Noël et la Covid : Un étudiant nanterrois venu à Riom.

Nicolas est étudiant en sociologie politique à l’université de Nanterre. Il vient fêter ce Noël singulier dans sa famille à Riom. En cette période difficile, retour sur les confinements passés et sur les nouvelles mesures sanitaires annoncées le 15 décembre dernier.

Nicolas est un passionné de culture, toujours le nez fourré dans un livre, en train de regarder un documentaire ou à vaquer entre les œuvres exposées dans un musée. Il est le plus grand fan des artistes, le spectateur idéal pour le monde de la culture. Quand il pose les yeux sur le monde, c’est pour l’analyser en profondeur. C’est un de ces solitaires amicaux, qui ne refusera jamais une discussion autour d’un café mais qui n’est pas du genre à se faire remarquer. Ce qui l’a ouvert sur le monde de l’art au départ, c’est la musique. Il joue de la batterie dans plusieurs groupes et avait même pris une année sabbatique pour s’y consacrer. « C’est aussi le fruit d’une sociabilisation due à mes parents qui m’ont éveillé dans ce sens. Puis je l’ai retrouvée avec mes amis. » analyse justement Nicolas. Étudiant en sociologie politique, il vit à Colombes, en banlieue parisienne. Malgré l’épidémie qui s’est abattue sur le monde, il « aspire contribuer à un mouvement collectif tendant vers plus de justice, d’égalité, voire même à un changement de régime : mettre fin aux systèmes de dominations de classe, de race et de genre« . Car avant de changer de voie, l’aspirant sociologue a fait un un DUT en marketing et communication. « J’ai pu découvrir le monde capitaliste et ses travers. J’ai pris conscience des injustices que ça engendrait. »

Gardant espoir pour un avenir meilleur, l’étudiant s’intéresse à la sociologie politique pour comprendre le fonctionnement des sociétés modernes, dans lesquelles il constate une imbrication entre la politique, l’administration et l’économie capitaliste. La sociologie lui permet de rester attaché au monde artistique et culturel, car « pour moi, c’est un vecteur de transformation sociale important. Les artistes sont aussi des porte-voix d’aspirations à l’égalité et à la justice et donc d’une contre-société. » Nicolas aurait souhaité continuer ses études dans ce sens en faisant de la recherche, mais avec la récente loi LPR et les coupes budgétaires faites sur la recherche, « je pense que ça va être mort pour moi. Je voulais faire une thèse pour comprendre les effets que produisent les acteurs du monde culturel et artistique sur la société qui nous entoure. Malheureusement, sur une vingtaine d’étudiants dans notre promo, seuls deux peuvent accéder aux financements de l’université. » Pour lui, ces mesures questionnent l’indépendance des universités vis-à-vis du pouvoir. « Mais ce ne sont pas les seules mesures ou situations contestables aujourd’hui… » ajoute-il. Depuis lundi, le jeune étudiant parisien est arrivé à Riom, où il retrouve sa famille pour Noël. Face aux mesures sanitaires annoncées par le gouvernement le 15 décembre, Nicolas est lassé.

« Le premier confinement, j’avais pas à me plaindre, c’était pas drôle mais on faisait avec » débute-t-il. « Certes j’aurais préféré être confiné en dehors de la banlieue de Paris mais justement, ça nous questionne sur notre rapport à la ville, aux autres, à nos voisins… » Car même s’il n’est pas tellement inquiet pour sa santé, ne se considérant pas comme une personne à risque, il a surtout des craintes liées à l’avenir : « On a tellement intériorisé les peurs que ça nous empêche de revivre normalement, on n’ose plus se toucher, se rapprocher. » Cette peur d’une pérennisation des relations à distance, elle se développe suite à une analyse des informations qu’il voit tous les jours : « J’ai pris du recul par rapport aux nouvelles anxiogènes qu’on nous donnait. Avec la monopolisation de l’information par le gouvernement, on s’est vite rendu compte que les décisions étaient plus orientées par des considérations politiciennes que par une logique purement sanitaire. » Comme beaucoup, il fait ici référence aux ruptures de stock des masques, d’abord jugés inutiles, puis qui reviennent en masse dans les pharmacies et deviennent soudainement obligatoires. L’été a donc été pour lui une véritable bouffée d’air : « On a presque pu oublier le temps d’un été l’épidémie même si le port du masque restait obligatoire dans certains espaces etc. » Avant que la seconde vague fasse irruption, accompagnée d’un nouveau confinement. Nicolas a alors moins peur du virus, ce qui rend les restrictions d’autant plus difficiles à supporter : « Parce qu’on commence à s’inscrire sur du temps long et on se demande si on ne va pas s’habituer à une forme de confinement récurrent.« 

Pour Noël, la famille a tout de même décidé de faire attention. Ils seront six lors des fêtes, comme le conseille le gouvernement. « Mon cousin est cas contact donc il ne viendra pas, d’autres ont renoncé à venir, on sera donc avec mes parents, ma grand-mère, mon oncle et ma cousine. On essaye de faire attention, surtout avec ma grand-mère, on ne se fait pas la bise mais bon on reste humains, on ne peut pas être vigilants à tous les instants. » Il explique que sa grand-mère n’est pas craintive du virus et trouve qu’on prête trop souvent ce sentiment de peur aux personnes âgées. Selon lui, certaines sont prêtes à accepter le risque inhérent de contamination et veulent aussi profiter de leur famille. Si Nicolas a plus peur de contaminer ses proches que de tomber malade lui-même, il refuse de rentrer dans la paranoïa. Il décide de profiter d’être enfin à l’extérieur de Paris et de voir sa famille, même si pour les spectacles, il faudra encore attendre.

Car s’il y a bien une mesure sanitaire que ne comprend pas le passionné de culture, c’est bien celle qui concerne le monde artistique. « J’aurais aimé que si on ouvre les lieux de culte, on ouvre aussi les salles de spectacles. Les deux ne sont pas opposés. Je ne trouve pas ça normal de choisir. » Nicolas exprime le fait que le gouvernement se doit de respecter le travail des artistes et le monde de la culture, essentiels à la société. « La culture apporte un questionnement sur l’état de notre société, ça permet aux gens de prendre du recul sur leur vie quotidienne, de réfléchir et penser le monde différemment, de travailler leur imagination. » argumente-t-il « C’est un outil d’émancipation, de liberté, ça n’a rien de non essentiel.« 

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