins pour les collègues, et pour les gosses, qui nous donnent raison de lutter. Mais, pas sûr que sans anti-dépresseur, je pourrais me rendre au travail. » conclut l’un d’entre eux.

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