Rassemblement contre le projet de 2*2 voies de la RN88

C’est un projet des années 90 que Laurent Wauquiez, président de région, dans un dernier sursaut électoral, a déterré dernièrement pour valoriser la route qui mène au Puy-en-Velay, sa commune de prédilection. Sauf que les écologistes et habitants ne sont pas d’accord. Ils étaient une centaine ce matin devant le tribunal administratif pour demander l’annulation du projet.

11 heures. Un car entier déverse manifestants et pancartes devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Immatriculé dans le 43, le véhicule est en warning sur le bord du cours Sablon. Sur le trottoir, des clermontois attendaient impatiemment le renfort du Puy pour dénoncer le début des travaux d’un projet plus que contesté. Renaud Daumas, vice-président de la FNE 43 explique : « La RN 88 rejoint Saint-Etienne au Puy puis part vers Toulouse. Là, on parle d’une portion de 10 kilomètres qui devraient être mise en 2*2 voies pour contourner 2 villages. Pour la coquette somme de 226 millions d’euros. »

Les arguments du président de région sont pourtant explicites. « Il nous dit qu’il fait ça notamment pour gagner du temps, on a fait toutes les estimations possibles, on gagne 2 minutes. Ensuite, il nous parle d’accidentologie, on a fait des recherches, en 10 ans, un accident mortel s’est produit, une rentrée de boite tragique, avec excès de vitesse et alcool au volant. Enfin, il parle de la tranquillité des communes mais la déviation impactera encore plus d’habitants qui vivent majoritairement dans les hameaux alentours. Quant au développement économique, là encore, rien n’est prouvé. Ce qui est important sur cette zone c’est le tourisme vert, les cueilleurs de champignons, les randonnées, les nombreux gites, si on construit une route, l’économie va s’effondrer. . » Renaud peut donc largement contrer les arguments du président de région.

Un recours pour dénoncer un conflit d’intérêt

Fatma Parret, conseillère régionale EELV, connaît bien le dossier. « Il faut prendre conscience des dégâts que cela provoquerait sur le foncer, les zones humides etc. Et à la Région, cela ne révèle pas de notre compétence que de nous occuper des routes. Nous devons développer les lignes de TER qui sont dans nos champs d’action. Avec 226 millions d’euros, je peux lui proposer plein de supers projets à notre président. » Renaud Daumas renchérit : « Sans parler du fait que ces travaux sont en fait Ses travaux. C’est chez lui, et d’ailleurs, il est au conseil, municipal, au conseil communautaire, à l’agglo, et président de Région, il joue sur tous les volets. Il joue surtout une carte électorale. » Fatima acquiesce. « D’ailleurs, nous avons fait un recours afin de dénoncer le conflit d’intérêt, il a clairement dit qu’il se servait de l’argent de la région pour faire les travaux sur sa commune ! »

François, président de la FNE 43 renchérit sur les dégâts causés par les travaux qui ont débuté fin janvier. « on parle de 140 hectares de terres agricoles ou naturelles. 20 hectares de zones humides. 130 espèces protégées. Donc d’un côté l’argent public protège ces espèces par des subventions mais d’autres subventions détruisent ces espèces en finançant des travaux ? » se questionne François.

Des travaux qui ne respectent pas la zone définie par l’arrêté préfectoral

« Aucun suivi n’a été prévu sur cette zone, or, c’est essentiel normalement avant le début des travaux de mettre des choses en place. Ils ont commencé les travaux, ont déboisé sans respecter les zones pourtant définis par l’arrêté préfectoral. Donc on en est, nous, à combattre un arrêté, mais cet arrêté n’est même pas respecté. Nous avons donc aujourd’hui, déposé un référé pour demander l’arrêt immédiat des travaux. Nous avons aussi déposer plainte sur le fond. Notre juriste actuellement est en train de plaider. Mais il paraît que la Région a dégainé un avocat parisien contre nous. Car l’Auvergne c’est bien beau. Mais les avocats a priori sont plus compétents quand ils viennent de la capitale, a priori selon notre président de région » s’amuse François, non sans ironie.

Nos actionnaires, c'est vous.

Aidez-nous à rester gratuit, indépendant et sans pub :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

nos derniers articles
Cet article vous a plu ?

Soutenez le Cactus !

Le journalisme a un coût, et le Cactus dépend de vous pour sa survie. Il suffit d’un clic pour soutenir la presse indépendante de votre région. Tous les dons sont déductibles de vos impôts à hauteur de 66% : un don de 50€ ne vous coûte ainsi que 17€.