En ce samedi après-midi, sous un joli soleil, les vélos sont de sortie dans la petite cour partagée avec Cocooking. Johan, l’un des administrateurs, propose une visite tout en nous racontant l’histoire du collectif. « L’atelier a 10 ans. Les débuts furent un peu punk, à l’hôtel des vil(l)es. Emmanuel Lamy crée un atelier d’auto-réparation. Petit à petit, il y aura un salarié puis un local rue Albert Thomas. Et depuis 3 ans, nous sommes ici. »
Ici, c’est à quelques pas, de la piscine Flamina, dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand. Un énorme hangar recueille les 300 vélos donnés chaque année par les gens à l’atelier. « C’est incroyable le nombre de vélos que l’on récupère gratuitement et que l’on retape pour ainsi les revendre. » Un atelier création, mais aussi une buvette finissent d’encercler la cour où en ce jour d’inauguration, de nombreux badauds viennent essayer une bicyclette.
A chaque vélo vendu, l’association récupère quelques euros par l’Etat avec un dispositif prônant l’écologie. Johan organise des formations soudage, au sein du collectif. « On a chacun notre tâche dans l’asso. » Mais avec un point commun : L’amour du vélo.
Une nouvelles adresse depuis 3 ans.
« Nous avons pu récupérer cette maison grâce à l’aide de la municipalité qui a acheté ce bien et nous a fait signer un bail de 18 ans qui nous permet de réaliser ce que l’on veut sur la structure. » D’ailleurs, l’association doit engager quelques milliers de travaux prochainement notamment pour la toiture.
Marion, elle, est derrière la buvette. Arrivée l’année dernière, elle est la seule fille de l’équipe. »Je suis au poste comptable et administration, je m’occupe de la communication et de l’organisation de projet. » A 16h, elle est ravie, en ce samedi après-midi, 7 vélos sont déjà partis. « C’est un record, bon en même temps, il fait beau et on a peut-être plus communiqué. »
Collectif et réflexion
La pétillante jeune femme a pris la question de la mixité à bras le corps. « J’ai mis en place une formation non-mixte de soudure, animée par une femme et pour les femmes. Et ça a marché. » D’ailleurs, le 28 septembre, un atelier soudure, mixte cette fois, accueille plus de femmes que d’hommes. « Ayez, elles commencent à prendre leur place » balance fièrement Marion. « La mécanique c’est très masculin, très genré en fait. Il faut sortir de ces schémas. »
Marion essaie de travailler sur la gestion associative. « On fait beaucoup plus attention aux notes de frais. » Et si tout le monde fait attention, c’est parce qu’à la fin de l’année, une prime grâce aux économies réalisées pourrait venir grossir les salaires. « Nous n’avons pas de temps plein et sommes payés au SMIC, alors une prime serait un joli cadeau. Mais, nous ne savons pas si nous pourrons. »
Marion a donc impulsé une nouvelle dynamique, voulant créer un véritable lieu de lien social dans le quartier, à destination aussi des enfants et des femmes.
Sous l’oeil bienveillant d’un administrateur chargé de la médiation salarié/bénévoles, Marion énumère les différents projets mis en place, avant d’alpaguer Grégoire. Tout comme Marion et les administrateurs, il porte un beau tee-shirt, à l’effigie de l’atelier.
Insertion et éduc pop
Grégoire, lui est arrivé, il y a 2 ans. Il est chargé des projets d’insertion. Avant, il est passé par les Beaux-Arts. C’est lui, donc les beaux tee-shirts sérigraphiés. Après avoir bossé dans l’imprimerie il fait une formation mécanique vélo. C’est naturellement qu’il est embauché ici. « Et l’insertion m’a toujours fait de l ‘oeil. Ma mère est assistante sociale, ça explique peut-être le truc. »
Ainsi, le vélo devient un objet de liberté. « J’aime bien le terme de vélonomie, entre vélo et autonomie. »
Il part à l’assaut des maisons de quartiers sur son vélo et sa charrette gonflée d’outils. « On s’arrête dans les maisons de quartier et on fait des ateliers d’auto-réparation. On voit souvent des enfants et des mamans qui apportent le vélo cassé. »
Puis, le PLIE (Plan pour L’Insertion et l’Emploi) fait appel à Un Guidon dans la Tête. « En fait, des gens sont envoyés par des conseillers d’insertion. Il manque de moyens de locomotion pour aller vers l’emploi. Alors, on leur donne un vélo ainsi que 2 heures de formation pour le réparer. On leur explique les consignes de sécurité et on leur offre un kit pour l’entretien et la sécurité, ainsi qu’un an d’adhésion à l’association. » Ainsi, parfois, Grégoire a vu arriver des gens qui n’avaient pas les moyens de se payer le tram jusqu’au local. « Et il repart sur son vélo, avec un casque. »
Un lieu dans le quartier et un quartier qui s’empare du lieu !
Pour ce salarié depuis 2 ans, les gens du quartier commencent à s’emparer du lieu. « Bon, on n’en a pas encore dans le Conseil d’Administration. » regrette-t-il. Mais, ça l’amuse de voir combien le vélo est pratiqué par toutes les couches sociales. « Il y a le vélo bobo, le vélo du passionné, les enfants, et ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une voiture. Pour certains, c’est un loisir pour d’autres une nécessité. »
Comme si le vélo réconciliait les mondes. Et parce que l’atelier est aussi un acte politique. « C’est le fondement de l’éducation populaire que de faire en sorte que les gens soient autonomes. Partager. Transmettre. » Un monde idéal se situe donc rue Louise Michel, à Clermont-Ferrand. Vous pouvez moyennant votre adhésion y apprendre à réparer votre vélo, en acheter un d’occasion et pas cher, ou donner le vôtre. Il ne sera jamais totalement mort dans les mains du guidon dans la tête.
Pour l’inauguration, Marianne Maximi, députée LFI,et Nicolas Bonnet député Europe Ecologie Les verts, sont venus souligner cette initiative écologique, collective et intelligente. Thomas Weibel est venu représenter la ville de Clermont-Ferrand, qui soutient l’initiative et a aidé à l’installation dans ce lieu.