La date était connue depuis quelques semaines. Peut-être qu’aucune publicité n’était nécessaire tant les amphithéâtres de la fac de droit de Clermont-Ferrand, sur le site de la Rotonde, se sont remplis vite hier, dès 17 heures.
Au programme, les interventions de Marianne Maximi, députée du Puy-de-Dôme, Louis Boyard, député du Val-de-Marne et Jean-Luc Mélenchon, fondateur de LFI dans le cadre d’une tournée nationale des facs. Objectif : parler des étudiant.e.s aux étudiant.e.s et à toutes celles et ceux qui se soucient de leur sort, dégradé depuis plusieurs années.
Bouillonnement
Sur place, c’est un sacré bazar. En cinq minutes, plus de 1000 personnes investissent les places libres. On entend dire que des fachos rodent aux alentours. Un rassemblement organisé par les Jeunes Républicains du Puy-de-Dôme fait un peu de bruit non loin de là. Ces derniers disent « non à l’extrême-gauche dans les amphis de l’UCA », dans un communiqué hier soir et indiquent également à la fin du document : « Notre génération ne se reconnait pas dans les promesses d’assistanat, dans les discours anti-France, et dans les compromissions de La France Insoumise avec l’islamisme. Notre génération se veut libre, enracinée, responsable et est attachée aux valeurs de l’effort et du mérite. Nous assumons que partout où l’extrême gauche voudra propager sa haine de la France et ses discours dangereux pour notre pays et ses institutions, elle nous trouvera sur son passage. »
Un de nos journalistes remarque aussi des membres de la Cocarde, syndicat étudiant d’extrême-droite qui crient des insultes en courant pour s’éloigner du campus. « Je ne suis pas venu pour Mélenchon, au contraire. Regarde, c’est une croix de Lorraine. », nous dit un jeune qui se revendique de droite, en soulevant son pull.
La conférence depuis notre salon
Nos journalistes ne parviennent pas à rentrer dans la salle. On ouvre d’autres amphis pour retransmettre les prises de parole mais c’est la même situation qui se répète. L’organisation tente de nous faire passer par un trou de souris. Un peu difficile. Tant pis, ils ont fait ce qu’ils pouvaient. De toute façon, on comprend que l’événement n’est pas trop prévu pour nous. Il est pour les étudiants. C’est d’ailleurs pour beaucoup des jeunes qui grouillent devant les portes et essaient de convaincre la sécurité de la laisser entrer.
D’autres journalistes ont eux, visiblement mal pris le fait d’être boudés par les organisateurs et les conférenciers. Ce matin, on lisait l’article de La Montagne. Le président Macron qui fait de la boxe y est mentionné plusieurs fois. On ne voit pas le rapport. On y parle aussi de l’extrême-droite. Que de ça. Pourtant, elle n’a pas été le seul sujet de la conférence. On ne mentionne pas les galères des étudiants. Dans plusieurs paragraphes, on tacle Mélenchon ou Boyard qui « cognent face à un adversaire absent, devant un public conquis d’avance. », on y parle d’un « combat à sens unique. » Un champ lexical qui veut ajouter de la violence à une conférence qui pourtant a été très apaisée.
Certes, les conférenciers ont parlé de l’extrême-droite. Certes Marianne Maximi, locale de l’étape, a fustigé les évènements du matin même. Mais elle a aussi remercié les agents de la ville, elle a remercié « ceux qui défendent la paix au quotidien », elle a exprimé l’importance de rejeter toutes les formes de discrimination, précisé que l’université était le secteur le plus touché par les coupes budgétaires et qu’un étudiant sur deux renonçait à des achats alimentaires. Elle a parlé du SNU, de la répression sur les étudiants. Boyard a parlé des repas à 1€, des violences policières, d’écologie. La Montagne ne le mentionne pas. C’était pourtant, tout le sujet de cette rencontre avec le monde universitaire.
Mal-être
Parler des étudiants est une nécessité. Leur mal-être étudiant, il se voit à une plus grande échelle. Il y a quelques jours, le 20 mars 2024, sortait le Rapport mondial sur le bonheur. Parrainé par l’ONU, et créé en 2012, il rassemble chaque année des statistiques sur le bonheur des populations dans le monde, en se basant sur l’évaluation que les personnes interrogées se font de leur propre bonheur.
Pour cette édition, une chose ressort particulièrement : les 15-24 sont malheureux. En tout cas plus qu’il y a quelques années. Le rapport note qu’entre 2006 et 2019, la tendance était à la hausse du bonheur dans cette tranche d’âge. Sauf que depuis le début de la pandémie de Covid-19, cela s’est inversé.
Pas sûr que la hausse du prix des loyers du Crous, la baisse des APLs évoquée (voire leur suppression) ces derniers jours par le gouvernement ou encore la promesse d’une politique d’austérité dans les années à venir ne fassent partie des solutions. Pour ce qui est des raisons de ce mal-être, le rapport n’en donne pas. Mais depuis sa publication des articles fleurissent un peu partout sur internet pour tenter de trouver des explications. L’anxiété écologique, l’omniprésence des réseaux sociaux ou encore la situation géopolitique actuelle font partie des sujets les plus évoqués.
Bref, nous, on a trainé un peu puis on est rentrés. Juste le temps de déposer nos vélos à la borne et de surprendre deux membres de la Cocarde coller leurs stickers à Gergovia, sous la baleine. On a regardé la conférence consciencieusement depuis la maison. Loin du tumulte. Et on était contents de filer notre place sur les bancs de l’amphi à une jeunesse attentive, et concernée.
Crédit de l’image d’illustration : Demusa
1 réflexion sur “Les Insoumis donnent rendez-vous à la jeunesse pour parler précarité étudiante.”
Il faut peut être trouver une autre explication que la pandémie pour affirmer que les jeunes ne sont pas bien.
Le confinement a juste amplifié un phénomène enraciné dans la jeunesse, à savoir sa dépendance aux réseaux sociaux.Des études sérieuses analysent l’impact de cette communication omni présente sur la santé mentale. Les conséquences sont l’anxiété, la dépression; » D’autres sources ont mis en évidence un lien similaire avec une moindre satisfaction à l’égard de la vie, un bien-être général plus faible, davantage d’insatisfaction corporelle ou encore une diminution de l’estime de soi . D’autres, enfin, suggèrent que ces plateformes pourraient être sources
de stress et de surcharge sociale ».
« Plusieurs formes d’utilisation problématique des réseaux sociaux ont été décrites, dont les trois principales sont la comparaison sociale, l’addiction et l’utilisation substitutive ».
J’invite donc les jeunes à lire ce document :
https://hal.science/hal-03911484
Réseaux sociaux et santé mentale en 2021
Nathan Storme, Margot Morgiève, Charles-Édouard Notredame.